Publié le jeudi 06 septembre 2012 à 08H53
Sécurité, éducation, emploi, transports, métropole... Le Premier ministre convoque ce soir quinze ministres à Matignon pour une réunion de crise consacrée à Marseille. Face aux urgences, quelques pistes s'esquissent déjà
Jean-Marc Ayrault en campagne lors des législatives, en juin dernier.
Quinze ministres, au moins autant de cahiers de doléances et d'urgences à cicatriser. À 17 h 30 aujourd'hui, Jean-Marc Ayrault réunira à Matignon un "comité interministériel sur l'agglomération marseillaise" qui fait figure d'épouvantail. D'abord parce que les Français ont appris à se méfier de ces "commissions Théodule" chères au général De Gaulle qui n'accouchent souvent que de souris.
Ensuite, parce que le gouvernement socialiste, chahuté jusque dans son camp après trois mois sans révolution, a besoin de montrer ce dont il est capable. Préparée depuis plusieurs semaines via des notes demandées aux services du préfet et à certains élus locaux, la réunion consacrée à Marseille tombe à point nommé.
Avancée d'une semaine après un énième règlement de compte et la sortie baïonnette au canon de la sénatrice PS Samia Ghali, elle ouvre les portes d'un laboratoire politique. Qui, s'il se transformait en fabrique à succès, ouvrirait les portes de la mairie à la gauche dans une ville tenue par l'UMP Jean-Claude Gaudin depuis 1995. Les prétendants s'avancent déjà...
Vers la création d'une unité spéciale
Manifestement décidés à frapper fort, Jean-Marc Ayrault et son bataillon de ministres pourront difficilement se contenter de discours. Dès ce soir, ils devraient avancer des pistes concrètes. Sur la sécurité d'abord, puisque "nous avons affaire à un problème extrêmement grave qui touche l'économie souterraine de quartiers entiers où se sont installées des bandes", rappelait le Premier ministre dimanche.
De nouveaux effectifs devraient arriver, la création d'une unité spéciale s'attaquant au porte-monnaie des voyous est envisagée. Réclamé par l'UMP marseillaise, l'extension des zones de sécurité prioritaire à La Cayolle, La Soude et Air-Bel, des cités au Sud et l'Est de la ville est probable. Mais à difficultés généralisées, réponses "globales". Profitant de l'acte 3 de la décentralisation qui accouchera d'une loi en mars 2013, la métropole pourrait s'imposer, même aux élus les plus grincheux, sur un territoire couvrant une grande partie des Bouches-du-Rhône, hors l'agglomération arlésienne.
L'idée serait de définir un contrat de plan dès 2014 sur six ans avec les collectivités locales et de lancer une dizaine de chantiers en matière de transports. Objectif : équilibrer les recettes fiscales entre Marseille et sa périphérie. D'autres projets seront discutés ce soir, comme tester la maternelle dès deux ans pour les petits Marseillais ou achever dans les deux ans les rocades L2 Est et Nord. Du concret, donc. Qui, une fois validé, demandera un peu de temps. Que le gouvernement n'a pas vraiment.