par gaby » 28 Mar 2019, 09:07
Thor, tu mets le petit smiley qui va bien mais je suis sûr que dans le fond, tu n'en penses pas moins. Déjà il faudrait arrêter de regrouper 5,7 millions de pélos derrière une même étiquette unique et universelle : fonctionnaire.
De l'employé municipal parc et jardin à l'infirmière de nuit en passant par le CPE en ZEP pour finir par le croque-mort des pompes funèbres, il y a autant de lien qu'entre le réchauffement climatique et l'immigration.
Après, oui, bien sûr qu'il y a des feignasses dans la fonction publique. Et ça me fait toujours halluciner de voir 4 mecs pour un carré de jardin ridicule ou encore certains potes squatter Twitter toute la journée. Mais je ne suis pas sûr que ce soit propre à la fonction publique. D'ailleurs sais-tu qu'un employé de bureau du privé passe en moyenne 1h15 par jour sur internet à ses fins personnelles ? Rapporté sur une année, ça lui fait presque 2 mois de glandouille au frais de l'employeur. Mais cela, c'est rarement pointé du doigt.
Alors je vais uniquement parler de l'enseignement, car c'est mon domaine d'intervention. La grande marotte du beauf taille XXL, c'est que les enseignants sont des grosses feignasses qui débauchent à 16h15 et jouissent de 18 semaines de vacances par an. Je ne sais pas sur quelle exoplanète vivent ces types mais si un prof taffe moins de 40h par semaine en moyenne sur l'année civile, je ne vois pas comment il peut assurer un travail décent face à ses élèves.
Je compte de mon côté 2 h de préparation pour 1 h de cours. C'est le minimum pour s'assurer que le fond, au delà de la rédaction même, réponde au programme fixé, est amené sous un bon angle et fait ressortir les points essentiels. Il y a ensuite la forme à travailler, la présentation. Car si jusqu'au début des années 2000, cet aspect était complètement négligé avec des grands pavés de littérature à ingurgiter, ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui. Ça ne tombe pas tout mijoté du ciel tout ça !
Et puis il y a toute la partie managériale du métier : comment animer une séance, réussir à capter les attentions, rendre le cours interactif et ludique. Ce n'est pas une sinécure ça non plus. Et ça demande une certaine énergie, chaque jour, quelle soit ta forme au réveil. On ne peut pas se cacher dans ce métier les jours de moins bien. Il y a un public qui attend sa séance.
Et enfin il y a la dernière face du job (et qui me concerne moins car j'ai un public plus âgé) : gérer les enfants difficiles et, plus chronophage et énergivore encore, les parents difficiles. Je crois que tant qu'on a pas mis un pied dans le milieu, on n'a pas idée des énergumènes qui font notre société. Des enfants totalement fêlés dès leur 7 ans, par un contexte familial dramatique où la violence est le quotidien. Les gamins en foyer ou orphelin ou victimes de parents incestueux. Ce n'est pas seulement une blague sur les Ch'tis. C'est beaucoup plus fréquent. Faut les gérer ces gamins dans la classe, c'est pas la planque. Et puis il y a les parents enfin, entre les cassos de première qui ne comprennent pas les règles communes, les autres qui croient que c'est le centre aéré ici et enfin ceux qui te menacent à la moindre contrariété, c'est quelque chose aussi.
Et tout ça pour quoi ? 1 800 € par mois en début de carrière avec un Bac +5 pour que le premier blaireau qui se serine à RMC H24 te traite de feignasse alors qu'il n'est même pas capable de gérer son propre gamin. Bah merci bien !