Modérateur: Modérateurs
fourcroy a écrit:320cds, je suis bien en peine de te répondre. Ta question se situe en dehors de mon domaine de compétence et je m'intéresse peu aux questions liées à l'intelligence. Mon expérience, simplement étayée par des impressions, confirme ce que tu avances : je pense que les maths, comme les langues ou le dessin, et plus que d'autres domaines, sont liées au don plus qu'au travail.
C'est assez écœurant, mais certains comprennent immédiatement certains concepts mathématiques, alors que d'autres ont besoin de les voir et les revoir sous différents angles pour s'en forger, dans le meilleur des cas, une image vaguement utilisable.
Inversement, les très matheux peuvent avoir des limites étonnantes en matière de compréhension de leurs semblables, quand ces derniers ne raisonnent pas avec la même logique qu'eux. Leur discours leur paraît confus et incohérent et ils ne savent qu'en penser. Erdős, grand mathématicien auteur de plus de mille articles de recherche, dont en théorie des graphes, était connu pour être incapable de s'orienter seul dans une ville (sauf peut-être New York).
En maths joue sans doute une question de caractère. Pour y être à l'aise, il est indispensable d'en assimiler les concepts et, pour se faire, il est grandement utile de s'y intéresser. Ceux qui ne voient pas l'intérêt des maths, qui trouvent ça artificiel, déconnecté de leur réalité et de la réalité en général, qui ont besoin de concret, de toucher le réel et de le transformer ont beaucoup moins de chances d'y comprendre quelque chose que ceux qui sont naturellement attirés par le jeu intellectuel, l'universel, l'élégance du raisonnement, la force des idées.
Il y a aussi une question de degré. Même les gens doués en maths ont leurs limites dans la compréhension et la capacité à manipuler les concepts mathématiques. Serge Lang, un mathématicien américain au champ de compétence mathématique très vaste, auteur de nombreux livres niveau master et recherche, expliquait dans un traité de géométrie algébrique où il développait les ides de Grothendieck qu'il "avait bien sûr ses limites dans la compréhension des travaux" de ce dernier.
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