Modérateur: Modérateurs
Limoges, bravo quand même.
On va laisser au troquet les lieux communs "un match dure 40 minutes" et tutti quanti, hier, Limoges est mort les armes à la main. En face, un mastodonte, un ogre européen, le CSKA Moscow et son budget 5,5 fois supérieur à celui du CSP, son expérience dans la compétition et ses joueurs du gratin européen (Teodosić était dans le 5 type du dernier Mondial). Le scénario laisse bien évidemment d'énormes regrets (+11 à l'entrée du dernier QT) mais finalement, eu égard à ce tel rapport de force, pouvait-il en être autrement qu'une défaite face à un club qui appartient à un autre univers ?
La victoire a été envisagée, touchée du doigt, elle était à portée de main des limougeauds - preuve en est que s'il y a un domaine qui rend l'impossible accessible c'est bien le sport, mais les cerclistes n'ont pu que laisser faire le destin et accepter de perdre face à un titan. Ils ont littéralement été emportés par la vague moscovite destructive qui raflait absolument tout ce qui lui faisait barrière sur son chemin.
En soi, encaisser un 5-27 à domicile dans le dernier QT est au mieux une ignominie, sinon une faute professionnelle, dans les faits, c'est tout autre. Cette défaite n'a pas à faire rougir. Limoges a tout simplement flanché mentalement, face à la pression de l'adversaire et l'opportunité de réaliser un des plus beaux exploits européens du Basket français des 10 dernières années. Il n'était pas préparé à ce scénario, il n'a pas su le gérer, il s'est retrouvé dans un costume qui n'était pas le sien et, de fait, un costume qu'il était incapable d'arborer. Il n'y a pas eu de défaillance dans l'engagement ni de suffisance des joueurs mais juste un énorme manque de répondant sur le plan mental. La marche était tout simplement trop haute, les joueurs ont eu peur de gagner, ça arrive malheureusement, et quand les moscovites ont commencé à refaire leur retard petit à petit, c'en était terminé des limougeauds alors déjà aux abois dans les têtes depuis qu'il s'était présenté à eux la possibilité de renverser le favori de la compétition.
C'est la haut que ça a lâché, tout simplement, et relation de cause à effet, quand la tête ne suit plus le physique vous abandonne. Que reste-t-il à faire ? Tout devient très compliqué, le moindre geste est un véritable supplice, les joueurs sont dans le gaz, en retard dans tous les duels, plus rien ne marche, et malgré tout ils étaient à 120% dans l'investissement. Il n'y a rien à faire, c'est affreux et cruel mais c'est la loi du plus fort qui parle. On a le sentiment de passer tout près de l'exploit alors qu'en réalité on en est à des années lumières.
Ce qui a distancé le CSP de la victoire hier, et elle n'est pas des plus infimes, c'est l'expérience. La moitié des joueurs dispute sa première campagne d'Euroleague, côté CSKA c'est la 3, 5, 7, 10ème année avec certains joueurs ayant tâté la NBA. C'est tout sauf un détail et lorsqu'une rencontre se joue dans la tête comme hier, un tel déficit à ce niveau ne pardonne pas - quel que soit le niveau intrinsèque des joueurs et quels que soient les budgets des 2 clubs. C'est une donnée indépendante du sportif pur et des finances, l'expérience. Elle ne s'acquiert qu'avec le temps, la répétition des matchs comme hier et fatalement se prendre d'autres déconvenues. Il faut payer pour apprendre comme on dit. Dans 2-3 ans sans doute qu'à scénario similaire Limoges gagnera ce match mais pour sa première dans la reine des compétitions c'était encore prématuré.
C'est donc ce constat qui m'amène à l'indulgence avec les joueurs, j'ai le sentiment qu'ils ont fait leur maximum, en prenant 2 QT à un futur membre du Final 4 et en jouant les yeux dans les yeux le plus gros budget de la compétition pendant 30 minutes. Personne ne l'aurait parié avant le match, alors bravo à eux pour ce mini exploit.
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