Jean-Luc Saint-Martin : L’idéal serait d’avoir une pression abdominale élevée au moins dans le petit bassin au moment d’aller à la selle. Il faut que les cuisses soient fléchies sur l’abdomen ce qui diminue l’angle entre les deux et augmente la pression. On n’est alors pas obligé de pousser trop fort et cela évite les hémorroïdes, au moins à l’intérieur du canal anal. Cela se rencontre en général chez les femmes car leur colon anal est plus long que celui des hommes.
Il faut donc adopter des toilettes à la turque, mais il faut être sportif et jeune car à partir d’un certain âge ce n’est plus facile. On peut également mettre un petit marche-pied, ou un rehausseur de 20 cm, sous les pieds pour faire monter les genoux. Cela permet de pousser plus rapidement.
En quoi cette posture est-elle mauvaise pour notre santé ?
Est constipée une personne qui n’évacue ce qu’elle a mangé au-delà de 48h. Normalement, le gros intestin, qui joue essentiellement un rôle de réservoir mais aussi qui a une influence immunologique extraordinaire, mesure à peu près 1m50. Il doit pouvoir évacuer les selles correspondants à des éléments que l’on a ingérés dans les 48h. Or souvent nous avons un régime alimentaire déséquilibré avec trop de protéines et pas assez de fibres. C’est pourquoi, en lieu et place de 5 fruits et légumes par jour, je conseille plutôt de prendre un légume, un fruit et une crudité tous les jours.
Quand on ne vide pas son gros intestin tous les matins, il y a une stagnation des fibres et de la pectine. Cela provoque des fermentations excessives, les gens sont ballonnés le soir et sont obligés de dégrafer la ceinture…
Il existe un test très simple qui consiste à manger de la betterave et à regarder ses selles. Normalement, les selles doivent être colorées en rouge le lendemain ou le surlendemain. Si ça n’est pas le cas c’est qu’il y a une stagnation des matières. La personne est donc constipée et à donc intérêt à prendre des traitements naturels pour augmenter son transit.
Le temps que l’on passe aux toilettes est-il également problématique ?
Il y a deux temps : le temps subi, quand une personne passe trop de temps aux toilettes car elle n’a pas le choix, à cause de problèmes intestinaux mécaniques par exemple. Le fait de rester plus de dix minutes aux toilettes fait que les muscles releveurs de l’anus se fatiguent, se décontractent. A ce moment-là, tout le canal anal glisse vers le bas et les hémorroïdes internes, que l’on a tous normalement, finissent par déchirer au fil des années leurs ligaments suspenseurs et par sortir. Dans certains cas, une opération chirurgicale est même nécessaire.
Il existe également un temps non subi. Les hommes notamment passent beaucoup de temps aux toilettes en bouquinant, jouant aux jeux vidéo sur leur téléphone, etc. Tous les gens que j’opère des hémorroïdes sont malheureusement des gens qui lisent aux toilettes...
Nos toilettes sont-elles adaptées ?
La forme de la cuvette est très importante. En France, les matières tombent directement dans l’eau et souvent les gens ne regardent pas après. C’est très dommage car à partir de 45-50 ans, il peut y avoir du sang dans les selles et les gens ne le savent pas. En Espagne par exemple, les matières tombent dans une cuvette et sont ensuite projetées dans le trou d’évacuation une fois qu’on a tiré la chasse d’eau. Cela permet de bien les examiner. Il faut également que nos toilettes demeurent bien éclairées.
@Atlantico