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Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 19:45

Je me rends bien compte fourcroy et j'en parle en cas d'extrême recours. Je parle d'individus qui sont prêts à commettre des assassinats ou des attentats. Ce genre d'individus pour lesquels tu n'as plus de prise en termes d'éducation.

Je ne parle pas de dizaines de milliers de personnes.
Et non je n'ai pas envie de voir des dérives dans le sens inverse comme à Guantanamo. La question est encore celle de la limite. Mais oui, je préfère que ce genre d'individus soient neutralisés avant plutôt que ceux-ci ne tuent ou ne blessent des personnes innoncentes qui n'ont rien demandés. Et je me doute fortement que les services spéciaux français le font comme d'autres services de manière clandestine quand le pouvoir politique en a décidé ainsi.

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 19:51

L'arsenal sécuritaire est une solution nécessaire à court terme mais j'espère que cela ne sera pas la seule direction que va prendre le travail des élus.
Parce que cela ne servira à presque rien à long terme, il faut revoir plein de choses si on veut en quelque sorte "décommunautariser" la France. Je prie pour que la lecture des événements ne s'arrête pas à ça.

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 20:16

L'ennui, quand on ratisse large sur les présomptions de complicité de préparation d'une opération susceptible d'être liée à un acte terroriste, c'est que la liberté, la justice et la dignité humaine en prennent plein la gueule. Il n'y a pas besoin d'aller chercher les exemples très loin. En France pendant la guerre d'Algérie, aux Etats-Unis avec le patriot act, et je pourrais en citer d'autres.

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 20:18

Voilà aussi des trucs dangereux
Des blogs et des sites de désinformation de ce genre qui sont ensuite diffusés et relayés sur les réseaux sociaux :nawak:

http://gilles1963.neowordpress.fr/2015/ ... du-mossad/

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 20:19

fourcroy a écrit:L'ennui, quand on ratisse large sur les présomptions de complicité de préparation d'une opération susceptible d'être liée à un acte terroriste, c'est que la liberté, la justice et la dignité humaine en prennent plein la gueule. Il n'y a pas besoin d'aller chercher les exemples très loin. En France pendant la guerre d'Algérie, aux Etats-Unis avec le patriot act, et je pourrais en citer d'autres.


C'est malheureusement inévitable je pense
Les gens ont peur dans ce genre de périodes, et donc ont besoin de se sentir protégés.
Alors ils pensent qu'un peu de restrictions sur leurs libertés ne peut pas "vraiment faire de mal", sans se rendre compte que c'est en fait ouvrir la boite de pandore..

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 20:33

Inévitable, réfléchissez bien. Tout cette merde cela vient de la politique étrangère américaine ce sont eux qui ont donné du pouvoir au terroriste, ce sont eux qui protège les monarchies du golfe d où viennent cet islam qui c'est même inventé un 6ème piliers. Combien de victimes au Yémen, au Nigeria, au Mali, en Algérie, en Irak, en Syrie au darfour, en lybie.
Ces mêmes qui en lybie ont été soutenu par notre gouvernement pour faire tomber kadafi et qui on créer une banque centrale avant de foutre le bordel en lybie.
Et dire que l'on voulait faire tomber bachar pour leur donner plus de pouvoir.

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 20:47

fourcroy a écrit:
John a écrit:Oui, la solution d'un "dialogue" avec les familles ou le gamin est une solution bisounours. Tu as parfaitement vu ce que ça donnait (cf. ton récit d'il y a quelques jours).
Je ne dis pas qu'il ne faut pas discuter mais que c'est pas suffisant. Là, tu en as eu une gamine qui t'a dit ça (et pas la moitié de la classe), tu avais préparé je pense ce genre de réaction, tu te sens capable de faire ça à longueur d'année ?
Tu penses avoir eu un impact décisif quand on lui re-bourrera le crâne à la maison ou ailleurs ?

Je te trouve sévère. Au contraire, il me semble à la lecture de son récit que Rob s'en est bien sorti. Le cours d'histoire ne doit pas se transformer en explication quotidienne des valeurs des Lumières, en détricotage des idées reçues sur le racisme, ou en mise en perspective de la notion de crime contre l'humanité. Mais, de temps en temps, ce genre de dialogues est le bienvenu et je ne dirais pas qu'il ne porte pas de fruits.

Rob peut d'ailleurs revenir sur le sujet et décrypter les manifestations, le sens du soutien à Charlie de la part de gens qui, dans leur grande majorité, n'ont jamais acheté ce canard, commenter la présence côte-à-côte des drapeaux israélien et algérien à Marseille, etc. Ces discussions sont des TP d'analyse et d'esprit critique. Si ce n'est pas fait là, personne ne le fera jamais et ces gamins resteront avec pour seul discours audible celui entendu dans leur entourage.

Les gamins ne sont pas débiles. Si tu leur sers un discours "valeurs contre valeurs", tu n'as aucune chance car ils ont les leurs et ils rejettent les tiennes. En revanche, si tu fais entendre un discours critique, ils vont saisir qu'il s'agit d'une parole d'un genre différent. Je ne dis pas que ce sera une révélation, mais ça va leur parler. Il faudra répéter, y revenir par allusions. Ca ne convaincra pas in fine tout le monde, mais ça aura, je pense, un certain impact.


+1

C'est àmha le seul impact qu'on peut avoir à l'école et l'objectif premier que j'essaie de poursuivre, sans forcément y arriver. L'esprit critique, sans pour autant verser dans l'hypercriticisme et le complotisme.

Dans le genre complot loufoque, qui m'a été sorti par une petite de 5ème ce matin :

- Les frères Kouachi n'ont pas commis les attentats
- Ils étaient morts en Syrie, congelés, rapatriés par avion puis décongelés
- La finalité : faire monter Hollande dans les sondages.

J'ai pas pu m'empêcher de rire. Une autre gamine soutenait cette version.
J'ai récapitulé devant eux, en précisant qu'il fallait quand même un gros congélateur pour deux hommes, et que la viande devaient sentir mauvais décongelée. "Ca vous parait crédible comme version ?"
La gamine a fini en rigolant par dire "Ouai, c'est bizarre quand même".

J'ai pas pu convaincre celle qui la première tenait ce discours.
Modifié en dernier par Rob77 le 12 Jan 2015, 21:25, modifié 1 fois.

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 20:49

Terrorisme, l’arme des puissants

Pourquoi, s’interrogeait le président Bush, des gens « peuvent nous détester », alors que « nous sommes si bons » ? Les dirigeants américains n’ont pas toujours conscience des effets à moyen et à long terme de leur détermination à toujours l’emporter contre n’importe quel adversaire. Et leurs exploits d’hier peuvent se payer demain d’un prix très lourd. M. Ben Laden fut le produit de la victoire des Etats-Unis contre les Soviétiques en Afghanistan ; quel sera le coût de leur nouveau triomphe dans ce pays ?
par Noam Chomsky, décembre 2001

La suite sous le spoiler :
Spoiler: montrer

Il nous faut partir de deux postulats. D’abord que les événements du 11 septembre 2001 constituent une atrocité épouvantable, probablement la perte de vies humaines instantanée la plus importante de l’histoire, guerres mises à part. Le second postulat est que notre objectif devrait être de réduire le risque de récidive de tels attentats, que nous en soyons les victimes ou que ce soit quelqu’un d’autre qui les subisse. Si vous n’acceptez pas ces deux points de départ, ce qui va suivre ne vous concerne pas. Si vous les acceptez, bien d’autres questions surgissent.

Commençons par la situation en Afghanistan. Il y aurait en Afghanistan plusieurs millions de personnes menacées de famine. C’était déjà vrai avant les attentats ; elles survivaient grâce à l’aide internationale. Le 16 septembre, les Etats-Unis exigèrent pourtant du Pakistan l’arrêt des convois de camions qui acheminaient de la nourriture et d’autres produits de première nécessité à la population afghane. Cette décision n’a guère provoqué de réaction en Occident. Le retrait de certains personnels humanitaires a rendu l’assistance plus problématique encore. Une semaine après le début des bombardements, les Nations unies estimaient que l’approche de l’hiver rendrait impossibles les acheminements, déjà ramenés à la portion congrue par les raids de l’aviation américaine.

Quand des organisations humanitaires civiles ou religieuses et le rapporteur de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont demandé un arrêt des bombardements, cette information n’a même pas été rapportée par le New York Times ; le Boston Globe y a consacré une ligne, mais dans le corps d’un article traitant d’autre chose, la situation au Cachemire. En octobre dernier, la civilisation occidentale s’était ainsi résignée au risque de voir mourir des centaines de milliers d’Afghans. Au même moment, le chef de ladite civilisation faisait savoir qu’il ne daignerait répondre ni aux propositions afghanes de négociation sur la question de la livraison de M. Oussama Ben Laden ni à l’exigence d’une preuve permettant de fonder une éventuelle décision d’extradition. Seule serait acceptée une capitulation sans condition.

Mais revenons au 11 septembre. Nul crime, rien, ne fut plus meurtrier dans l’histoire - ou alors sur une durée plus longue. Au demeurant, les armes ont, cette fois, visé une cible inhabituelle : les Etats-Unis. L’analogie souvent évoquée avec Pearl Harbor est inappropriée. En 1941, l’armée nippone a bombardé des bases militaires dans deux colonies dont les Etats-Unis s’étaient emparés dans des conditions peu recommandables ; les Japonais ne se sont pas attaqués au territoire américain lui-même.

Depuis près de deux cents ans, nous, Américains, nous avons expulsé ou exterminé des populations indigènes, c’est-à-dire des millions de personnes, conquis la moitié du Mexique, saccagé les régions des Caraïbes et d’Amérique centrale, envahi Haïti et les Philippines - tuant 100 000 Philippins à cette occasion. Puis, après la seconde guerre mondiale, nous avons étendu notre emprise sur le monde de la manière qu’on connaît. Mais, presque toujours, c’était nous qui tuions, et le combat se déroulait en dehors de notre territoire national.

Or on le constate dès qu’on est interrogé, par exemple, sur l’Armée républicaine irlandaise (IRA) et le terrorisme : les questions des journalistes sont fort différentes selon qu’ils exercent sur une rive ou l’autre de la mer d’Irlande. En général, la planète apparaît sous un autre jour selon qu’on tient depuis longtemps le fouet ou selon qu’on en a subi les coups pendant des siècles. Peut-être est-ce pour cela au fond que le reste du monde, tout en se montrant uniformément horrifié par le sort des victimes du 11 septembre, n’a pas réagi de la même manière que nous aux attentats de New York et de Washington.

Pour comprendre les événements du 11 septembre, il faut distinguer d’une part les exécutants du crime, d’autre part le réservoir de compréhension dont ce crime a bénéficié, y compris chez ceux qui s’y opposaient. Les exécutants ? En supposant qu’il s’agisse du réseau Ben Laden, nul n’en sait davantage sur la genèse de ce groupe fondamentaliste que la CIA et ses associés : ils l’ont encouragé à sa naissance. M. Zbigniew Brzezinski, directeur pour la sécurité nationale de l’administration Carter, s’est félicité du « piège » tendu aux Soviétiques dès 1978 et consistant, au moyen d’attaques des moudjahidins (organisés, armés et entraînés par la CIA) contre le régime de Kaboul, à attirer ces Soviétiques sur le territoire afghan à la fin de l’année suivante (1).

Ce n’est qu’après 1990 et l’installation de bases américaines permanentes en Arabie saoudite, sur une terre sacrée pour l’islam, que ces combattants se sont retournés contre les Etats-Unis.
Appui à des régimes brutaux

Si l’on veut maintenant expliquer le réservoir de sympathie dont disposent les réseaux Ben Laden, y compris au sein des couches dirigeantes des pays du Sud, il faut partir de la colère que provoque le soutien des Etats-Unis à toutes sortes de régimes autoritaires ou dictatoriaux, il faut se souvenir de la politique américaine qui a détruit la société irakienne tout en consolidant le régime de M. Saddam Hussein, il faut ne pas oublier le soutien de Washington à l’occupation israélienne de territoires palestiniens depuis 1967.

Au moment où les éditoriaux du New York Times suggèrent qu’« ils » nous détestent parce que nous défendons le capitalisme, la démocratie, les droits individuels, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le Wall Street Journal, mieux informé, explique après avoir interrogé des banquiers et des cadres supérieurs non occidentaux qu’ils « nous » détestent parce que nous avons entravé la démocratie et le développement économique. Et appuyé des régimes brutaux, voire terroristes.

Dans les cercles dirigeants de l’Occident, la guerre contre le terrorisme a été présentée à l’égal d’une « lutte menée contre un cancer disséminé par des barbares ». Mais ces mots et cette priorité ne datent pas d’aujourd’hui. Il y a vingt ans, le président Ronald Reagan et son secrétaire d’Etat, M. Alexander Haig, les énonçaient déjà. Et, pour mener ce combat contre les adversaires dépravés de la civilisation, le gouvernement américain mit alors en place un réseau terroriste international d’une ampleur sans précédent. Si ce réseau entreprit des atrocités sans nombre d’un bout à l’autre de la planète, il réserva l’essentiel de ses efforts à l’Amérique latine.

Un cas, celui du Nicaragua, n’est pas discutable : il a en effet été tranché par la Cour internationale de justice de La Haye et par les Nations unies. Interrogez-vous pour savoir combien de fois ce précédent indiscutable d’une action terroriste à laquelle un Etat de droit a voulu répondre avec les moyens du droit a été évoqué par les commentateurs dominants. Il s’agissait pourtant d’un précédent encore plus extrême que les attentats du 11 septembre : la guerre de l’administration Reagan contre le Nicaragua provoqua 57 000 victimes, dont 29 000 morts, et la ruine d’un pays, peut-être de manière irréversible (lire « Occasion perdue au Nicaragua » et « “Contras” et “compas”, une même amertume).

A l’époque, le Nicaragua avait réagi. Non pas en faisant exploser des bombes à Washington, mais en saisissant la Cour de justice internationale. Elle trancha, le 27 juin 1986, dans le sens des autorités de Managua, condamnant l’« emploi illégal de la force » par les Etats-Unis (qui avaient miné les ports du Nicaragua) et mandant Washington de mettre fin au crime, sans oublier de payer des dommages et intérêts importants. Les Etats-Unis répliquèrent qu’ils ne se plieraient pas au jugement et qu’ils ne reconnaîtraient plus la juridiction de la Cour.

Le Nicaragua demanda alors au Conseil de sécurité des Nations unies l’adoption d’une résolution réclamant que tous les Etats respectent le droit international. Nul n’était cité en particulier, mais chacun avait compris. Les Etats-Unis opposèrent leur veto à cette résolution. A ce jour, ils sont ainsi le seul Etat qui ait été à la fois condamné par la Cour de justice internationale et qui se soit opposé à une résolution réclamant... le respect du droit international. Puis le Nicaragua se tourna vers l’Assemblée générale des Nations unies. La résolution qu’il proposa ne rencontra que trois oppositions : les Etats-Unis, Israël et El Salvador. L’année suivante, le Nicaragua réclama le vote de la même résolution. Cette fois, seul Israël soutint la cause de l’administration Reagan. A ce stade, le Nicaragua ne disposait plus d’aucun moyen de droit. Tous avaient échoué dans un monde régi par la force. Ce précédent ne fait aucun doute. Combien de fois en avons-nous parlé à l’université, dans les journaux ?

Cette histoire révèle plusieurs choses. D’abord, que le terrorisme, cela marche. La violence aussi. Ensuite, qu’on a tort de penser que le terrorisme serait l’instrument des faibles. Comme la plupart des armes meurtrières, le terrorisme est surtout l’arme des puissants. Quand on prétend le contraire, c’est uniquement parce que les puissants contrôlent également les appareils idéologiques et culturels qui permettent que leur terreur passe pour autre chose que de la terreur.

L’un des moyens les plus courants dont ils disposent pour parvenir à un tel résultat est de faire disparaître la mémoire des événements dérangeants ; ainsi plus personne ne s’en souvient. Au demeurant, le pouvoir de la propagande et des doctrines américaines est tel qu’il s’impose y compris à ses victimes. Allez en Argentine et vous devrez rappeler ce que je viens d’évoquer : « Ah, oui, mais nous avions oublié ! »

Le Nicaragua, Haïti et le Guatemala sont les trois pays les plus pauvres d’Amérique latine. Ils comptent aussi au nombre de ceux dans lesquels les Etats-Unis sont intervenus militairement. La coïncidence n’est pas forcément accidentelle. Or tout cela eut lieu dans un climat idéologique marqué par les proclamations enthousiastes des intellectuels occidentaux. Il y a quelques années, l’autocongratulation faisait fureur : fin de l’histoire, nouvel ordre mondial, Etat de droit, ingérence humanitaire, etc. C’était monnaie courante alors même que nous laissions se commettre un chapelet de tueries. Pis, nous y contribuions de façon active. Mais qui en parlait ? L’un des exploits de la civilisation occidentale, c’est peut-être de rendre possible ce genre d’inconséquences dans une société libre. Un Etat totalitaire ne dispose pas de ce don-là.

Qu’est-ce que le terrorisme ? Dans les manuels militaires américains, on définit comme terreur l’utilisation calculée, à des fins politiques ou religieuses, de la violence, de la menace de violence, de l’intimidation, de la coercition ou de la peur. Le problème d’une telle définition, c’est qu’elle recouvre assez exactement ce que les Etats-Unis ont appelé la guerre de basse intensité, en revendiquant ce genre de pratique. D’ailleurs, en décembre 1987, quand l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution contre le terrorisme, un pays s’est abstenu, le Honduras, et deux autres s’y sont opposés, les Etats-Unis et Israël. Pourquoi l’ont-ils fait ? En raison d’un paragraphe de la résolution qui indiquait qu’il ne s’agissait pas de remettre en cause le droit des peuples à lutter contre un régime colonialiste ou contre une occupation militaire.

Or, à l’époque, l’Afrique du Sud était alliée des Etats-Unis. Outre des attaques contre ses voisins (Namibie, Angola, etc.), lesquelles ont provoqué la mort de centaines de milliers de personnes et occasionné des destructions estimées à 60 milliards de dollars, le régime d’apartheid de Pretoria affrontait à l’intérieur une force qualifiée de « terroriste », l’African National Congress (ANC). Quant à Israël, il occupait illégalement certains territoires palestiniens depuis 1967, d’autres au Liban depuis 1978, guerroyant dans le sud de ce pays contre une force qualifiée par lui et par les Etats-Unis de « terroriste », le Hezbollah. Dans les analyses habituelles du terrorisme, ce genre d’information ou de rappel n’est pas courant. Pour que les analyses et les articles de presse soient jugés respectables, il vaut mieux en effet qu’ils se situent du bon côté, c’est-à-dire celui des bras les mieux armés.

Dans les années 1990, c’est en Colombie que les pires atteintes aux droits humains ont été observées. Ce pays a été le principal destinataire de l’aide militaire américaine, à l’exception d’Israël et de l’Egypte, qui constituent des cas à part. Jusqu’en 1999, derrière ces pays, la première place revenait à la Turquie, à qui les Etats-Unis ont livré une quantité croissante d’armes depuis 1984. Pourquoi à partir de cette année-là ? Non pas que ce pays membre de l’OTAN devait faire face à l’Union soviétique, déjà en voie de désintégration à l’époque, mais afin qu’il puisse conduire la guerre terroriste qu’il venait d’entreprendre contre les Kurdes.

En 1997, l’aide militaire américaine à la Turquie a dépassé celle que ce pays avait obtenue pendant la totalité de la période 1950-1983, celle de la guerre froide. Résultats des opérations militaires : 2 à 3 millions de réfugiés, des dizaines de milliers de victimes, 350 villes et villages détruits. A mesure que la répression s’intensifiait, les Etats-Unis continuaient de fournir près de 80 % des armes employées par les militaires turcs, accélérant même le rythme de leurs livraisons. La tendance fut renversée en 1999. La terreur militaire, naturellement qualifiée de « contre-terreur » par les autorités d’Ankara, avait alors atteint ses objectifs. C’est presque toujours le cas quand la terreur est employée par ses principaux utilisateurs, les puissances en place.

Avec la Turquie, les Etats-Unis n’eurent pas affaire à une ingrate. Washington lui avait livré des F-16 pour bombarder sa propre population, Ankara les utilisa en 1999 pour bombarder la Serbie. Puis, quelques jours après le 11 septembre dernier, le premier ministre turc, M. Bülent Ecevit, faisait savoir que son pays participerait avec enthousiasme à la coalition américaine contre le réseau Ben Laden. Il expliqua à cette occasion que la Turquie avait contracté une dette de gratitude à l’égard des Etats-Unis, laquelle remontait à sa propre « guerre antiterroriste » et au soutien inégalé que Washington y avait alors apporté.
Réduire le niveau de terreur

Certes, d’autres pays avaient soutenu la guerre d’Ankara contre les Kurdes, mais aucun avec autant de zèle et d’efficacité que les Etats-Unis. Ce soutien bénéficia du silence ou - le mot est peut-être plus juste - de la servilité des classes éduquées américaines. Car elles n’ignoraient pas ce qui se passait. Les Etats-Unis sont un pays libre après tout ; les rapports des organisations humanitaires sur la situation au Kurdistan appartenaient au domaine public. A l’époque, nous avons donc choisi de contribuer aux atrocités.

L’actuelle coalition contre le terrorisme comporte d’autres recrues de choix. Le Christian Science Monitor, sans doute l’un des meilleurs journaux pour ce qui concerne le traitement de l’actualité internationale, a ainsi confié que certains peuples qui n’aimaient guère les Etats-Unis commençaient à les respecter davantage, particulièrement heureux de les voir conduire une guerre contre le terrorisme. Le journaliste, pourtant spécialiste de l’Afrique, citait comme principal exemple de ce retournement le cas de l’Algérie. Il devait donc savoir que l’Algérie conduit une guerre terroriste contre son propre peuple. La Russie, qui mène une guerre terroriste en Tchétchénie, et la Chine, auteur d’atrocités contre ceux qu’elle qualifie de sécessionnistes musulmans, ont également rallié la cause américaine.

Soit, mais que faire dans la situation présente ? Un radical aussi extrémiste que le pape suggère qu’on recherche les coupables du crime du 11 septembre, puis qu’on les juge. Mais les Etats-Unis ne souhaitent pas avoir recours aux formes judiciaires normales, ils préfèrent ne présenter aucune preuve et ils s’opposent à l’existence d’une juridiction internationale. Mieux, quand Haïti réclame l’extradition de M. Emmanuel Constant, jugé responsable de la mort de milliers de personnes après le coup d’Etat qui a renversé le président Jean-Bertrand Aristide, le 30 septembre 1991, et présente des preuves de sa culpabilité, la demande n’a aucun effet à Washington. Elle n’est même pas l’objet d’un débat quelconque.

Lutter contre le terrorisme impose de réduire le niveau de la terreur, pas de l’accroître. Quand l’IRA commet un attentat à Londres, les Britanniques ne détruisent ni Boston, ville dans laquelle l’IRA compte de nombreux soutiens, ni Belfast. Ils cherchent les coupables, puis ils les jugent. Un moyen de réduire le niveau de terreur serait de cesser d’y contribuer soi-même. Puis de réfléchir aux orientations politiques qui ont créé un réservoir de soutien dont ont ensuite profité les commanditaires de l’attentat. Ces dernières semaines, la prise de conscience par l’opinion américaine de toutes sortes de réalités internationales, dont seules les élites soupçonnaient auparavant l’existence, constitue peut-être un pas dans cette direction.

Noam Chomsky
Professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), Boston, Etats-Unis. Auteur notamment de Les Etats manqués. Abus de puissance et déficit démocratique, Fayard, Paris, 2007.

http://www.monde-diplomatique.fr/2001/12/CHOMSKY/8234

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 21:06

Rob77 a écrit:
fourcroy a écrit:Les gamins ne sont pas débiles.

Dans le genre complot loufoque, qui m'a été sorti par une petite de 5ème ce matin :

- Les frères Kouachi n'ont pas commis les attentats
- Ils étaient morts en Syrie, congelés, rapatriés par avion puis décongeler
- La finalité : faire monter Hollande dans les sondages.

J'ai pas pu convaincre celle qui la première tenait ce discours.

Bon, y'a des exceptions, aussi... :cretin:

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 22:13

Quelques réactions en vrac, à tete reposée:
- comme tant de monde, j'ai été secoué par ce qui s'est passé, et j'espère un sursaut républicain sur le long terme
- comme tant de monde, j'ai peur de l'avenir. Peur de la gangrène qui s'est développé au sein même de notre République, peur de voir la démocratie voler en éclat sur schéma similaire aux EUA après le 11/09
- Rob, je te présente tout mon respect devant la patience, le courage et la pédagogie à laquelle tu sembles t'adonner durant ces jours sombres. Bravo, et merci.
- Hollande est génial. Le coup de la fiente de pigeon, juste mythique. De là à penser que c'est un complot judéo-pigeonnique pour remonter sa cote de popularité, on n'est pas loin par contre.

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 22:20

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 22:30

Information
Un lycéen de 16 ans a été tué devant son lycée lundi à Marseille, victime d’une expédition punitive apparemment montée après une dispute -qui ne serait pas liée aux récents attentats à Paris- avec une camarade de classe.
«Vers 16H00, à la sortie du lycée Camille-Jullian, ce jeune homme de 16 ans et demi a été victime d’une agression menée par deux individus qui lui auraient porté des coups -certains témoins disent avec une matraque télescopique-, mais il y a aussi une entaille sur le côté, donc peut-être avec un couteau aussi», a déclaré à l’AFP le procureur de la République de Marseille Brice Robin.
«Il y a eu un échange d’insultes, une altercation, et on l’attendait à la sortie», a déclaré M. Robin.
Le lycéen n’était pas connu des services de police, a-t-il précisé. «Apparemment, il aurait eu une altercation avec une jeune fille au cours de l’après-midi, ils auraient échangé des insultes, et elle l’aurait prévenu que quelqu’un allait venir lui régler son compte», a encore ajouté M. Robin.
«C’est avec beaucoup d’émotion que j’apprends qu’un jeune homme de 16 ans a été poignardé devant le lycée Camille-Jullian, dans le quartier de la Barasse», a pour sa part réagi dans un communiqué le maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin.
Drame insupportable

«Ce drame qui endeuille notre ville est insupportable même s’il n’a aucun lien avec les actes terroristes de ces jours derniers», a également assuré M. Gaudin: «La justice doit agir avec la plus grande sévérité pour retrouver les coupables et que ceux-ci reçoivent un châtiment exemplaire.»
A la nuit tombée, des membres de la police technique et scientifique travaillaient encore devant les grilles blanches de l’établissement, éclairés un temps par les phares d’un camion de pompiers, avant de mettre en place leur propre lumière, a constaté un photographe de l’AFP. Une tente blanche protégeait des regards le corps du jeune homme tué.
«Dans un cours d’EPS, il y a eu une dispute entre un garçon et une fille», a relaté à l’AFP un professeur de ce lycée professionnel du 11e arrondissement, situé à l’est de la ville. «C’était une dispute banale entre adolescents», a ajouté ce professeur, sur la foi du témoignage de sa collègue qui a assisté à la scène. Il a assuré que le différend n’avait rien à voir avec les attentats de la semaine dernière.
«Apparemment la fille a prévenu des proches qui sont venus à 16H00 attendre le lycéen», a ajouté cet enseignant. Selon des témoins, les auteurs de l’homicide avaient des matraques télescopiques, a-t-il lui aussi relaté. «Le surveillant a essayé de s’interposer, mais il n’a rien pu faire», a-t-il encore raconté. «Les pompiers sont arrivés rapidement, mais ils n’ont pas réussi à le ranimer.»
«C’est épouvantable, c’est un gamin de 16 ans qui a été assassiné à la sortie de l’école», a réagi auprès de l’AFP Valérie Boyer, la députée et maire UMP du secteur, qui s’est rendue sur place en fin d’après-midi. «Le meurtre du jeune homme de 16 ans n’est pas lié à #CharlieHebdo mais toutes les formes de barbarie doivent être traitées avec la même gravité», a ensuite ajouté la députée sur son compte Twitter.
La brigade criminelle de la direction départementale de la sécurité publique a été saisie de l’enquête.
Par AFP

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 22:31

Sur les théories complotistes des jeunes, j'avais trouvé une remarque intéressante dans cet article :

Autre signe de cette dépolitisation, et non des moindres, l’imprégnation profonde du scepticisme complotiste circulant parmi l’arborescence des réseaux sociaux. Et depuis quelques jours, la chose a enflé dans des proportions effarantes. Certains voudront y diagnostiquer l’emprise des œillères islamistes chez les Djeunes-de-banlieue-issus-de-l’immigration (en un seul mot stigmatisant), or que ce phénomène est bien plus large et touche à des degrés divers l’ensemble de la nouvelle génération : le remplacement de l’esprit critique engagé (et ses polémiques de fond) par des réflexes paranoïaques-critiques – « on » nous cache tout, « on » nous ment, « on » nous manipule. D’où la difficulté durable de désarmorcer la popularité diffuse de la sphère Dieudonné & co, jouant sur tous les tableaux de la provocation victimaire et du conspirationnisme permanent.
Cet ultime symptôme de la confusion mentale qui nous guette devrait nous servir de leçon. Il n’est que temps de réoccuper l’espace politique et de réinvestir, loin des faux-débats de « l’intégration » éthnico-confessionelle, la question sociale de nos conditions d’existence. A cet égard, la lutte contre la précarisation généralisée, qui mobilise les énergies en Grèce ou en Espagne, est plus que jamais à l’ordre du jour. Il n’est pas d’autre moyen pour tarir à sa source les stratégies du pire qui nous menacent, celle des nazislamistes comme celle des fachos White Power, bref celles du ressentiment morbide contre des boucs émissaires désarmés.


=> http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6238

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 22:53


Un entretient intéressant.

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 23:03

Sur les problèmes à l'école justement

http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... aicite.php

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 23:11



La une de Charlie.

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 23:24

Dans les cours d'école, la confusion a toujours existé et subsiste apparemment et malheureusement. Les gamins ne pigent rien à la laïcité : Il y a toujours eu "les juifs, les arabes, et les français".

Re: Actu France et Monde

12 Jan 2015, 23:26

Re: Actu France et Monde

13 Jan 2015, 00:34

Putain y en a qui ont vraiment aucune décence.. :beurk:
Bravo Mme merrabet, que la mémoire de votre fils soit bénie

http://mobile.lepoint.fr/reactions/conf ... 895782_785

Re: Actu France et Monde

13 Jan 2015, 01:04

C'est quoi l'intérêt de ce genre d'"information" ?
Sujet verrouillé