par IceCold » 18 Nov 2015, 23:22
Tout d'abord, je tiens à remercier iamaseb pour ses propos.
Hormis le fait que je sois complètement en phase avec eux (sans être un allumé, oh oh oh), ils sont très constructifs et posent de vrais questions quant à notre responsabilité en tant que société civile et civilisée ; comment répondre à la barbarie? En ce sens, sacrifier des hommes prêts à tuer et à mourir pour une idée, n'est-ce pas renier l'amour de la vie que nous sommes censés défendre en ce moment?
Je pense sincèrement que les maintenir en vie est la pire des sentences que l'on peut leur infliger de toute façon, en ne leur donnant pas l'honneur d'offrir leurs vies à leur propre cause. En nous affirmant comme supérieurs à leur barbarie, leur répondre par l'humanité universelle. Nos sociétés européennes sont plurielles, souvent opposées les unes aux autres, mais civilisées. Et c'est évidemment cette clef de voûte de nos châteaux branlants que ces hommes attaquent. Des hommes, comme nous, il faut donc les traiter comme nous, avec nos lois et nos châtiments qu'ils méprisent.
Certains répondront en me citant les diverses incohérences du système judiciaire français, les errements du monde carcéral ; en effet, ça déconne plein pot à tous les niveaux, mais ce n'est pas le débat il me semble. Le respect de la vie humaine est fondateur et doit le rester, "tel un phare dans la nuit", une allégorie parfaite de la situation dans laquelle notre société se trouve actuellement, malgré les contre-courants qui faussent notre jugement.
Ensuite, puisque je parle de société, je me pose une question depuis quelques temps maintenant, antérieur aux horreurs de vendredi, quant au manque de repère existant désormais pour beaucoup coïncidant avec la disparition du fait religieux. Et donc de la laïcisation des sociétés modernes.
Qu'on se l'entende, je suis moi-même agnostique. Avec une culture judéo-chrétienne évidente, qui me pousse à connaître relativement bien la Bible, qui me fait me sentir à mon aise dans une église, mais pour autant, ce Dieu n'est pas vraiment pour moi. Une société comme la France me correspond donc assez bien, là où je me sentirais bien plus mal à l'aise à vivre en Italie par exemple où n'importe qui connaît la date du premier consul des évêques de mon cul venu.
Pour autant, si m'entendre imposé d'une religion à suivre me dérangerait, je ressens parfois la même gêne en entendant la rhétorique des laïcs de l’extrême, méprisant, ridiculisant, insultant systématiquement l'idée du religieux. Je ne parle pas d'humour, pas de méprise. Je parle simplement du démontage rationnel que certains font des croyances des autres.
En avançant que cette déconstruction idéologique soit allé de pair avec l'avènement du capitalisme, on en arrive aujourd'hui au sein d'une société où seul l'argent décide de la vie d'une homme, peu importe le mérite, peu importe l'histoire de vie. Une société où des gens peuvent vriller du jour au lendemain, eux aussi peu importe leurs origines, leur éducation, leurs passions d'un jour.
Ma question est donc : n'a-t-on pas un peu besoin d'irrationnel? Et par conséquence, est-ce que en tuant le religieux, l'état laïc n'a-t-il pas en effet vidé les réserves de l'opium donc le peuple avait besoin?
Désolé du bloc indigeste.
Ancien amoureux de l'Ohème. OMliveWiki!