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Dubaï, paradis des narcotrafiquants
Depuis quelques années, l'émirat est la base arrière des plus gros narcotrafiquants français. Entre voitures de sport, appartements luxueux et bars à chicha, ils y blanchissent leur argent en toute impunité. Mais le vent commence à tourner... Reportage.
Pour déposer leurs enfants à l'école, Tarik K. ou son épouse doivent d'abord descendre quatre étages pour se rendre dans leur parking climatisé. A Dubaï, où la température frôle les 50 °C l'été et ne descend jamais en dessous des 20 °C l'hiver, les immeubles de luxe refroidissent même leurs parties communes. Là, un large choix de véhicules s'offre à eux pour s'engouffrer sur l'une des six voies qui sillonnent l'émirat : deux Lamborghini, une grise (modèle Aventador) et une jaune, une Mercedes classe G noire, une Porsche grise ou une Bentley 4×4 marron. La Ferrari Spider, elle, semble davantage taillée pour les courses automobiles sur circuit, le hobby de ce père de famille de 37 ans.
Il y a encore cinq ans, à 5 000 kilomètres de là, sur les rives industrielles de l'étang de Berre à Istres (Bouches-du-Rhône), Tarik K. n'avait aucune profession déclarée. Il a bien ouvert un petit commerce d'alimentation en 2010, mais celui-ci a été mis en sommeil un an plus tard. Son épouse, elle, déclare être « femme de ménage » sur son passeport. Les comptes en banque du couple en France sont vides. Pourtant, tout ce que peut offrir Dubaï - la ville la plus déjantée du golfe Persique - leur est accessible depuis leur arrivée dans l'émirat, en 2017.
Parmi les innombrables programmes immobiliers de luxe qui pullulent sur ce bout de désert, ils ont opté pour un appartement dans le très chic quartier d'Al Barsha. Ils l'ont payé comptant, 500 000 euros. L'endroit est idéal, à deux pas de la mer, tout près aussi du centre vibrionnant de la cité et de la tour Burj Khalifa qui tutoie le ciel de ses 828 mètres. Le week-end, Tarik K. et sa famille ont l'embarras du choix. Ski indoor ou patinage dans un de ces malls surclimatisés, à faire défaillir un expert du Giec. Excursions VIP dans le désert, vantées par les innombrables publicités qui longent les routes de la ville. Parfois, Tarik K. décroche sa photo dans le journal local, brandissant une coupe sur un podium dans sa combinaison de pilote.
En quelques années, le Français est devenu l'une des stars de la Gulf Radical Cup, championnat automobile organisé à Dubaï réunissant tout le gotha des émirats, hommes d'affaires, membres de la famille royale, responsables politiques.
L'été dernier, la vie dorée de Tarik K. alias « Bison », a subitement pris fin. Le 25 juillet 2022 au petit matin, la police de Dubaï enfonce la porte de son bel appartement, un mandat d'arrêt international en main. Une juge d'instruction marseillaise le soupçonne d'avoir organisé l'importation de 3,3 tonnes de cocaïne (valeur : 230 millions d'euros) dissimulées dans une cargaison de purée de banane partie du Costa Rica pour rejoindre Marseille en février 2020. La plus grosse saisie jamais réalisée en France.
Aux yeux de l'Ofast (Office anti-stupéfiants), « Bison » passe pour être l'une des versions les plus abouties du narcotrafiquant made in France. Inconnu des services de police dans l'Hexagone, l'homme a grandi loin des radars. D'abord des vols de voiture, puis des « go fast », selon certains membres de son entourage qui se souviennent de ses talents précoces de pilote. Il aurait ensuite croisé la route du « clan de Marignane », l'un des plus puissants de la région marseillaise au début des années 2010. Puis, exilé à Dubaï, devenu aux yeux de tous un homme d'affaires irréprochable, il piloterait en sous-main une partie du trafic de cocaïne en Europe. C'est le décryptage de Sky ECC, une application cryptée prisée des narcos du monde entier et surnommée « la messagerie du crime », qui aurait finalement permis de le confondre.
Une sécurité sans pareille
Dubaï, paradis des malfrats ? Personne n'a soudainement découvert, le matin de l'arrestation de « Bison », que cette ville aux allures de parc d'attractions pour adultes avec ses plages artificielles, ses influenceuses à gogo et ses nuages qu'on fait pleuvoir sur commande, était devenue l'un des points de chute privilégié des narcotrafiquants recherchés par la France. Selon les estimations policières, ils seraient une trentaine à s'être installés à Dubaï, dont une poignée de chefs parmi les plus puissants de l'Hexagone mais aussi des « petits », des boss de cité devenus richissimes grâce à la manne d'argent démentielle dégagée par le trafic.
Première raison de ce choix : l'émirat leur offre, à eux comme aux narcos du monde entier, une sécurité sans pareille. Pendant que leurs clans s'entretuent dans d'interminables guerres de territoire (15 morts à Marseille depuis janvier), les caïds, eux, se la coulent douce à Dubaï, sans rien craindre. Le taux de criminalité y est l'un des plus bas au monde, le système de reconnaissance faciale permet d'arrêter n'importe qui en un temps record, bref le terrain est peu propice aux fusillades.
Autre atout : il est également peu propice aux poursuites judiciaires pour blanchiment. L'argent qui entre ici n'est pas contrôlé, tant qu'il est dépensé. Ce laxisme vaut d'ailleurs à Dubaï son inscription sur la liste grise du Groupe d'Action financière (Gafi), un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Le mode de vie, religieux mais tolérant, exerce aussi son pouvoir d'attraction. Sauf que depuis quelques mois, l'arrestation de « Bison » en témoigne, le ciel de ce petit paradis s'est obscurci : la coopération entre les polices française et dubaïote se renforce, les arrestations se multiplient et la vie dorée des narcos en exil est sérieusement menacée.
Cocaïne : la France des narcos, enquête sur une infiltration mafieuse « Le précurseur, celui qui a ouvert la voie, c'est Kevin Doure »,retrace un avocat, spécialiste des dossiers de trafic de stupéfiants. Surnommé « le Pablo Escobar français », le jeune homme originaire de Fort-de-France s'installe à Dubaï à la fin des années 2000. Agé d'à peine 30 ans, il est réputé être à la tête d'un important réseau d'importation de cocaïne du Venezuela vers Le Havre et s'installe dans le quartier le plus onéreux de la ville, « The Palm », une île artificielle construite en forme de palmier au large de Dubaï. Finalement interpellé en France en 2013, il sera condamné à une peine de vingt-deux ans de prison cinq ans plus tard. Qu'importe, il a lancé le mouvement.
Dans son sillage, des dizaines de trafiquants posent à leur tour leurs bagages à Dubaï, lassés du Maroc qui offre bien moins de réjouissances que l'émirat. D'autres fuient la Costa del Sol, longtemps lieu de refuge et de divertissement des malfrats tricolores, où les fusillades s'enchaînent. D'autant que la justice française dispose d'accords d'extradition et de coopération avec l'Espagne lui permettant d'arrêter les personnes et de saisir les villas. A Dubaï, rien de tout cela. Les jours s'y écoulent tranquilles et luxueux.
Les enquêtes menées sur place ou depuis la France le montrent : à Dubaï, les vies des trafiquants se ressemblent toutes. En arrivant, il leur faut d'abord obtenir un visa, l'émirat ne tolère pas les étrangers oisifs plus de trente jours sur son sol. L'argent règle souvent le problème. Via des circuits bancaires élaborés de blanchiment, ou grâce à des systèmes de compensation de cash entre la France et les Emirats - le plus souvent l'hawala, qui permet de faire circuler de l'argent d'un pays à l'autre grâce à des banquiers informels et sans que l'argent lui-même ne se déplace -, les narcotrafiquants investissent dans le pays. L'achat d'un appartement luxueux, comme celui de « Bison », permet d'obtenir un « golden visa ».Un expatrié français à Dubaï - ils sont environ trente mille - raconte :
« Ici, on achète sa maison assez fréquemment avec des valises de billets, c'est même plus simple que par virement, raconte u. On peut même payer en bitcoin. »
Un autre moyen d'obtenir le précieux permis de séjour est de justifier d'un talent particulier, quel qu'il soit. Un joueur de foot international l'obtient par exemple automatiquement. Mais aucune des cibles de l'Ofast n'a pour l'instant obtenu de visa par cette voie.
Tous achètent ensuite une licence pour ouvrir leur entreprise, moyennant 1 500 euros environ. Personne ne contrôle si de l'argent entre ou sort de celle-ci, seule compte la coquille, peu importe qu'elle soit vide. Hakim Berrebouh, considéré comme le patron du deal de stups de la Cité des Flamants à Marseille, était connu à Dubaï comme « model maker » (concepteur de maquettes) dans un cabinet d'architectes local. Moufide Bouchibi, l'un des plus gros importateurs de cannabis en France selon la justice, était enregistré comme « rénovateur d'appartement » ; Ouicem K. , originaire de Sevran et recherché pour meurtre en bande organisée sur fond de trafic de stupéfiants, comme livreur de repas à domicile. Ce dernier a également investi dans la pierre : un appartement situé dans l'un des buildings les plus recherchés de la ville, le « Sky View », constitué de deux tours jumelles reliées par un pont équipé d'une piscine à débordement de 70 mètres de long. Quant à « Bison », lui a officiellement fait fortune dans l'immobilier.
Au bord de la marina du centre-ville, où souffle le soir un petit air salvateur, les restaurants, bars et hôtels s'alignent. Mais les chichas restent le point de rendez-vous privilégié des trafiquants français. Le Marseillais Karim Harrat, mis en cause dans quatre dossiers de règlements de comptes, était d'ailleurs connu à Dubaï comme propriétaire de l'une d'entre elles, la « Marbaiya ». Comme « L'Afteroom » ou la « Lounge Chicha », ces établissements se ressemblent tous avec leurs écrans géants où sont diffusés tard le soir les matchs de Ligue 1, notamment ceux de l'OM et du PSG (en hiver, il est 3 heures de plus à Dubaï qu'à Paris). Toujours les mêmes banquettes, l'odeur sucrée des fumées, les décors impersonnels. L'une de ces chichas organisait même un temps des soirées thématiques intitulées « Bande organisée », en hommage au morceau d'un collectif de rappeurs marseillais emmenés par Jul et SCH, comme aux pedigrees des clients.
Seule activité, investir son argent
Sur place, les narcos se mêlent aussi au petit monde des influenceurs. Ils fréquentent les mêmes cafés et les mêmes hôtels. Leurs enfants vont au lycée français, certains sont même boursiers : logique, les parents n'ont aucun revenu déclaré en France. « Ce qui est étonnant c'est qu'ils se fréquentent tous », poursuit une source judiciaire, spécialisée dans ces dossiers. Alors que leurs hommes se tirent dessus du côté de Marseille, à Dubaï, le boss de la cité de la Paternelle côtoie celui de la Capelette et de la Busserine, un peu comme des compatriotes éloignés de leur base et contraints de se serrer les coudes. Claquettes aux pieds, short de foot, ils surveillent sur leur téléphone la villa avec piscine abandonnée au pays grâce à des systèmes élaborés de vidéosurveillance. Pestent contre la climatisation, trop froide. Et finissent, lassés de la salle de sport, par évoquer, nostalgiques, « le bruit des cigales ».
Ici, la seule activité pour les narcos est d'investir son argent, pour le blanchir le plus efficacement possible. « Dubaï est une mine d'opportunités pour cela, détaille un enquêteur. lls y côtoient des énormes fortunes, qui leur servent de banques informelles. Des gens qui brassent de 500 millions à 1 milliard d'euros par an et peuvent leur débloquer, moyennant des petites commissions, 100 000 euros par-ci, 100 000 euros par-là. »
Plus basique, ils investissent dans des voitures de luxe ou des montres, et les revendent sur le marché de l'occasion. Selon un habitué, les magasins Rolex de l'émirat se retrouvent parfois, pendant plusieurs semaines, à court de montres à vendre.
Au paradis des narcos, le premier coup de tonnerre tombe voici deux ans. Coup sur coup, le « rénovateur d'appartement » Moufide Bouchibi et le « concepteur de maquettes » Hakim Berrebouh sont interpellés sur demande de la France avant d'être rapidement extradés.
Le second évoquera sa proximité avec l'ancien joueur de l'OM et de Manchester City Samir Nasri, lui aussi installé à Dubaï. Ce dernier s'était engagé à lui payer sa caution (150 000 euros), il est par ailleurs parrain de sa fille. Mais rien n'y fait, Berrebouh est incarcéré par la justice française. C'est alors la première fois que Dubaï répond à une demande des autorités françaises dans le domaine du trafic de stupéfiants. « C'était une belle surprise pour nous, se souvient une source policière, mais on a été nombreux à se demander si ces mesures n'étaient pas juste opportunistes et sans lendemain. » A cette date, les Emirats tentent en effet de faire élire à la tête d'Interpol leur candidat, le général Ahmed Naser Al-Raisi, alors visé en Europe par plusieurs plaintes pour torture. Pas simple. Ils ont donc besoin des voix de la France et donnent des gages de bonne volonté en procédant à ces arrestations. Le général est élu et, contre toute attente, la coopération se poursuit.
En 2022, une vingtaine de personnes recherchées par la France pour trafic de stupéfiants ont ainsi été interpellées. Certains d'entre eux en grande pompe. Vidéos embarquées, transferts des suspects en voiture de luxe (la police de Dubaï roule en Bentley, Maserati et Lamborghini) : ces opérations sont relayées sur les réseaux sociaux via des petits clips aux montages survitaminés. Elles ne visent pas que des Français. En novembre dernier, lors de l'opération « Desert Light » pilotée par Europol, 49 personnes sont arrêtées dans le monde entier dont six à Dubaï. Toutes sont suspectées de faire partie d'un super-cartel de la drogue basé dans l'émirat, soupçonné de fournir un tiers de la drogue consommée en Europe. Dans la « coupole » dirigeante figureraient : un Néerlandais, Ridouan Taghi, patron de la redoutable Mocro Maffia actuellement jugé à Amsterdam ; un ancien policier bosniaque, Edin Gadacin ; un Italien de la Camorra déjà arrêté, Raffaele Imperiale ; un Irlandais en fuite et ancien promoteur de boxe, Daniel Kinahan ; ainsi qu'un Français du Val-de-Marne, sur lequel peu d'informations ont filtré et ayant réussi à échapper aux arrestations.
Tous se seraient rencontrés là, sur ce confetti du golfe Persique. « Bison », lui, était la plus grosse prise de l'été dernier pour la France. Son dossier avait été transmis, en personne, par la patronne de l'Ofast au chef de la police de Dubaï. Une antenne locale de l'Office a depuis été créée sur place pour renforcer encore cette coopération.
Interpol et ses « notices rouges »
« La collaboration avec la France est excellente, nous échangeons, nous travaillons ensemble et nous ne voulons qu'une seule chose : c'est que cela s'améliore encore »,confirme, large sourire et chaleureux, le général Abdullah Khalifa Al Marri, le boss de la police de Dubaï. On est le 7 mars 2023, cinq mois après « Desert Light », neuf mois après l'arrestation de « Bison ». Uniforme militaire, entouré d'un aréopage d'Emiratis en costume traditionnel, le général déambule dans les allées du « Sommet mondial de la police » organisé tous les ans à Dubaï. Les polices du monde entier ont fait le déplacement, française y compris, et tout ce petit monde en uniforme s'extasie devant les hélicoptères miniatures du stand Airbus, les tanks grandeur nature d'un constructeur américain et les robots-chiens de surveillance.
Une petite heure auparavant, dans un salon VIP en marge du sommet, s'est jouée une petite cérémonie discrète. L'enjeu est si grand pour la France que les bonnes relations entre les deux polices relèvent maintenant de la diplomatie, et une mission particulière a été confiée à l'ambassadeur de France aux Emirats, Nicolas Niemtchinow, par ailleurs ancien directeur de la stratégie à la DGSE. Ce dernier a profité du salon pour remettre l'ordre national du Mérite au général Al Marri au nom d'Emmanuel Macron. Sophie Hatt, directrice de la coopération internationale de la police nationale française, a fait le déplacement pour l'occasion. Gérald Darmanin, lui, a annoncé un voyage sur place avant l'été. « Nous en sommes ravis », nous assure le général Al Marri, une médaille de plus à son plastron, poursuivant sa tournée du salon.
L'année qui arrive s'annonce bien remplie. Une vingtaine de personnes recherchées par la France dans les plus grosses enquêtes de trafic de stups sont localisées dans l'émirat. Des notices rouges d'Interpol - qui demandent la localisation et l'arrestation de la personne - ont été émises à leur encontre. Une partie figure dans le « Top Nat », le classement créé par l'Ofast qui regroupe les dix trafiquants les plus recherchés de l'Hexagone. Un peu moins de la moitié sont des blanchisseurs. Et une poignée a trempé dans des affaires de règlements de comptes. Karim Harrat, le tenancier de chicha soupçonné d'être impliqué dans quatre assassinats, a par exemple été arrêté au Maroc, après avoir quitté Dubaï pour quelques jours. Il a été remis à la France au mois de février. Quelques jours plus tard, la « Marbaiya » avait déjà changé de nom et de propriétaire. Sur le sol dubaïote, Ouicem K. a été extrait début février au petit matin de son appartement de la « Sky View » pour rejoindre les geôles de la prison locale. Ses livraisons de repas à domicile ne manqueront à personne. Aucune activité n'avait été enregistrée sur les comptes de la société. Son sort va maintenant se jouer à 150 kilomètres de là, à Abu Dhabi, siège de la justice du pays.
La décision d'extrader les personnes visées par des notices rouges vers les pays qui les réclament appartient aux magistrats. « Cette étape est encore compliquée à franchir, constate une source policière. La police coopère, mais sans que l'on comprenne véritablement pourquoi les demandes d'extradition sont parfois rejetées. Surtout pour les logisticiens. La justice semble plus prompte à extrader des personnes qui ont du sang sur les mains que celles soupçonnées de délits financiers. »
Dubaï : quatre hommes supectés de narcotrafic par la France remis en liberté après leur arrestation Mourad D., par exemple, a été remis en liberté quelques semaines après son interpellation en mai dernier. Installé à Dubaï depuis plusieurs années, cet habitant de Cannes, déjà condamné à trois ans de prison en 2018 pour son implication dans le volet marseillais de l'escroquerie à la taxe carbone, est soupçonné d'avoir été l'un des logisticiens d'une livraison de cocaïne (entre 300 et 800 kilos) dissimulée dans des conteneurs de sucre depuis la Colombie vers la France. Il a recouvré la liberté car le dossier envoyé par la France aurait été incomplet, ce que la France dément. « L'arrivée d'un magistrat de liaison pourrait permettre de fluidifier la situation », indique une source judiciaire :
« Ces profils-là, les logisticiens, si on ne les arrête pas, ils grossissent, prennent de l'importance. Ils se constituent d'énormes carnets d'adresses grâce aux gens qu'ils fréquentent à Dubaï et qui n'ont aucune idée de leurs véritables activités. Depuis le début de la guerre en Ukraine, ils fréquentent les oligarques russes qui ont débarqué avec leur fortune. »
Après quelques jours de prison, et un bref passage au palais de justice d'Abu Dhabi, « Bison » a lui aussi retrouvé la liberté et repris le chemin de son luxueux « condo » et son parking climatisé, passeport en poche. Le ministère de la Justice des Emirats arabes unis a indiqué ne pas avoir reçu la demande d'extradition des autorités françaises dans le délai légal de quarante jours. Ce que la France dément également. Il ne peut plus faire l'objet d'une nouvelle demande d'extradition par la France dans cette affaire avant son jugement définitif. Il a désormais toute latitude pour s'installer ailleurs mais semble être resté à Dubaï. L'été qui approche, comme tous les autres, s'annonce chaud. Mais la mer n'est pas loin de l'appartement familial, pour les croisières dominicales, qui permettent d'échapper à la touffeur et à la poussière de la ville. Quand les eaux du golfe Persique deviendront trop chaudes, en août, il restera la piscine de la résidence. La tradition est de les refroidir grâce à des blocs de glace livrés chaque jour à domicile.
Le Nouvel Observateur