Débats, partage et délires en tout genre. C'est une tradition maintenant...
Règles du forum
Sujet verrouillé

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 17:08

Jester a écrit:Bon après il faut faire la part des choses. Mediapart a permis de mettre à jour des trucs bien planqués, et d'autres les enculés de terroristes n'ont pas besoin de ça pour tuer à leur guise qui ils veulent (et Charlie a été et est leur cible depuis longtemps). Par contre dire ce genre de chose c'est pas admissible.


Je suis assez d'accord avec ça.
Et en dehors du cas Plesnel, les raccourcis twitter qui découpent des mots d'une phrases de 50 mots pour coller le tout en en une phrase de 6 mots beaucoup plus polémique et accrocheuse, cela me casse les couilles.

Il avait dit quoi en 2015 moustache ?

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 17:41

C’est tellement aberrant cette façon de traiter de facon manicheene des sujets aussi grave et complexe.

Dans ce que dit Plenel sur le message de Kenshi, je suis desolé mais je ne vois pas où est le drame. Qu’on ne soit ps d’accord avec ce qu’il dit je le conçois (je trouve sa position discutable, voire très discutable en ce qui concerne le fait d’affilier Charlie a une guerre contre les musulmans), mais de la a en faire un crime de lèse majesté.

Ça s’appelle un débat d’idee. Et effectivement, il est indeniable qu’en France aujourd’hui prospère, sous couvert de laicite ou de lutte contre l’islamisme radical, une pensée anti Islam, anti musulmane, et qui légitime presque la discrimination voire pire de cette frange de la population. Et cette ligne, minoritaire mais bruyante, est incarnée par Valls, Goldnadel, le Figaro et sa fameuse liste, et d’autres encore, apparemment opposés politiquement, mais qui trouve ici un sujet de consensus.

Alors bien sûr en le denoncant, Plenel, Edgar Morin, Boniface ou d’autres s’exposent a se faire taxer, facilement, de soutiens officiels du terrorisme islamiste (rien que ça ^^) par ces faussaires qui ont pignon sur rue dans les médias pour distiller encore une fois, leur propos stigmatisant sur les musulmans, sous couvert de lutte contre l’islamisme.

L’argument porté par ces gens, et que je trouve caracteristique de ce double discours, est le fait de vouloir interdire le voile des femmes musulmanes, sous pretexte qu’il est un « instrument de proselytisme, ou de l’islam politique » (Tiens, je croyais que c’etait un moyen d’asservissement de la femme par l’homme Manuel? Puis on n’a pas la meme definition de prosélytisme), ce qui d’une part est totalement ABSURDE, et d’autre part tend a faire integrer dans l’esprit commun le fait que ces musulmanes de base sont en fait des islamistes inveterees, porteuse d’un projet mortifère concerté entres elles... Vous percevez aussi bien que moi le but réel de ces gens, sous couvert de lutte contre l’islamisme?

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 17:59

Pour moi, l'avis tangent et glissant d'un Plenel au sujet de l'islamisme est comparable au débat antisémitisme/antisionisme dès que l'argument Dieudonné apparaît sur la table ; que la discussion et le débat d'idées soient nécessaires c'est une chose, mais faut pas s'étonner si, à force de jouer les Don Quichotte, on se prend une pale de moulin dans la tronche.

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 18:02

Dragan a écrit:On notera dans la foulée la belle sortie de cette journaliste de Mediapart tentant de venir défendre son chef sur les plateaux TV :


pareil qu'en 40, y aura toujours des collabos

pour de bon qu'ils aillent se faire enculer et aillent expliquer l'islamisme , "qui n'est pas grave en soi" , en afghanistan, en Iran, en Lybie ...

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 18:21

Pendant ce temps ...

http://www.lefigaro.fr/sciences/2017/11 ... n-2017.php

Héhé.

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 18:23

Cette déclaration est débile et malhabile, mais au lieu de crier à la collaboration (sans déconner, cette comparaison quoi :shock: ), est ce que ça serait pas plus intéressant de se demander ce qu'elle a voulu dire, et de se pencher sur la définition d'islamisme et des interprétations qui lui sont désormais accolées ? Sérieux, est-ce que ce débat, dans notre société, ne mérite pas un poil mieux que de telles caricatures sans intérêt ?

L'évolution du sens du mot islamisme est pourtant très intéressante, c'est dommage. Je met ça là du coup pour tous ceux qui sont assez mesurés et réfléchis pour ne pas considérer que Mediapart est une officine terroriste, et qui ont assez d'esprit critique.

https://www.mediapart.fr/journal/cultur ... nglet=full

(Je met l'article complet en spoiler).

Spoiler: montrer
Information
Au-delà des caricatures

Le pugilat actuel qui prend à nouveau l’islam comme support exige non seulement des précisions terminologiques, mais aussi une éthique du débat public et des choix politiques réaffirmés.

Un torrent de tweets incendiaires et de petites phrases vicieuses vise les prétendus « idiots utiles de l’islamisme », au premier rang desquels se trouveraient Mediapart, mais aussi toutes celles et tous ceux qui refusent de poser une équation ainsi rédigée : musulmans = islamistes = salafistes = djihadistes. Et ce, même s’il est évident de rappeler que les personnes de croyance ou culture musulmane (musulmans) ne se confondent pas avec les personnes faisant de ce référent islamique la base d’un engagement politique (islamistes), qui ne sont pas eux-mêmes superposables aux musulmans ayant une lecture rigoriste du Coran (salafistes) ou à ceux ayant décidé de faire de l’islam le carburant d’une guerre sanglante (djihadistes).

Ces invectives ne pourraient être qu’un nouvel épisode d’un bashing médiatique récurrent, déjà illustré par les unes concomitantes de trois magazines en septembre. Elles constituent pourtant un piège risquant de se refermer non seulement sur les accusés de « complicité idéologique » avec le terrorisme, mais aussi sur tous les tenants d’un débat public honnête et nécessaire, de plus en plus difficile à tenir dans ce moment délétère du fonctionnement de l’opinion publique.

En effet, soit les personnes qui refusent une telle équation, lassées d’être soupçonnées de faire le lit du terrorisme, de vouloir masquer leur prétendu antisémitisme ou d’être insensibles au sort des victimes des djihadistes, tombent dans l’invective inverse en dénonçant les abrutis serviles de l’identitarisme, les crétins pénibles du laïcisme ou encore les imbéciles heureux du capitalisme, qui doivent se frotter chaque jour les mains de la disparition de la question sociale derrière les polémiques entretenues par des pompiers pyromanes.

Soit elles tentent de faire parler la science et la nuance, au risque de demeurer inaudibles derrière la brutalité des anathèmes. Il faut, par exemple, rappeler la polysémie du terme « islamisme ». Identifié par quelques-uns au terrorisme, il est en effet entendu par le monde de la recherche, avant tout, comme une manière de faire de la politique inspirée par un référent religieux.

Ainsi que le rappelait Baudouin Dupret, spécialiste du droit dans le monde arabe, dans un long dossier que Mediapart consacrait dès 2011 aux « nouveaux contours de l’islam politique », la distinction entre « islamique » et « islamiste », « n’existe pas en arabe. Ce qui existe, c’est muslim et islami. Pour désigner ceux qui se disent islami, on aurait dû dire les “islamiques”. Mais comme cela ne sonnait pas bien en français et que le suffixe “iste” est une marque d’engagement politique, on a forgé le terme islamiste. Un terme qui, appliqué à des gens, connote autre chose que le fait d’être croyant, et fonctionne assez bien pour exprimer une vision politique de la référence islamique ».

Mais le vocable « d’islamisme », forgé dans la réalité des années 1970 et 1980, elles-mêmes scandées par la révolution iranienne et des mouvements insurrectionnels brandissant l’islam en étendard, de l’Indonésie à l’Égypte, a rapidement fonctionné comme un épouvantail. Le terme est donc d’emblée piégé. Le réduire, pour autant, à un synonyme ou à un faux nez du djihadisme est dommageable. Cela revient à endosser la rhétorique des néoconservateurs de tout bord ou des dictateurs qui, de l’Arabie saoudite à l’Égypte, utilisent la confusion entre islam politique et terrorisme pour emprisonner et exécuter leurs opposants.

Il n’est, en outre, pas de raisons de dénier au monde musulman la possibilité d’une politique engagée à partir du référent religieux, comparable à la manière dont s’est définie la démocratie chrétienne en son temps. Même si, comme le rappelait encore Baudoin Dupret, « la comparaison ne tient pas point par point. Ce ne sont ni les mêmes histoires, ni les mêmes sociétés, ni le même terreau. Mais la comparaison a pour vertu de nous dire : pourquoi cette expérience qui a eu lieu en Europe serait-elle exclue en terre musulmane ? ».

Il est enfin nécessaire de rappeler que non seulement il n’existe pas de maladie propre à l’islam qui serait l’extrémisme – les bouddhistes birmans qui s’en prennent aujourd’hui aux Rohingyas musulmans en sont l’exemple contemporain. Mais aussi que l’islam n’a rien d’incompatible avec la démocratie, même s’il faut parfois du temps et de l’énergie pour rendre les religions entièrement compatibles avec les cadres démocratiques, comme le rappelait dans ce même dossier Dominique Avon, spécialiste de l’histoire comparée des religions. « Il a fallu un énorme travail théorique, tel celui de Jacques Maritain, pour rendre la démocratie “catholico-compatible”. Les intellectuels musulmans qui ont théorisé la compatibilité de la démocratie libérale et de l’islam sont encore peu nombreux. »

Sur la nature de « l’islamisme », on pourrait résumer – beaucoup trop brièvement – les choses en disant qu’il existe un islamisme démocrate avec lequel il est possible de débattre (et dont Tariq Ramadan était un représentant, même si les accusations d’actes criminels le visant le délégitiment aujourd’hui), un islamisme non démocratique qu’il est nécessaire de combattre et un islamisme djihadiste à abattre.

Dans un contexte sécuritaire et géopolitique bouleversé par les attentats du 11 septembre 2001, puis la montée en puissance barbare d’un autoproclamé État islamique, l’équation « islamisme = terrorisme » s’est de plus en plus imposée dans le débat public. Ce n’est pas minorer la dérive violente de ceux qui utilisent la religion musulmane à des fins criminelles que de refuser l’amalgame consistant à tracer une continuité entre l’islam et le fondamentalisme meurtrier de Daech. Entre le rien à voir avec l’islam et le tout à voir avec la religion, entre le djihadisme compris comme une « islamisation de la radicalité » (Olivier Roy) et le terrorisme perçu comme une « radicalisation de l’islam » (Gilles Kepel), il y a une place pour une compréhension fine de ce qui advient aujourd’hui. Surtout lorsqu’on mesure combien un discours réducteur sur l’islam peut avoir des conséquences politiques concrètes dévastatrices.
Ce n’est pas, non plus, épouser à tout prix la cause des damnés de la terre que d’observer que les partisans d’une laïcité agressive alimentent trop souvent une islamophobie politique, médiatique et populaire. Ou alors, il faut considérer que tous ceux qui s’en démarquent, tels le pape François ou Emmanuel Macron, appartiennent aussi au camp des dangereux « islamo-gauchistes », une catégorie d’analyse aussi floue qu’indigente. Ce n’est pas, enfin, être de naïfs « amis des musulmans » que d’insister sur la nécessité de lutter contre le terrorisme, sans pour autant céder à l’invention d’ennemis imaginaires ayant les traits de ces jeunes filles voilées à l’université ou de ces mères de famille en burkini sur la plage.

Compliquer l’équation est donc nécessaire, ne serait-ce que pour rendre justice à une réalité où la majorité des salafistes sont quiétistes ; où les Frères musulmans et les salafistes se sont souvent affrontés, comme en Égypte par exemple ; où l’islam politique et le djihadisme peuvent être engagés dans une lutte à mort, comme dans la Turquie autoritaire d’Erdogan. Mais ce ne sera pas suffisant sans une éthique du débat public renouvelée et des choix politiques réaffirmés.

Les conditions d'une éthique du débat public

L’éthique du débat public tient en trois points. Le premier est résumé par ce qu’écrivait Hannah Arendt dans La Crise de la culture, en 1968 : « La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat. » Cette simple exigence permettrait de dégonfler certains fantasmes sur le multiculturalisme et le communautarisme, sur lesquels surfent les polémiques récurrentes sur l’islam.
D’une part, quasiment personne ne défend aujourd’hui un multiculturalisme à l’anglo-saxonne au sens constitutionnel ou juridique du terme. Même si, et c’est compréhensible dans ce contexte de stigmatisation des populations de croyance et/ou de culture musulmanes, une fraction du camp indigéniste s’est engagée dans un raidissement identitaire rageur qui prend le risque de légitimer les sarcasmes des pseudo-républicains laïcs prenant pour cible les multiculturalistes angéliques.

D’autre part, il faut comprendre à quel point le fantasme du « communautarisme » projeté sur les musulmans est éloigné de la réalité. L’une des rares études scientifiques disponibles sur le sujet a été menée par l'INED (Institut national d'études démographiques). Cette enquête Teo, « Trajectoires et Origines », démontre chiffres à l’appui que les musulmans ne font guère exception au reste des communautés nationales. L’endogamie religieuse (le fait de s’unir à une personne partageant la même croyance) des musulmans se situe ainsi dans une fourchette numérique semblable aux chrétiens (autour de 80 %) et est légèrement supérieure à celle des athées ou des juifs.

Les musulmans choisissent le plus souvent leurs amis en dehors de leur communauté religieuse, ce qui les différencie des athées, ayant plus souvent tendance à se lier avec d'autres personnes sans religion. Et un tiers des musulmans mentionnent la religion comme un élément définissant leur identité, ce qui les place au-dessus des catholiques (7 %), mais en dessous des juifs (45 %). S’il est difficile de nier les replis sociaux, spatiaux ou religieux dans certains quartiers, il faut tout de même rappeler que le groupe social qui remplit le mieux les critères les plus stricts du « communautarisme » (c’est-à-dire entre soi et sécessionnisme spatial et immobilier, mais aussi endogamie maritale et familiale) demeure la haute bourgeoisie…

Inversement, un minimum d’honnêteté intellectuelle et de savoir géopolitique et historique est suffisant pour entendre que tout ne s’explique pas par la grille anti-impérialiste ou « décoloniale ». Après avoir connu une vague de révolutions politiques, le Moyen-Orient est aujourd’hui plongé dans une guerre civile et religieuse qui n’est réductible ni aux effets des guerres passées et présentes menées par les Occidentaux, Américains en tête, ni à la question des enjeux pétroliers et des tracés des gazoducs. Ou encore pour refuser une équation, qui a cours dans certains groupuscules indigénistes, jugeant que Paris en 2017 équivaut à Alger en 1957.

Le deuxième point de cette éthique du débat public impose d’en finir avec les amalgames fondés sur des contiguïtés projetées ou supposées, à l’instar de la propagande accusant Mediapart d’avoir couvert, par prétendue solidarité idéologique, les crimes dont est accusé Tariq Ramadan. Il faut encore une fois rappeler qu’il n’a pas été davantage interviewé sur Mediapart que dans l’Obs, qui s’est pourtant fendu d’un article intitulé « Tariq Ramadan, ces intellos qui l’ont dédiabolisé », au premier rang desquels on trouve Edwy Plenel. Il faut relire cet édito écrit par Riss, dans Charlie Hebdo au lendemain des attentats de Bruxelles, qui traçait une continuité entre l’existence de femmes voilées ou de boulangers ne proposant plus de sandwich aux rillettes et les semeurs de haine et de sang.

Inversement, toutes celles et tous ceux qui tiennent à affirmer comme des repères cardinaux les valeurs de la République et de la laïcité ne peuvent être délégitimés au motif que certains brandissent ces notions en étendard de leur détestation d’une France multiculturelle. Même si la gauche laïciste, pour qui la République tient lieu depuis quinze ans de question sociale, doit comprendre qu’elle n’est pas en train de préserver notre socle commun quand elle transforme la laïcité en principe punitif. Toute inquiétude vis-à-vis de l’abandon des principes républicains ne peut se résumer aux obsessions mortifères de l’autoproclamé « Printemps républicain ».

L’antisémitisme, l’islamisme et la rupture avec la loi commune prospèrent dans certains quartiers populaires, sur le terreau d’une misère sociale et d’un abandon politique qui, pour réels qu’ils soient, ne sauraient expliquer l’intégralité de cette rage. Mais cela n’exonère pas de leur responsabilité ceux qui ne proposent rien pour protéger la République que la construction de « murs de sécurité » le long des enceintes périphériques des villes françaises.

S’imposer une telle exigence visant à identifier ce qui relève ou ne relève pas de la complaisance, de la complicité, de la contiguïté ou de la coïncidence est sans doute le seul moyen de ne pas céder à une haine réciproque, un sentiment qui, comme l’écrivait récemment la philosophe allemande Caroline Emcke, fonctionne sur la construction d’entités aux contours mal délimités.

« Il est, notait-elle en effet, difficile de haïr avec précision. Avec la précision, viendraient la tendresse, le regard ou l’écoute attentifs, avec la précision viendrait ce sens de la nuance qui reconnaît chaque personne, avec ses inclinations et ses qualités multiples et contradictoires, comme un être humain. Mais une fois les contours estompés, une fois les individus rendus méconnaissables comme tels, il ne reste que des collectifs flous pour destinataires de la haine. On peut dès lors diffamer et rabaisser, hurler et fulminer à l’envi contre les juifs, les femmes, les mécréants, les Noirs, les lesbiennes, les réfugiés, les musulmans, ou encore les États-Unis, les politiciens, l’Occident, les policiers, les médias, les intellectuels. »

Enfin, une éthique minimale du débat public impose que l’on soit responsable non seulement de son texte, mais aussi de son contexte. À cet égard, sont inconséquents et dangereux celles et ceux qui prétendent aujourd’hui considérer le combat contre l’antisémitisme comme déjà gagné au motif que les discriminations systémiques contre les juifs auraient disparu. Les actes antisémites enregistrés par le SPCJ (le Service de protection de la communauté juive qui recense, avec le ministère de l’intérieur, les plaintes pour actes et menaces antisémites enregistrées par les services de l’État) ont explosé à partir de 2000 et de la deuxième intifada. L’antisémitisme ordinaire tolère que soit profanée la stèle d’Ilan Halimi, tué parce que juif, six ans avant les exécutions d’enfants juifs par Mohamed Merah.

Cependant, être responsable de son texte, mais aussi de son contexte, accroît la responsabilité de tous en matière de positionnement public, politique ou journalistique. Si l’histoire et le présent de la France imposent à ceux qui négligeraient les différents contours de l’antisémitisme de rendre des comptes, ils désignent aussi comme irresponsables ceux qui brandissent sans précaution l’arme lourde de l’accusation d’antisémitisme pour délégitimer tous les critiques de la politique d’Israël, un pays aujourd’hui gouverné par une droite extrémisée.

Les attentats de janvier et novembre 2015 imposent d’être Charlie à tout prix, surtout quand le journal est à nouveau menacé de mort après sa une sur Tariq Ramadan. Les moments de commémorations exigent l’hommage aux victimes et le souci de faire vivre l’esprit du 11-Janvier. Ce contexte s’impose aussi à celles et ceux qui ne s’embarrassent pas de jeter de l’huile sur le feu dans un moment post-attentats tendu et volatile.
Il est probable que l’appel à la précision et à la raison ne suffira pas à éteindre les incendies sur les réseaux sociaux, ou à dessiller celles et ceux qui préfèrent s’aveugler ou se gargariser de leurs certitudes à des heures de grande écoute. Celles et ceux qui n’ont que la caricature insultante au bout des doigts ou l’invective aux lèvres refuseront un débat public nécessaire et honnête. Mais pour la majorité, silencieuse ou bruyante, qui souhaite éviter que la montée aux extrêmes idéologiques ne nous mène à la guerre civile, il doit être possible de s’accorder sur ces quelques principes de la discussion publique, mais aussi sur une exigence politique partagée.

Celle-ci consiste à refuser le « monoidéisme » politique et la hiérarchie des combats émancipateurs. La politique réduite à une seule cause, qu’elle soit obsédée par la sortie de l’euro à l’instar de l’économiste Jacques Sapir, ou par l’islam à l’instar de l’ancien premier ministre Manuel Valls, mène au confusionnisme ou à chevaucher les rhétoriques dangereuses du Front national ou de Valeurs actuelles. Ni la concurrence des victimes, ni la défense d’une minorité contre une autre, ne permettront de définir une République de tous, pour tous et par tous.

Autrement dit, soit on luttera contre toutes les haines en même temps et on élaborera les conditions de causes communes, soit on aboutira à « l’encampement » de la société. Frantz Fanon aimait rappeler la leçon donnée par son professeur de philosophie : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous… Un antisémite est forcément négrophobe. »

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 18:40

Betsamee a écrit:la conclusion est limpide et implacable, si certains avaient cru a de la maladresse en 2015 (totalement inimaginable pour un etre si calculateur et manipulateur), Plenel confirme ici qu'il est bien un soutien du terrorisme islamiste


Je me demande même s'il n'a pas fourni les bombes ou les balles de AK 47 qui ont servi à emporter dans la tombes des centaines de compatriotes depuis 5 ans. Une enquête mérite d'être diligentée. #-o

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 19:15

en fait vous avez raison ce morceau de merde ne merite pas cet eclairage mediatique.

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 19:30

En tout cas le timing choisi par Mediapart (qui fait un vrai travail journalistique de fond sur plein de sujets, Bismuth ne serait pas en correctionnelle si ils n'avaient pas fait le boulot), ce timing pour sortir une enquête fouillée (aujourd'hui) sur les turpitudes de Ramadan et qui le condamne presque, me paraît étrange pour le moins. L'enquête est tellement précise qu'il y a de quoi s'interroger sur le changement de cap radical concernant Ramadan à Mediapart...
Comme si la solidarité intellectuelle n'était plus tenable, mais in extremis, alors qu'il y avait effectivement pas mal de choses dans les cartons.

Par ailleurs ce que dit Plenel sur Charlie depuis janvier 2015 est parfaitement dégueulasse et irresponsable, désigner publiquement ces mecs (et Valls par la même occasion) comme des soldats engagés dans une guerre contre l'Islam et les musulmans c'est aider à leur accrocher une cible sur le front. J'espère juste qu'il n'y aura plus de sang et de larmes, pas pour que Plenel dorme bien, mais pour ceux qui ont déjà payé très cher quelques dessins.

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 20:40

Fidel Cienaga, Mediapart est un formidable outil d'investigation (Cahuzac, etc.) mais certains individus (en 1er lieu Plenel) ont a cote de leurs qualites d'investigation des positions plus que questionnables sur l'islamisme radical et les morts que cela a engendre chez nous meme si on devient vite amnesique.

Et tu ne peux pas occulter l'un quand tu mets en avant le second

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 21:10

Bah, Plenel ,à force de faire exploser des scandales à la face de beaucoup de monde,fallait bien qu'il s' attende à recevoir un boomerang à la première occase ...

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 21:15

Dragan a écrit:Fidel Cienaga, Mediapart est un formidable outil d'investigation (Cahuzac, etc.) mais certains individus (en 1er lieu Plenel) ont a cote de leurs qualites d'investigation des positions plus que questionnables sur l'islamisme radical et les morts que cela a engendre chez nous meme si on devient vite amnesique.

Et tu ne peux pas occulter l'un quand tu mets en avant le second


Quelles sont ses positions sur le djihadisme et les morts qu’il a engendré en France?

Re: Actu France et Monde

15 Nov 2017, 23:09

Delio, rien qu'en revenant en janvier 2015 peu apres les morts chez Charlie Hebdo :

1. Il s'empressait de declarer au bondy blog : "Ces monstres sont le produit de notre société. Ce n’est pas l’islam qui a produit ces terroristes. Ces derniers se prétendent de l’islam mais n’ont rien à voir avec l’islam." En ayant tout un discours derriere qui limite va l'inversion de qui est la victime dans ce qui s'etait passe en janvier 2015 rejetant la causalite de ce qui s'etait passe sur l'organisation de la societe francaise et en refusant de parler de fanatisme religieux. (La reference au Oui je suis Charlie, Mais.. "OUI MAIS" de Riss hier dans son edito quand il parle des positions de Plenel des le lendemain des attentats les corps des dessinateurs de Charlie encore chauds..

2. Plenel Va s'afficher avec Tariq Ramadan toujours en Janvier 2015 et va expliquer '"il ne faut pas diaboliser quelqu'un parce que c'est un intellectuel musulman" et meme jusqu'a dire que c'est "un intellectuel respectable" [sic] :lol: puis "Et qu'est-ce qu'on dit ? 'Ah, il n'est pas clair. Ah, il a un double langage'. Encore une fois, je le lis et je l'écoute et je ne vois pas ou il est ambigu. Et il a fait plein de livres. Qu'est-ce que ça dit ce truc 'il est ambigu ? Ah l'arabe, il est un peu fourbe. Ah l'arabe, il a un double langage"



3. Sur les unes de Charlie en 2015 et avant, je rappellerai ses positions plus qu'ambigues deja a l'epoque : "Moi, je ne suis pas choqué... Ça ne me concerne pas... Mais je ne pense pas que dans le débat public, on puisse tout prendre à la rigolade, à l'ironie, à la moquerie. Dans ce moment de solidarité avec les caricaturistes, je les défends, je les soutiens, mais la haine ne peut pas avoir l'excuse de l'humour, et la moquerie est condamnable si elle s'attaque à des gens, à des identités ».
(quelle haine) ?

Sinon sur le coup de la "Guerre contr les musulmans" d'hier, suite a la une de Charlie Hebdo, ce qui est bien c'est que le Plenel devient meme amnesique et ne sait plus ce qu'il raconte :



Je te rappelle qu'un deferlement de haine encore sans precedent avec appels au meurtre (a nouveau) s'est deroule la semaine derniere contre Charlie mais ca Monsieur Plenel n'a pas l'air de beaucoup s'en preoccuper, pour ne pas dire pire...

Re: Actu France et Monde

16 Nov 2017, 03:05

Kenshi a écrit:Cette déclaration est débile et malhabile, mais au lieu de crier à la collaboration (sans déconner, cette comparaison quoi :shock: )

Sur ta reaction :



Zineb El Rhazoui : «Les collaborationnistes du fascisme islamique sont nombreux en France»

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017 ... france.php

Zineb EL RHAZOUI. - C'est bien curieux, mais cette polémique me rappelle qu'après l'attaque terroriste de Charlie Hebdo, alors que nous n'avions pas encore enterré nos morts, certaines voix avaient déjà donné la même sempiternelle tournure au débat public: «je ne suis pas Charlie» et «halte à l'islamophobie» en supputant que les «musulmans» étaient les véritables victimes. Après les attentats terroristes du 13 novembre, ceux qui s'étaient un peu trop émus du sort des morts et des blessés ont eu droit à des accusations à peine masquées de racisme parce qu'ils auraient plutôt dû s'émouvoir du sort des victimes des attentats terroristes de Beyrouth. Après les attentats de Nice où des bébés ont été broyés dans leurs poussettes pendant qu'ils regardaient des feux ...

Re: Actu France et Monde

16 Nov 2017, 03:12

Kenshi a écrit:est ce que ça serait pas plus intéressant de se demander ce qu'elle a voulu dire, et de se pencher sur la définition d'islamisme et des interprétations qui lui sont désormais accolées ? Sérieux, est-ce que ce débat, dans notre société, ne mérite pas un poil mieux que de telles caricatures sans intérêt ?

L'évolution du sens du mot islamisme est pourtant très intéressante, c'est dommage. Je met ça là du coup pour tous ceux qui sont assez mesurés et réfléchis pour ne pas considérer que Mediapart est une officine terroriste, et qui ont assez d'esprit critique.

https://www.mediapart.fr/journal/cultur ... nglet=full

(Je met l'article complet en spoiler).

Spoiler: montrer
Information
Au-delà des caricatures

Le pugilat actuel qui prend à nouveau l’islam comme support exige non seulement des précisions terminologiques, mais aussi une éthique du débat public et des choix politiques réaffirmés.

Un torrent de tweets incendiaires et de petites phrases vicieuses vise les prétendus « idiots utiles de l’islamisme », au premier rang desquels se trouveraient Mediapart, mais aussi toutes celles et tous ceux qui refusent de poser une équation ainsi rédigée : musulmans = islamistes = salafistes = djihadistes. Et ce, même s’il est évident de rappeler que les personnes de croyance ou culture musulmane (musulmans) ne se confondent pas avec les personnes faisant de ce référent islamique la base d’un engagement politique (islamistes), qui ne sont pas eux-mêmes superposables aux musulmans ayant une lecture rigoriste du Coran (salafistes) ou à ceux ayant décidé de faire de l’islam le carburant d’une guerre sanglante (djihadistes).

Ces invectives ne pourraient être qu’un nouvel épisode d’un bashing médiatique récurrent, déjà illustré par les unes concomitantes de trois magazines en septembre. Elles constituent pourtant un piège risquant de se refermer non seulement sur les accusés de « complicité idéologique » avec le terrorisme, mais aussi sur tous les tenants d’un débat public honnête et nécessaire, de plus en plus difficile à tenir dans ce moment délétère du fonctionnement de l’opinion publique.

En effet, soit les personnes qui refusent une telle équation, lassées d’être soupçonnées de faire le lit du terrorisme, de vouloir masquer leur prétendu antisémitisme ou d’être insensibles au sort des victimes des djihadistes, tombent dans l’invective inverse en dénonçant les abrutis serviles de l’identitarisme, les crétins pénibles du laïcisme ou encore les imbéciles heureux du capitalisme, qui doivent se frotter chaque jour les mains de la disparition de la question sociale derrière les polémiques entretenues par des pompiers pyromanes.

Soit elles tentent de faire parler la science et la nuance, au risque de demeurer inaudibles derrière la brutalité des anathèmes. Il faut, par exemple, rappeler la polysémie du terme « islamisme ». Identifié par quelques-uns au terrorisme, il est en effet entendu par le monde de la recherche, avant tout, comme une manière de faire de la politique inspirée par un référent religieux.

Ainsi que le rappelait Baudouin Dupret, spécialiste du droit dans le monde arabe, dans un long dossier que Mediapart consacrait dès 2011 aux « nouveaux contours de l’islam politique », la distinction entre « islamique » et « islamiste », « n’existe pas en arabe. Ce qui existe, c’est muslim et islami. Pour désigner ceux qui se disent islami, on aurait dû dire les “islamiques”. Mais comme cela ne sonnait pas bien en français et que le suffixe “iste” est une marque d’engagement politique, on a forgé le terme islamiste. Un terme qui, appliqué à des gens, connote autre chose que le fait d’être croyant, et fonctionne assez bien pour exprimer une vision politique de la référence islamique ».

Mais le vocable « d’islamisme », forgé dans la réalité des années 1970 et 1980, elles-mêmes scandées par la révolution iranienne et des mouvements insurrectionnels brandissant l’islam en étendard, de l’Indonésie à l’Égypte, a rapidement fonctionné comme un épouvantail. Le terme est donc d’emblée piégé. Le réduire, pour autant, à un synonyme ou à un faux nez du djihadisme est dommageable. Cela revient à endosser la rhétorique des néoconservateurs de tout bord ou des dictateurs qui, de l’Arabie saoudite à l’Égypte, utilisent la confusion entre islam politique et terrorisme pour emprisonner et exécuter leurs opposants.

Il n’est, en outre, pas de raisons de dénier au monde musulman la possibilité d’une politique engagée à partir du référent religieux, comparable à la manière dont s’est définie la démocratie chrétienne en son temps. Même si, comme le rappelait encore Baudoin Dupret, « la comparaison ne tient pas point par point. Ce ne sont ni les mêmes histoires, ni les mêmes sociétés, ni le même terreau. Mais la comparaison a pour vertu de nous dire : pourquoi cette expérience qui a eu lieu en Europe serait-elle exclue en terre musulmane ? ».

Il est enfin nécessaire de rappeler que non seulement il n’existe pas de maladie propre à l’islam qui serait l’extrémisme – les bouddhistes birmans qui s’en prennent aujourd’hui aux Rohingyas musulmans en sont l’exemple contemporain. Mais aussi que l’islam n’a rien d’incompatible avec la démocratie, même s’il faut parfois du temps et de l’énergie pour rendre les religions entièrement compatibles avec les cadres démocratiques, comme le rappelait dans ce même dossier Dominique Avon, spécialiste de l’histoire comparée des religions. « Il a fallu un énorme travail théorique, tel celui de Jacques Maritain, pour rendre la démocratie “catholico-compatible”. Les intellectuels musulmans qui ont théorisé la compatibilité de la démocratie libérale et de l’islam sont encore peu nombreux. »

Sur la nature de « l’islamisme », on pourrait résumer – beaucoup trop brièvement – les choses en disant qu’il existe un islamisme démocrate avec lequel il est possible de débattre (et dont Tariq Ramadan était un représentant, même si les accusations d’actes criminels le visant le délégitiment aujourd’hui), un islamisme non démocratique qu’il est nécessaire de combattre et un islamisme djihadiste à abattre.

Dans un contexte sécuritaire et géopolitique bouleversé par les attentats du 11 septembre 2001, puis la montée en puissance barbare d’un autoproclamé État islamique, l’équation « islamisme = terrorisme » s’est de plus en plus imposée dans le débat public. Ce n’est pas minorer la dérive violente de ceux qui utilisent la religion musulmane à des fins criminelles que de refuser l’amalgame consistant à tracer une continuité entre l’islam et le fondamentalisme meurtrier de Daech. Entre le rien à voir avec l’islam et le tout à voir avec la religion, entre le djihadisme compris comme une « islamisation de la radicalité » (Olivier Roy) et le terrorisme perçu comme une « radicalisation de l’islam » (Gilles Kepel), il y a une place pour une compréhension fine de ce qui advient aujourd’hui. Surtout lorsqu’on mesure combien un discours réducteur sur l’islam peut avoir des conséquences politiques concrètes dévastatrices.
Ce n’est pas, non plus, épouser à tout prix la cause des damnés de la terre que d’observer que les partisans d’une laïcité agressive alimentent trop souvent une islamophobie politique, médiatique et populaire. Ou alors, il faut considérer que tous ceux qui s’en démarquent, tels le pape François ou Emmanuel Macron, appartiennent aussi au camp des dangereux « islamo-gauchistes », une catégorie d’analyse aussi floue qu’indigente. Ce n’est pas, enfin, être de naïfs « amis des musulmans » que d’insister sur la nécessité de lutter contre le terrorisme, sans pour autant céder à l’invention d’ennemis imaginaires ayant les traits de ces jeunes filles voilées à l’université ou de ces mères de famille en burkini sur la plage.

Compliquer l’équation est donc nécessaire, ne serait-ce que pour rendre justice à une réalité où la majorité des salafistes sont quiétistes ; où les Frères musulmans et les salafistes se sont souvent affrontés, comme en Égypte par exemple ; où l’islam politique et le djihadisme peuvent être engagés dans une lutte à mort, comme dans la Turquie autoritaire d’Erdogan. Mais ce ne sera pas suffisant sans une éthique du débat public renouvelée et des choix politiques réaffirmés.

Les conditions d'une éthique du débat public

L’éthique du débat public tient en trois points. Le premier est résumé par ce qu’écrivait Hannah Arendt dans La Crise de la culture, en 1968 : « La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat. » Cette simple exigence permettrait de dégonfler certains fantasmes sur le multiculturalisme et le communautarisme, sur lesquels surfent les polémiques récurrentes sur l’islam.
D’une part, quasiment personne ne défend aujourd’hui un multiculturalisme à l’anglo-saxonne au sens constitutionnel ou juridique du terme. Même si, et c’est compréhensible dans ce contexte de stigmatisation des populations de croyance et/ou de culture musulmanes, une fraction du camp indigéniste s’est engagée dans un raidissement identitaire rageur qui prend le risque de légitimer les sarcasmes des pseudo-républicains laïcs prenant pour cible les multiculturalistes angéliques.

D’autre part, il faut comprendre à quel point le fantasme du « communautarisme » projeté sur les musulmans est éloigné de la réalité. L’une des rares études scientifiques disponibles sur le sujet a été menée par l'INED (Institut national d'études démographiques). Cette enquête Teo, « Trajectoires et Origines », démontre chiffres à l’appui que les musulmans ne font guère exception au reste des communautés nationales. L’endogamie religieuse (le fait de s’unir à une personne partageant la même croyance) des musulmans se situe ainsi dans une fourchette numérique semblable aux chrétiens (autour de 80 %) et est légèrement supérieure à celle des athées ou des juifs.

Les musulmans choisissent le plus souvent leurs amis en dehors de leur communauté religieuse, ce qui les différencie des athées, ayant plus souvent tendance à se lier avec d'autres personnes sans religion. Et un tiers des musulmans mentionnent la religion comme un élément définissant leur identité, ce qui les place au-dessus des catholiques (7 %), mais en dessous des juifs (45 %). S’il est difficile de nier les replis sociaux, spatiaux ou religieux dans certains quartiers, il faut tout de même rappeler que le groupe social qui remplit le mieux les critères les plus stricts du « communautarisme » (c’est-à-dire entre soi et sécessionnisme spatial et immobilier, mais aussi endogamie maritale et familiale) demeure la haute bourgeoisie…

Inversement, un minimum d’honnêteté intellectuelle et de savoir géopolitique et historique est suffisant pour entendre que tout ne s’explique pas par la grille anti-impérialiste ou « décoloniale ». Après avoir connu une vague de révolutions politiques, le Moyen-Orient est aujourd’hui plongé dans une guerre civile et religieuse qui n’est réductible ni aux effets des guerres passées et présentes menées par les Occidentaux, Américains en tête, ni à la question des enjeux pétroliers et des tracés des gazoducs. Ou encore pour refuser une équation, qui a cours dans certains groupuscules indigénistes, jugeant que Paris en 2017 équivaut à Alger en 1957.

Le deuxième point de cette éthique du débat public impose d’en finir avec les amalgames fondés sur des contiguïtés projetées ou supposées, à l’instar de la propagande accusant Mediapart d’avoir couvert, par prétendue solidarité idéologique, les crimes dont est accusé Tariq Ramadan. Il faut encore une fois rappeler qu’il n’a pas été davantage interviewé sur Mediapart que dans l’Obs, qui s’est pourtant fendu d’un article intitulé « Tariq Ramadan, ces intellos qui l’ont dédiabolisé », au premier rang desquels on trouve Edwy Plenel. Il faut relire cet édito écrit par Riss, dans Charlie Hebdo au lendemain des attentats de Bruxelles, qui traçait une continuité entre l’existence de femmes voilées ou de boulangers ne proposant plus de sandwich aux rillettes et les semeurs de haine et de sang.

Inversement, toutes celles et tous ceux qui tiennent à affirmer comme des repères cardinaux les valeurs de la République et de la laïcité ne peuvent être délégitimés au motif que certains brandissent ces notions en étendard de leur détestation d’une France multiculturelle. Même si la gauche laïciste, pour qui la République tient lieu depuis quinze ans de question sociale, doit comprendre qu’elle n’est pas en train de préserver notre socle commun quand elle transforme la laïcité en principe punitif. Toute inquiétude vis-à-vis de l’abandon des principes républicains ne peut se résumer aux obsessions mortifères de l’autoproclamé « Printemps républicain ».

L’antisémitisme, l’islamisme et la rupture avec la loi commune prospèrent dans certains quartiers populaires, sur le terreau d’une misère sociale et d’un abandon politique qui, pour réels qu’ils soient, ne sauraient expliquer l’intégralité de cette rage. Mais cela n’exonère pas de leur responsabilité ceux qui ne proposent rien pour protéger la République que la construction de « murs de sécurité » le long des enceintes périphériques des villes françaises.

S’imposer une telle exigence visant à identifier ce qui relève ou ne relève pas de la complaisance, de la complicité, de la contiguïté ou de la coïncidence est sans doute le seul moyen de ne pas céder à une haine réciproque, un sentiment qui, comme l’écrivait récemment la philosophe allemande Caroline Emcke, fonctionne sur la construction d’entités aux contours mal délimités.

« Il est, notait-elle en effet, difficile de haïr avec précision. Avec la précision, viendraient la tendresse, le regard ou l’écoute attentifs, avec la précision viendrait ce sens de la nuance qui reconnaît chaque personne, avec ses inclinations et ses qualités multiples et contradictoires, comme un être humain. Mais une fois les contours estompés, une fois les individus rendus méconnaissables comme tels, il ne reste que des collectifs flous pour destinataires de la haine. On peut dès lors diffamer et rabaisser, hurler et fulminer à l’envi contre les juifs, les femmes, les mécréants, les Noirs, les lesbiennes, les réfugiés, les musulmans, ou encore les États-Unis, les politiciens, l’Occident, les policiers, les médias, les intellectuels. »

Enfin, une éthique minimale du débat public impose que l’on soit responsable non seulement de son texte, mais aussi de son contexte. À cet égard, sont inconséquents et dangereux celles et ceux qui prétendent aujourd’hui considérer le combat contre l’antisémitisme comme déjà gagné au motif que les discriminations systémiques contre les juifs auraient disparu. Les actes antisémites enregistrés par le SPCJ (le Service de protection de la communauté juive qui recense, avec le ministère de l’intérieur, les plaintes pour actes et menaces antisémites enregistrées par les services de l’État) ont explosé à partir de 2000 et de la deuxième intifada. L’antisémitisme ordinaire tolère que soit profanée la stèle d’Ilan Halimi, tué parce que juif, six ans avant les exécutions d’enfants juifs par Mohamed Merah.

Cependant, être responsable de son texte, mais aussi de son contexte, accroît la responsabilité de tous en matière de positionnement public, politique ou journalistique. Si l’histoire et le présent de la France imposent à ceux qui négligeraient les différents contours de l’antisémitisme de rendre des comptes, ils désignent aussi comme irresponsables ceux qui brandissent sans précaution l’arme lourde de l’accusation d’antisémitisme pour délégitimer tous les critiques de la politique d’Israël, un pays aujourd’hui gouverné par une droite extrémisée.

Les attentats de janvier et novembre 2015 imposent d’être Charlie à tout prix, surtout quand le journal est à nouveau menacé de mort après sa une sur Tariq Ramadan. Les moments de commémorations exigent l’hommage aux victimes et le souci de faire vivre l’esprit du 11-Janvier. Ce contexte s’impose aussi à celles et ceux qui ne s’embarrassent pas de jeter de l’huile sur le feu dans un moment post-attentats tendu et volatile.
Il est probable que l’appel à la précision et à la raison ne suffira pas à éteindre les incendies sur les réseaux sociaux, ou à dessiller celles et ceux qui préfèrent s’aveugler ou se gargariser de leurs certitudes à des heures de grande écoute. Celles et ceux qui n’ont que la caricature insultante au bout des doigts ou l’invective aux lèvres refuseront un débat public nécessaire et honnête. Mais pour la majorité, silencieuse ou bruyante, qui souhaite éviter que la montée aux extrêmes idéologiques ne nous mène à la guerre civile, il doit être possible de s’accorder sur ces quelques principes de la discussion publique, mais aussi sur une exigence politique partagée.

Celle-ci consiste à refuser le « monoidéisme » politique et la hiérarchie des combats émancipateurs. La politique réduite à une seule cause, qu’elle soit obsédée par la sortie de l’euro à l’instar de l’économiste Jacques Sapir, ou par l’islam à l’instar de l’ancien premier ministre Manuel Valls, mène au confusionnisme ou à chevaucher les rhétoriques dangereuses du Front national ou de Valeurs actuelles. Ni la concurrence des victimes, ni la défense d’une minorité contre une autre, ne permettront de définir une République de tous, pour tous et par tous.

Autrement dit, soit on luttera contre toutes les haines en même temps et on élaborera les conditions de causes communes, soit on aboutira à « l’encampement » de la société. Frantz Fanon aimait rappeler la leçon donnée par son professeur de philosophie : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous… Un antisémite est forcément négrophobe. »

Article interessant dans son ensemble meme si encore une fois en plein milieu ils se sentient obliger d'apposer leur aureole mediatique sur l'islamisme democrate avec lequel on peut debattre de Tariq Ramadan :roll: tout en prenant bien le soin de distinguer de cela les crimes sexuels dont on l'accuse

Pour prolonger ce sujet article de Fatiha Boudjahlat qui y répond :wink:

Information
«Les islamistes ne sont pas les musulmans, et Edwy Plenel n'est pas leur prophète»

Jade Lindgaard, co-présidente de la Société des journalistes de Mediapart était reçue dans l'émission «C dans l'air» du dimanche 11 novembre 2017. On a retenu d'elle cette sortie «L'islamisme n'est pas en soi une chose grave». Pourtant, la même journaliste expliquait, dans la même émission, que le travail de journalisme ne consistait pas à dire que telle chose était grave et telle autre, non. C'est toute l'incohérence dogmatique de Mediapart: donner des leçons de journalisme, d'éthique, de justice, du beau, du bon, du vrai, et se dispenser de les respecter quand ses journalistes le décident.
Mediapart est un média d'opinion et un média d'investigation, qui se revendique comme antisystème, qui a réalisé de belles enquêtes courageuses, qui a mis au jour tant de scandales et de malversations. On ne peut qu'être attristé de la voir enrôler dans la croisade lancée par son co-fondateur, qui a brouillé l'image et la crédibilité de ce média par son militantisme idéologique effréné. Les journalistes pouvaient-ils se dissocier de Plenel?

Cela aurait été plus courageux que de s'en prendre aux fraudeurs fiscaux. Le courage n'est pas du côté de celui qui soutient les islamistes. En France, les morts sont du côté des laïques et du côté de Charlie Hebdo. Les tueurs sont du côté des islamistes. Il aurait fallu défendre la liberté de la presse et la liberté d'expression tout le temps, et Plenel, seulement quand il a raison.

Mediapart précise avoir interviewé deux fois Tariq Ramadan, et lui avoir consacré une longue enquête fouillée et objective. Mais comme le CSA recense les interventions des politiques, nous devrions comptabiliser les heures que Plenel a consacré à défendre Tariq Ramadan, le nombre de tribunes partagées avec lui lors de conférences autant politiques que religieuses. Le nombre de tweets en sa faveur, dont celui parlant de sa beauté qui expliquerait la jalousie dont il serait la victime. Les tribunes des journalistes de Mediapart, dont une classant Valls comme recours social-national (histoire de juste suggérer le national-socialisme...) et l'hyperpersonnalisation de Plenel justifient que l'on s'interroge sur Mediapart dans son ensemble.

Jade Lindgaard dénonce dans cette émission «l'aura maléfique construite» autour de la figure de Ramadan. Mais nous dénonçons leur construction méthodique de son aura angélique, l'apposition par Plenel d'une auréole sur celui qu'il présente encore maintenant comme «un intellectuel spirituel». Comment ne pas nous étonner que la puissance d'analyse de Mediapart soit à ce point à éclipse? Tariq Ramadan n'est pas islamologue. Il est islamiste. Il ne produit pas du sens. Il produit du religieux. De la norme. De l'ultra-orthodoxie. Plenel, donc Mediapart, dans un mélange des genres dont il est comptable, ont consacré à la défense et à la normalisation de l'islamisme une surface médiatique, un temps, un réseau intellectuel disproportionné avec ce que pèse en France ce courant politico-religieux d'extrême-droite.

C'est que Mediapart s'engage dans la lutte contre l'islamophobie. Sans vouloir comprendre que l'islamophobie vise d'abord à coaliser les musulmans autour de leurs leaders les plus radicaux. Parce que comme l'explique le philosophe américain Michael Walzer, dans une société démocratique, les groupes religieux ne peuvent assurer leur existence qu'en tant qu'associations volontaires. Les leaders de ces groupes ont plus à craindre de l'indifférence de leurs membres que de l'intolérance des gens de l'extérieur. Indifférence que les leaders doivent briser par une intolérance qu'il s'agit de créer, d'exagérer, de provoquer parce qu'elle a pour effet, même fantasmée, de conserver ces groupes sous leur férule. En s'engageant dans le combat contre cette islamophobie d'islamistes, Mediapart concourt à façonner à son goût la figure du musulman selon ses critères. On se rappelle de la photographie de leur rédaction, étonnamment monochromatique. Eux savent pourtant ce qu'est un authentique musulman et un bon arabe: c'est un islamiste. Ils sont dans l'orientalisme religieux.

Plenel surcompense son rendez-vous raté avec l'histoire. Il se rêvait Jean Moulin, Zola, Schindler... aussi longtemps qu'Israël n'existait pas. Il a décidé de se consacrer aux nouveaux «juifs des années trente», les musulmans. Les juifs de maintenant ne l'intéressent guère, l'antisémitisme qu'ils subissent ne le mobilise guère, pas plus que la rédaction de Mediapart. Y a t -il seulement dans notre pays une Sarah Halimi du côté des musulmans? Ou un Ilan Halimi? Ah si, le CCIF a rapporté le vol d'un câble de cuivre dans une mosquée. Un jet de lardons sur une autre aussi. Pour combien de tags antisémites? Combien d'agressions anti musulmanes? Pour combien d'agressions anti-juives? Mediapart ne devrait pas être économe de sa capacité d'indignation et de condamnation: Tous les crimes haineux devraient nous mobiliser. Ces musulmans, Plenel les veut et ne les reconnaît que comme islamistes, dans la radicalité religieuse et politique.

Dans l'hostilité et l'étanchéité vis-à-vis de la France et de la République. Plenel fait l'amalgame entre des personnes pratiquant un culte honorable, beau, exigeant, avec une métastase politique prétendant conquérir et éliminer tout ce qui n'est pas elle. Ce ne sont pas les musulmans qui ont assassiné tant de nos compatriotes. Ce sont les islamistes. Et on ne doit plus distinguer ceux qui portent les armes de ceux qui arment en mots ceux qui s'arment tout court. Plenel le bourgeois blanc pénitent s'est livré à une bien coupable appropriation culturelle quand il a expliqué que l'excellente Une de Charlie le caricaturant, ce qui est un peu leur cœur de métier, visait les musulmans à travers lui. Il a épousé les codes de communication des islamistes, puisqu'il a lancé une fatwa contre Charlie en portant une telle accusation à leur encontre. Edwy Plenel n'est pas l'islam. Edwy Plenel n'est pas les musulmans. Edwy Plenel n'est pas Zola. Edwy Plenel n'est pas Jean Moulin. Edwy Plenel est celui que l'antisémite et homophobe Mehdi Meklat a qualifié de «petit papa». Il est un bourgeois militant de l'indigénisme et de l'islamisme. L'islamisme est une chose grave en elle-même. L'islamisme a tué en France. Des enfants. Des jeunes. Des juifs. Des musulmans. Des chrétiens. Des athées. Des laïques. Des indifférents. Des fonctionnaires, des journalistes. Des Français et des non-Français.

Jade Lindgaard déclarait aussi qu'il fallait comprendre et expliquer l'islamisme. Mais avec quelle distance et quelle crédibilité Mediapart peut-il le faire quand il fait l'amalgame entre les islamistes et les musulmans? Ce n'est pas une différence de degré dans la piété qui distingue l'islam de l'islamisme. C'est une différence de nature. L'islamisme n'est pas l'islam. Les islamistes ne sont pas Les Musulmans. Et Edwy PLenel n'est pas leur prophète. Et s'ils me critiquent, je la jouerai comme Edwy: Ce seront les musulmans, les femmes, les «racisés», les Franc-comtois, les enseignants, les fonctionnaires, les frisés, les gauchers que j'accuserai Edwy de viser au travers moi.


http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017 ... ophete.php

Re: Actu France et Monde

16 Nov 2017, 06:50

En tout cas, ces histoires puent bien la merde, on progresse toujours d’un étage dans la division et les conflits. Les débats sur l’islam, ses dérives etc est (a la télé ou du moins médiatique)trop souvent caricatural. Ça donne l’impression qu’on est soit du côté de Zemmour Morano ou Plenel Ramadan. On va très vite dans l’exageration Dans un sens comme dans l’autre. Ça crée une dichotomie assez gênante. Plenel qui a fait un énorme travail sur de nombreux sujets fout tout en l’air avec son partisianisme et sa mauvaise foi. Charlie Hebdo me semble aussi dépassé d’ailleurs ( j’ai l’impression que leurs Unes, sont plus faites dans le but de montrer qu’ils n’ont pas peur, plutôt que pour caricaturer comme avant)

Re: Actu France et Monde

16 Nov 2017, 09:44

Betsamee a écrit:en fait vous avez raison ce morceau de merde ne merite pas cet eclairage mediatique.


C'est peut être un morceau de merde, mais le diffamer comme tu le fais, ce n'est pas se parfumer avec une autre odeur que celle que tu lui attribues.

Re: Actu France et Monde

16 Nov 2017, 09:46

Vous en avez pas marre de perdre votre temps à parler tous ces cons ? PLenel, Valls, Ramadan méritent juste l'ignorance la plus complète..

Re: Actu France et Monde

16 Nov 2017, 09:49

Rob77 a écrit:
Betsamee a écrit:en fait vous avez raison ce morceau de merde ne merite pas cet eclairage mediatique.


C'est peut être un morceau de merde, mais le diffamer comme tu le fais, ce n'est pas se parfumer avec une autre odeur que celle que tu lui attribues.

moi je suis deja islamophobe, mysogyne, raciste et con, j'ai rien a perdre

Re: Actu France et Monde

16 Nov 2017, 10:08

Dragan a écrit:Delio, rien qu'en revenant en janvier 2015 peu apres les morts chez Charlie Hebdo :

1. Il s'empressait de declarer au bondy blog : "Ces monstres sont le produit de notre société. Ce n’est pas l’islam qui a produit ces terroristes. Ces derniers se prétendent de l’islam mais n’ont rien à voir avec l’islam." En ayant tout un discours derriere qui limite va l'inversion de qui est la victime dans ce qui s'etait passe en janvier 2015 rejetant la causalite de ce qui s'etait passe sur l'organisation de la societe francaise et en refusant de parler de fanatisme religieux. (La reference au Oui je suis Charlie, Mais.. "OUI MAIS" de Riss hier dans son edito quand il parle des positions de Plenel des le lendemain des attentats les corps des dessinateurs de Charlie encore chauds..

2. Plenel Va s'afficher avec Tariq Ramadan toujours en Janvier 2015 et va expliquer '"il ne faut pas diaboliser quelqu'un parce que c'est un intellectuel musulman" et meme jusqu'a dire que c'est "un intellectuel respectable" [sic] :lol: puis "Et qu'est-ce qu'on dit ? 'Ah, il n'est pas clair. Ah, il a un double langage'. Encore une fois, je le lis et je l'écoute et je ne vois pas ou il est ambigu. Et il a fait plein de livres. Qu'est-ce que ça dit ce truc 'il est ambigu ? Ah l'arabe, il est un peu fourbe. Ah l'arabe, il a un double langage"



3. Sur les unes de Charlie en 2015 et avant, je rappellerai ses positions plus qu'ambigues deja a l'epoque : "Moi, je ne suis pas choqué... Ça ne me concerne pas... Mais je ne pense pas que dans le débat public, on puisse tout prendre à la rigolade, à l'ironie, à la moquerie. Dans ce moment de solidarité avec les caricaturistes, je les défends, je les soutiens, mais la haine ne peut pas avoir l'excuse de l'humour, et la moquerie est condamnable si elle s'attaque à des gens, à des identités ».
(quelle haine) ?

Sinon sur le coup de la "Guerre contr les musulmans" d'hier, suite a la une de Charlie Hebdo, ce qui est bien c'est que le Plenel devient meme amnesique et ne sait plus ce qu'il raconte :



Je te rappelle qu'un deferlement de haine encore sans precedent avec appels au meurtre (a nouveau) s'est deroule la semaine derniere contre Charlie mais ca Monsieur Plenel n'a pas l'air de beaucoup s'en preoccuper, pour ne pas dire pire...


Les trois points que tu rapportes, je suis assez en phase avec eux.

1- Le fait est que des compatriotes ont rompu avec notre société et l'attaque de front en se dotant d'une idéologie. Cette idéologie a-t-elle à voir avec l'islam. Je crois que oui, puisqu'on peut justifier pas mal de saloperies avec quelques versets coraniques. J'ai rapporté ici même ceux en lien avec la question féminine. Cela n'élimine pas pour autant toute réflexion sociologique sur le parcours de ces terroristes, et d'y rechercher des causalités. Cela s'appelle la sociologie. Valls est une merde qui pense qu'expliquer c'est vouloir excuser, c'est son droit. Libre à vous de penser que les sociologues qui bossent sur ces questions excusent les actes commis. Cela s'appelle de la diffamation et cette diffamation est liée à une crasse ignorance des objectifs d'une science ou alors à des objectifs idéologiques peu avouables. Valls se range dans la seconde catégorie à mes yeux.

2- La question de l'ambiguïté de Ramadan est vieille. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu une seule preuve du fameux "double discours" qu'on lui prête (un "lol" ne constitue pas une preuve à mes yeux désolé), y compris dans le récent lien posté par ce sujet par Ruby. J'y ai juste appris que c'était un escroc intellectuel ayant basé sa notoriété sur la sphère médiatique. Si vous adoptez partant de sa cuistrerie une démarche de ban médiatique, appliquez là à tous les autres (et ils sont nombreux) qui polluent les ondes et les écrans à longueur de temps. Assez étrangement peu d'entre-vous le demanderont. Posez vous alors la bonne question.

3- Je ne crois pas que les gens de Charlie Hebdo vouaient une haine particulière à l'islam. Quand bien même ce serait le cas, il faudrait tout de même défendre le droit à la caricature et la liberté d'expression, les tribunaux étant là pour juger quand la ligne rouge est franchie. Todd va plus loin sur la question: se moquer de la religion d'autrui qui plus est lorsqu'elle est celle du groupe des dominés dans la société devrait être requalifié en incitation à la haine religieuse, ethnique ou raciale indépendamment des tribunaux. Il a tort, de là à en faire un "soutien des terroristes islamistes", ou "idiot utile de l'islamisme", je pense qu'il y a un gouffre béant.

Cette polémique part des accusations sordides portées à l'encontre de Ramadan. Il y a dix jours je trouvais répugnant d'instrumentaliser les crimes potentiellement commis à des fins idéologiques et politiques autres que la question des violences faites aux femmes dans la société. C'est pas aujourd'hui que les choses prennent de l'ampleur dans la tentative de mise au ban médiatique de Médiapart, et des gens qui n'adhèrent pas à la ligne Valls.

Pour ma part j'ai rendu mon abonnement à Médiapart il y a plus d'un an. Non pas parce que la rédaction serait islamo-gauchiste (coucou revoilà les tolérants), mais parce qu'elle n'est pas assez gauchiste à mes yeux. Les débats de société c'est sympathique, mais c'est ça va bien 5 minutes pour le citoyen marxisant que je suis.
Sujet verrouillé