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Le journal Le Monde s'est procuré des pièces du dossier d'instruction de l'attentat manqué de Villejuif, que voulait commettre Sid Ahmed Ghlam. On en sait désormais un peu plus sur ses complices présumés.
Le meurtre d'Aurélie Châtelain, "apparemment non-prémédité, a fait dérailler un scénario écrit depuis plusieurs semaines", selon Le Monde, qui s'est procuré les PV de l'audition de Sid Ahmed Ghlam devant un juge antiterroriste, le 19 juin dernier. Aujourd'hui, celui-ci affirme que c'est un complice qui a accidentellement tué la jeune femme, la sécurité de l'arme étant "partie toute seule". Ghlam se serait alors volontairement tiré une balle dans la jambe, afin de se rendre à la police, prétend-il. Les enquêteurs estiment, eux, qu'il s'est blessé accidentellement.
Filière d'Artigat, en Ariège
S'il ne s'était pas tiré cette balle dans la jambe, ce dimanche 19 avril, tout porte à croire que l'étudiant de 24 ans sans casier judiciaire serait passé à l'acte dans une église de Villejuif, dans le Val-de-Marne. Il en avait en tout cas bel et bien reçu l'instruction écrite, deux jours avant, selon le quotidien du soir.
Dans cette affaire d'attentat manqué, les enquêteurs sont sur la piste de commanditaires français basés en Syrie. Et Ghlam, "confronté aux éléments du dossier", a "finalement décidé de s'expliquer", précise Le Monde.
L'un des principaux suspects serait un homme bien connu des services de renseignement: Fabien Clain, un ex-cadre de la filière d'Artigat, en Ariège - la filière dans laquelle évoluait Mohamed Merah. Ce Toulousain d'origine réunionnaise, condamné en 2009 à cinq de prison pour avoir animé une filière jihadiste vers l'Irak, est parti rejoindre Daesh à sa libération.
Messages restaurés par les enquêteurs
C'est une série de messages, retrouvés dans le matériel informatique de Ghlam, qui ont permis aux enquêteurs de remonter jusqu'à lui. Un interlocuteur basé à l'étranger - qui ne donne jamais son nom - demande à l'étudiant en informatique de se rendre dans un garage, situé à Pierrefitte-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, pour récupérer une voiture et y cacher son arsenal.
"Quand tu arrives là-bas, tu demandes à parler à Rabi", est-il écrit. "Dès que tu le vois tu lui dis: 'Je viens de la part de Vega et Thomas pour récupérer la BMW 318'".
Des informations précieuses pour la DGSI, qui parvient à identifier les deux complices en quelques jours: Macreme A. et Thomas M., deux hommes originaires de Seine-Saint-Denis que Fabien Clain aurait endoctrinés avant qu'ils ne quittent la France, début 2015, pour la Syrie.
Le petit milieu du jihadisme français
Si les trois hommes n'ont pas pu être entendus, l'enquête de la DGSI a permis la mise en examen de trois personnes ces dernières semaines. Le premier, un certain Rabah B., dit le "Kabyle", est soupçonné d'avoir organisé la livraison de l'arsenal caché dans la Mégane, à l'attention de Ghlam. Son nom avait déjà été cité dans une affaire de jihadisme.
Le deuxième homme est un proche de Moussa Coulibaly, qui avait agressé trois militaires au couteau à Nice, le 3 février dernier. Quant au troisième, il "fréquente un ancien membre du Groupe islamique combattant marocain, suspecté d’avoir commandité les attentats de Casablanca et de Madrid au début des années 2000", écrit encore Le Monde.
Enfin, un quatrième homme, dont l'ADN avait été retrouvé sur une brosse à cheveux au domicile de Ghlam, a finalement été relâché. Mais les enquêteurs ont découvert que son frère, un déserteur de l'armée française, avait été "l'élève de Farid Benyettou", surnommé "l'émir des frères Kouachi", les deux auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo.