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Le collège de Bénévent (87) expérimente depuis 4 ans l'évaluation sans note
Au collège Jean-Monnet, on expérimente depuis 4 ans. Ici, on a dit adieu au relevé de notes et pour cause, on ne note plus, on pastille en vert ou en rouge avec l’approbation du recteur, Luc Johann, qui a visité l'établissement.
Depuis quatre ans, le collège Jean-Monnet a révisé sa manière d’apprendre et de noter. Après les 6e il y a trois ans, les 5e à la rentrée 2013, c’est au tour des 4e cette année de compter avec les pastilles rouges et vertes plutôt qu’avec les notes. Deux classes de chaque niveau sont concernées. De passage dans l’établissement après sa visite de l’école primaire, le recteur d’académie, Luc Johann, a salué cette expérimentation.
Une évaluation positive
« Elle est mise en place depuis quelques années, il y a du recul et l’on voit son bien-fondé au contact des élèves, souligne le recteur. Les équipes pédagogiques se sont approprié cette évaluation par compétence et ça, c’est forcément une plus-value au niveau pédagogique. » Cette pédagogie, remise à plat et réinventée, une vingtaine d’établissements limousins s’y sont engagés actuellement, dont les collèges de Chambon-sur-Voueize ou de Chénérailles. « C’est un système expérimenté partout en France qui sert de base aux études actuelles sur l’évaluation, explique Luc Johann. C’est le sujet du moment, la ministre a d’ailleurs lancé une grande conférence sur l’évaluation. »
Lui défend « une école bienveillante », qui a « une approche positive » de l’évaluation sans pour autant sacrifier à l’exigence. « Il ne faut pas que l’on soit bridé par une évaluation qui est souvent mal vécue par les élèves. Si vous avez un élève qui a 6 toute l’année, c’est dur, il va décrocher. L’approche c’est aussi de donner du plaisir à l’école, au savoir, pour que personne ne reste au bord du chemin, ce n’est pas seulement de noter. »
L’exigence, c’est aussi ce que revendique le principal du collège, Éric Gougeaud, qui a souhaité mettre en place deux autres expérimentations en parallèle de l’évaluation par compétence : la langue vivante 2 dès la 6e ainsi que les sciences expérimentales. Si la forme change, le contenu demeure, s’enrichit même. « L’objectif, c’est de voir comment on enseigne, quelle est la place de l’élève dans son apprentissage, quelle est sa progression et comment on peut le soutenir. Pour nous, l’évaluation doit être au service de la pédagogie et des apprentissages, on ne doit pas faire de l’évaluation pour faire de l’évaluation. »
L’an prochain, les 3e entreront dans la boucle des pastilles si la décision est prise collégialement. « On n’a pas voulu mettre en place cette nouvelle évaluation d’un seul coup afin de pouvoir travailler au fur et à mesure sur nos modalités de mise en œuvre et de pouvoir réévaluer nos méthodes et nos pratiques », souligne le proviseur. Pour le diplôme national du brevet où les notes prévalent encore, des équivalences seront possibles grâce au logiciel SACoche (*) qui permet d’évaluer par compétence et de transformer les informations en notes.
« On essaie de construire un individu dans sa pluralité »
Note ou pas note, l’objectif d’Éric Gougeaud et de ses équipes pédagogiques est de « construire des honnêtes hommes ». « On ne travaille pas que pour l’apprentissage du savoir mais on essaie de construire un individu dans sa pluralité au niveau des savoirs, des savoir-faire, de son épanouissement personnel aussi », confie le proviseur.
On aurait tendance à voir l’Éducation nationale immuable dans ses fondations, mais le recteur de l’académie aussi souhaite bousculer la rumeur et transformer l’institution en grand laboratoire consacré à la réussite des élèves : « On essaie d’avoir des pistes qui apportent plus de plus-value mais il faut expérimenter, il faut innover, il n’y a que comme ça que l’on arrive à faire vivre les établissements. »
(*) L’application SACoche permet le suivi d’acquisition de compétences et de les collecter pour assister la validation du socle commun.