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Jul « Un concert au Vélodrome ? Lʼun de mes rêves »
Marseillais d’origine et fou de ballon, le rappeur, qui sort un nouvel album vendredi, revient sur son rapport au foot. Il a évidemment suivi l’excitante saison de l’OM avant de supporter les Bleus.
« D’où vient cette chanson “Fais-moi la passe ” » dont vous venez de tourner le clip ? Je n’avais jamais fait de son sur le foot alors que j’adore ce sport. J’en ai profité pour faire une dédicace à tous les joueurs que j’aime bien, même si j’en ai oublié, comme Hatem Ben Arfa. C’est un petit cadeau pour l’été, ambiance Brazil !
Qui était votre joueur préféré, enfant ? Aujourd’hui, j’aime beaucoup Cristiano et Salah, qui me régale avec sa patte gauche. Petit, c’était Zizou. Zinédine Zidane… En 1998, avec la France, il m’a fait rêver. Pareil avec sa volée avec le Real(contre le Bayer Leverkusen, en finale de la Ligue des champions 2002 ). Je l’ai rencontré au Stade-Vélodrome en marge du concert de Soprano, en octobre dernier. On a posé pour la photo, en faisant le signe Jul. Je ne savais pas trop quoi lui dire, lui non plus, j’étais ému ! On s’est dit ''ça va ? ça va '', ''oui et toi ?'', ''merci '' et voilà. Il est au-dessus du lot, il l’a prouvé encore en tant qu’entraîneur.
Et le club de cœur ? Cela a toujours été l’OM. Quand j’ai joué en équipe jeunes du club, j’avais la carte d’abonnement. Nous étions placés en tribune Ganay, mais j'ai toujours assisté à des matches de l’OM, qu’ils soient importants ou pas. Cette année, je n’y suis pas allé, même si je peux solliciter Bouna (Sarr) pour une place ! J’ai fait ramasseur de balles au Vélodrome, j’ai ouvert le bal d’un match OM-Lens (1-1, en janvier 2006), en portant le drapeau. Je me suis vu après sur OM TV car Habib Beye, après avoir marqué à la suite d'un corner, était venu dans notre coin pour célébrer et on lui avait sauté dessus. J’ai également fait la sécurité pour le club, je fouillais les gens à l’entrée du stade. Il fallait faire des sous. C’était l’époque de la galère, j’étais à peine majeur, je ne pensais pas que ça marcherait pour moi dans la musique. Ça n’a fonctionné qu’à vingt-trois ans.
Où avez-vous commencé à tâter le ballon ? Mon tout premier club, c’est l’US 1er Canton, au stade Vallier (4e arrondissement de Marseille), sur le boulevard Sakakini. Après, j’ai beaucoup bougé, j’ai fait sept clubs, dont le Burel, Vivaux - Marroniers, l’USTM à Septèmes-les-Vallons en moins de14 ans fédéraux, l’OM, Mazargues. Quand j’ai commencé à l’OM, j’étais en DHR, puis je suis passé en DH et je m’entraînais à la Commanderie. J’arrivais, je voyais Barthez courir, Nasri… C’était un rêve. À un moment, je me suis blessé à la cheville, j’ai été absent pendant un mois et demi. Quand je suis revenu, on m’a mis en équipe 2, j’étais dégoûté, j’ai tout arrêté après. J’avais seize ans. J’ai lâché l’affaire pendant une saison, j’ai repris à Vivaux. Puis la musique a pris le dessus.
Est-ce plus dur de percer dans la musique ou dans le foot ? Dans les deux, c’est très difficile. Après, c’est la rage, l’envie, le talent qui parlent et surtout le travail. J’ai plein de collègues dans la musique qui galèrent pour s’en sortir, je leur dis de ne pas lâcher. Quand tu as un but dans la tête, tu vas tout droit, tu fais la chose à fond, même si ça ne marche pas au début.
Vous avez donné ce type de conseils à votre ami Rémy Cabella, quand il était dans le doute à l’OM, en 2016 ? Bien sûr, toujours. Je l’aime beaucoup, c’est une personne humble, simple. Comme Benjamin Mendy d’ailleurs. Avec Riad Mahrez, ce sont les trois seuls footballeurs que j’ai sur mon snap, je parle avec eux. Ceux-là, je les soutiens fort. Ils me soutiennent aussi. Je les ai vues toutes les critiques contre Rémy. Il y en avait même par rapport à moi et notre complicité. Je lui ai toujours dit : ''Accroche-toi, t’inquiète, tu vas faire fermer des bouches.''
Vous avez aussi écrit des chansons à partir de l'expression de Benjamin Mendy « Mercé » (merci)… ''Mercé '', c’est son expression, il le dit tout le temps, et c’est parti en live. ''Et mercé hein'', ''Et mercé bien'', ''Et mercé bien la zone'', c’est pour ça qu’on a fait le son ensemble. C’est un mec normal, qui ne se prend pas la tête, qui roulait tranquille dans Marseille, discutait avec les supporters. Il venait me voir chez moi, j'allais chez lui. Là, il vient de m’envoyer un carton de quatre-vingt maillots et articles de Manchester City, j’ai fait tourner à tout le monde, à la team. « 22, Mendy », on représente ! Je l’ai accompagné pendant sa blessure. À chaque fois, on finit avec ''Nique tout frérot, montre-leur d’où ça vient! ''
Quel était votre poste en club, et quelles étaient vos qualités ? J’étais milieu gauche, 10 ou attaquant. Je centrais très bien, j’étais fin techniquement, dans le contrôle, la passe, la vision du jeu. Une année, je suis passé latéral gauche, j’étais en bombe, je partais de loin et je déposais des centres, comme à l’entraînement ! Les défauts? Mon pied droit ! Mais ça va, je le gère quand même. Aujourd’hui, je suis en mode zéro sport, je ne joue plus, c’est dommage car ça me ferait mon petit sport pour tout évacuer. J’aimerais bien me remettre au five avec mes potos, mais je suis discret, faudrait que je trouve une salle où il n’y a pas trop de monde. Mon dernier match, c’était dur, j’étais carbo.
Vous êtes encore à fond derrière l’OM ? J’étais déçu après la finale de Ligue Europa (perdue par l'OM contre l'Atlético de Madrid, 0-3). J’ai regardé le match à la maison, j’étais en feu au coup d’envoi, je me suis dit : ''S’ils gagnent, 'je me capuche', tee-shirt sur la tête et je descends sur le Vieux-Port.” Dommage, s’ils avaient gagné, l’été aurait été plus beau à Marseille. En première période, on les a mangés, mais on n’a pas marqué et fait trop d’erreurs bêtes, peut-être à cause du stress. Et en face, « Grigri » (Griezmann), il nous l’a faite à l’envers ! Mais c’est déjà beau ce qu’ils ont fait, je ne crache surtout pas sur ce parcours. Ils nous ont fait rêver.
Qui vous plaît le plus dans l’OM actuel ? Thauvin. Bouna Sarr m’a régalé. J’aime bien Zambo-Anguissa ; la vérité en défensif, c’est un tueur. Et enfin Luiz Gustavo.
Un gros match au Vélodrome, est-ce plus intense qu’un grand concert ? Au Vélodrome, tu as soixante mille personnes, contre huit mille à un de mes concerts, quinze mille au maximum. Dans les deux cas, l’ambiance, elle y est. Même quelqu’un qui n’aime pas le foot, tu l’emmènes voir OM-Leipzig au Vélodrome, il revient à vie ! Pour le concert de “Sopra”, j’étais à la hauteur du public, mais je ne voyais que les virages. Puis quand il m’a dit de monter sur scène, j’ai vu la foule, j’ai pris une claque… Là, je vous en parle, je vois l’image et je frissonne. Un truc de fou. C’est un de mes rêves de faire un concert au Vélodrome. Si je l’annonce un jour, c’est pour réaliser un show qui n’a jamais été réalisé.
Et le pire à vivre : une mauvaise note dans « L'Équipe » ou la critique destructrice d’un album ? Les matches, tu en fais plusieurs. L’album, c’est tous les trois ou six mois, c’est un projet. Alors je préfère faire un petit mauvais match, critiqué, puis revenir fort, plutôt qu’un album qui déçoit tout le monde. J’espère que ça ne m’arrivera jamais. »