Marx et Freud, deux grilles de lecture qui ont profondément marqué le XXème siècle et aussi montré leurs limites. En tant que vérités intangibles, il n'est pas scandaleux qu'elles disparaissent, mais elles restent importantes sur le plan critique et pour comprendre l'histoire de la pensée.
Je suis plutôt d'accord avec le fait que les programmes doivent évoluer. Mais comment ne pas y voir une prise en main politique des programmes par Blanquer et son équipe derrière ?
fourcroy, pour ce qui est de la vérité intangible, c'est justement avec la philo, où tu apprends à structurer un raisonnement, que tu peux contester les arguments de Freud et Marx. La qualité de leurs écrits est incontestablement de haut niveau. Quand je parle de culture générale, c'est ce pourquoi l'école doit être émancipatrice : donner les clefs d'hier pour construire le monde de demain. En cela, nous devons garder une certaine exigence de cette culture générale. Or, en enlevant certaines notions au programme de philo comme l'inconscient et le travail, le ministre sait pertinemment que, les professeurs devant assumer un programme d'enseignement, ceux-ci devront faire l'impasse sur des auteurs pourtant essentiels pour comprendre l'Histoire.
aristote2, tout dépend. Maintenant je sais pas, mais de mon époque, en série scientifique, la philo on en avait RIEN à foutre. Et la seule chose que j'en ai retenu car la prof était en arrêt maladie de longue, et qu'on a eu un remplaçant à moitié de l'année, c'est l'allégorie de la caverne et le remplaant qui nous disait "Je pense donc je suis"mais on pourrait très bien dire "Je bande donc je suis". On faisait nos devoirs de Maths en cours de Philo du coup.
Structurer sa pensée c'est bien, mais nous, en tout cas, on était trop "jeunes" et notre pensée on l'a eu par le vécu et l'expérience (âge toussa). Puis les programmes... rien n'empêche de dépasser les attendus (tant que c'est pas évalué).
Donc c'est clair et assumé l'éducation nationale doit être une usine à propagande et on enseigne que les choses qui conviennent au système.... On devrait aussi s'intéresser au travaux du neveux de Freud : Edward Bernays le père de la propagande politique institutionnelle, ou comment on manipule l'opinion.
aristote2, quelles sont les clefs d'hier nécessaires pour comprendre le monde de demain, c'est bien la question. Le monde change, certaines clefs perdent de leur pertinence.
La pensée libérale a relégué la lecture marxiste au rang de curiosité historique. Le concept d'inconscient reste quelque chose d'assez prégnant, mais la métapsychologie freudienne est largement battue en brèche et perd continuellement du terrain (autant que je sache).
Pour prendre un autre exemple, si tu n'as pas de bonnes connaissances de base sur le christianisme, tu passes à côté d'une bonne partie de l'art occidental et tu ne peux pas comprendre une partie de l'histoire de l'Occident. Pour autant, la société française actuelle est déchristianisée et cette connaissance n'est plus nécessaire pour comprendre le monde européen d'aujourd'hui (à la réserve près que sans représentation de la spiritualité, tu passes à côté des problématiques soulevées par l'Islam). Pourtant, dans le programme de philo d'hier comme d'aujourd'hui, il n'y a pas d'étude de la spiritualité.
Le livre de Marx est une critique du capital, du système il critique Adam Smith ne plus l'enseigner cela reviens à ne plus mettre en avant une critique, quand on voit déjà comment sciences po ou l'ena formate les soi disant élites de la nation... Et les travaux de Freud et de sa famille ont plus que l'on croit un impact sur nos vies, tout se qui touche à l'inconscient , au neuro sciences et au science cognitives ont été influencés par Freud. Saint Augustin , Blaise Pascal sont toujours au programme de philo ?
Le commentaire suivant n'est pas de moi mais j'y souscris complètement. Il ne s'agit pas d'être "pour ou contre" ces auteurs mais d'une certaine exigence de la culture générale et de la capacité de réflexion associée.
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"Je ne suis pas prof de philo mais j’apprécie la discipline . Si Marx et Freud disparaissent des programmes , autant dire que bon nombre de générations ne les connaîtront jamais ; qu’ils ne sauront même pas en mesure d’en avoir une approche plus critique. C est de l abêtissement « programmé » . " L'humanité s'installe dans la mono-culture ; elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat. " "
Je ne suis pas expert, mais dans toute l'Histoire il n'y a que Marx qui a eu une réflexion sur le Travail? On ne parle que de sa pensée à lui, il n'y a pas d'autres philosophes, d'autres courants d'opinions à traiter? Depuis l'Antiquité jusqu'aux Lumières et après, parler Travail c'est parler de Marx? J'avoue que j'ai beaucoup de mal avec le "c'est à dire Marx". Idem pour l'Inconscient d'ailleurs, mais là j'ai encore plus de mal à voir le côté politicien de la réforme. Je dirais plutôt que si irruption de la politique dans la philosophie il doit y avoir, ce serait justement en ne traitant le Travail que par le prisme de Marx. Ce qui est probablement le cas de pas mal de profs de philo, justement pour des questions idéologiques, mais à l'inverse de ce que tu dénonces. A la limite j'aurais fait le reproche inverse, à savoir que l'EN ne souhaite plus mettre en avant la valeur Travail dans ses programmes, comme quoi chacun peut tout interpréter comme il veut.
Je n'ai pas regardé la réforme mais manifestement il n'est pas question d'interdire de parler de Marx tout en laissant le thème du Travail. On peut donc se poser la question légitime de l'allègement des programmes et de la perte de culture associée, se demander par quoi ça va être remplacé si ça l'est, mais de là à y voir une visée politicienne à mon avis vous faites fausse route. Tout au plus ça peut empêcher certains profs de faire de la propagande marxiste pendant la moitié de l'année, est-ce vraiment un mal...
Plus concrètement, jester a raison sur la philo dans les filières scientifiques (et à mon avis partout à part en L). Globalement tout le monde s'en fout, Marx/Freud ou pas. Ce qui ne m'aura pas empêché d'avoir eu 16 au bac .
Personnellement j'étais en S, et les seuls cours dignes d'intérêts étaient à mes yeux l'histoire-géographie et la philosophie. Ne pas voir l'idéologie des réformes Blanquer n'est rien d'autre qu'une preuve de plus qu'elle se dissimule en tant qu telle du fait qu'elle est l'idéologie dominante.
Dans un tweet posté vers midi, Jean-Michel Blanquer a affirmé que « la bataille de Verdun sera évidemment étudiée en classe de 1re. Elle n’était pas dans les précédents programmes. Les nouveaux sont plus détaillés et chronologiques. Avec une partie sur la guerre de position. Verdun, déjà étudié en 3e , est indissociable de la bataille de la Somme. »
Pearl, c'est encore pire que ce tu penses ! Les enseignants ne sont pas seulement des gauchistes, ce sont de dangereux bolcheviques qui n'ont d'autres buts que de pervertir nos chères têtes blondes afin de préparer le retour du stalinisme. J'en veux pour preuve la horde de profs d'Hist-Géo, de philo que j'ai eu par le passé et mes proches qui enseignent encore aujourd'hui : ils ont tous le couteau entre les dents !
Sans déconner, tu te fatigues pas toi-même avec ces préjugés à la con ?
Pearl a écrit:Je n'ai pas regardé la réforme mais manifestement il n'est pas question d'interdire de parler de Marx tout en laissant le thème du Travail. On peut donc se poser la question légitime de l'allègement des programmes et de la perte de culture associée, se demander par quoi ça va être remplacé si ça l'est, mais de là à y voir une visée politicienne à mon avis vous faites fausse route. Tout au plus ça peut empêcher certains profs de faire de la propagande marxiste pendant la moitié de l'année, est-ce vraiment un mal...
(...) Ce qui ne m'aura pas empêché d'avoir eu 16 au bac .
Le problème de la propagande du gouvernement en somme. Comme dit Gastibelza, tu ne fais que répéter des poncifs à l'encontre des enseignants. Le fait d'enlever la notion de travail enlève de fait l'intérêt d'étudier de manière pertinente et critique la réflexion de Marx. Evidemment, un professeur de philo (ou autre) peut aborder Marx ou Freud hors programme. Mais ne pas voir une prise en mains politique et conservatrice des programmes serait presque malhonnête.
Pour info, j'ai un bac S, j'ai eu 7 en philo car je suis tombé sur une prof qui ne m'a pas du tout intéressé. Je pense également que j'étais pas du réceptif non plus à 17 ans à ce genre d'enseignement. J'ai (re)découvert véritablement la philo lorsque j'ai commencé à m'intéresser aux sciences de l'éducation, notamment la notion d'autorité à travers Hannah Arendt et Eirick Prairat. J'avais 25 ans, plus mature (ou pas ).
Gastibelza a écrit:Pearl, c'est encore pire que ce tu penses ! Les enseignants ne sont pas seulement des gauchistes, ce sont de dangereux bolcheviques qui n'ont d'autres buts que de pervertir nos chères têtes blondes afin de préparer le retour du stalinisme. J'en veux pour preuve la horde de profs d'Hist-Géo, de philo que j'ai eu par le passé et mes proches qui enseignent encore aujourd'hui : ils ont tous le couteau entre les dents !
Sans déconner, tu te fatigues pas toi-même avec ces préjugés à la con ?
Ce n’est pas moi qui m’insurge contre une réforme soit disant de propagande politique de Blanquer. Je faisais une contre argumentation juste pour montrer qu’on pouvait penser le contraire avec les mêmes faits. Comme fourcroy je pense simplement qu’ils suppriment des choses qui leur semblent obsoletes.
Sinon j’ai eu 5 profs d’histoire géo et un prof de philo entre la 6e et la terminale, 4 sur 6 avaient leur carte du PC, la ville était assez petite, c’était connu. Si tu y ajoutes Rob c’est plus des préjugés c’est de la statistique... En gros il doit y avoir autant de profs d’histoire libéraux que de traders marxistes . Cela étant dit il y en avait un qui était irréprochable et n’a jamais parlé politique. Les autres faisaient parfois des allusions qui rendaient leurs opinions assez claires mais sans faire de propagande non plus. Et un qui aurait du être interdit d’exercer s’il avait été enregistré.
Rob77 a écrit:Personnellement j'étais en S, et les seuls cours dignes d'intérêts étaient à mes yeux l'histoire-géographie et la philosophie.
Désolé mais ... qu’est-ce que tu foutais en S ? Il a fallu que tu arrives jusque là pour savoir ce que c’était qu’un cours de maths ou de SVT? Ou plus probablement tu es allé en S sans aucun goût pour ce qui y est enseigné mais parce que « c’est là que vont les meilleurs et qu’on peut tout faire après ». Même prof d’histoire géo, c’est dire si cette assertion se vérifie. Au moins les S qui se foutent de la philosophie sont cohérents avec leur choix de filière, ils s’intéressent aux sciences.
En quoi les sciences et la philosophie seraient incompatibles ? D'ailleurs, les sciences sont en soi un sujet en philosophie. Enfin, les meilleurs élèves scientifiques excellent également en philosophie.
Dragan a écrit:Pareillement fait S et pareillement mon intérêt ne s’eveillait vraiment qu’en cours de philo et d’histoire géo. Et en sport aussi quand même