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Le contrôle judiciaire de tous les joueurs de l'équipe de handball de Montpellier mis en examen dans l'affaire des soupçons de match truqué sur fond de paris sportifs a été levé jeudi par la cour d'appel. Nikola et Luka Karabatic, Dragan Gajic, Issam Tej et Primoz Prost sont désormais libres de rencontrer les autres protagonistes de l'affaire, de reprendre contact avec leur club, les dirigeants et les autres joueurs de Montpellier. Cette décision est également valable pour Mladen Bojinovic, qui évoluait au MAHB la saison dernière, Géraldine Pillet et Jennifer Priez, les compagnes de Nikola et Luka Karabatic.
"Chacun des appels est recevable", a dit la chambre de l'accusation de la cour d'appel de Montpellier, qui ordonne "la main levée totale et la restitution du cautionnement". "J'estime que c'est un véritable coup de théâtre, un désaveu total pour l'institution judiciaire qui avait organisé un lynchage médiatique. Je pense que le dossier du hand est en train de faire 'pschitt'" s'est félicité Me Luc Abratkiewicz, l'un des avocats des mis en cause.
La semaine dernière, le parquet général avait requis l'assouplissement des modalités du contrôle pour permettre des rencontres entre les joueurs incriminés et la direction du club de Montpellier (MAHB). Le club peut désormais recevoir ses joueurs, et recueillir enfin leurs explications, avant de décider de probables sanctions. Celles-ci peuvent aller jusqu'au licenciement, selon le club qui s'est constitué partie civile dans l'affaire. Une procédure qui se fera "au cas par cas", a précisé la bâtonnière Me Michèle Tisseyre, l'avocate du MAHB, rappelant que le contrat des joueurs prévoit que ni eux, ni leurs proches ne peuvent parier.
"TROP VITE, TROP FORT"
Dragan Gajic, seul joueur à avoir été réentendu par le juge, avait déjà obtenu vendredi la levée de l'interdiction de voir ses dirigeants. Il les a rencontrés mardi et a été convoqué à un entretien préalable de licenciement le 7 novembre. Gajic attend seulement de la cour d'appel, jeudi, qu'elle annule sa caution de 11 600 euros, car il nie avoir parié. Le 16 octobre, puis le 22, les avocats des joueurs et des compagnes de deux d'entre eux avaient demandé la levée des deux volets du contrôle judiciaire : le cautionnement, équivalent aux gains des paris incriminés, et l'interdiction de rencontrer les autres mis en examen et les membres du clubs (joueurs, encadrement, staff). Les mis en cause entendent ainsi récupérer 25 000 euros (Luka Karabatic), 13 000 euros (Jennifer Priez), 11 600 euros (Mladen Bojinovic, Dragan Gajic et Issam Tej), 9 000 euros (Samuel Honrubia), 4 500 euros (Nikola Karabatic), 4 400 euros (Géraldine Pillet).
Me Jean-Robert Phung a notamment réaffirmé que son client Nikola Karabatic "n'a pas parié". Il a ajouté que c'est sa compagne, Géraldine Pillet, qui avait reconnu l'avoir fait pour son compte et qu'elle "était tout à fait en droit de le faire". Pour Me Phung, qui a parlé d'"hallucination juridique", "Nikola Karabatic serait l'auteur d'une escroquerie par possession d'information". Et de dénoncer un contrôle qui a "anéanti le droit à l'image" de son client. Ses confrères ont assuré que le match n'a pas été truqué et dénoncé des mesures de rétorsion contre des joueurs qui avaient choisi, dans un premier temps, de garder le silence en attendant de connaître le dossier. "Le contrôle judiciaire ne peut être fondé sur le fait que les joueurs ont décidé de se taire. Il y a un droit au silence. Si on sanctionne ce droit, on va vers une dérive du système judiciaire", a dénoncé Me Luc Abratkiewicz, avocat de Bojinovic, ex-Montpelliérain transféré cet été au PSG Handball, comme Honrubia.
Selon lui, son client avait seulement interdiction de parier en ligne et pouvait donc le faire dans un bureau de la Française des jeux, ce qui rend "juridiquement infondé" de lui demander une caution. "Je le soutiens mordicus: en mai 2012, rien n'interdisait à M. Bojinovic de faire un pari en dur ! La Fédération française de handball a modifié ses règlements en juin 2012, postérieurement aux faits", a-t-il fait valoir, rappelant que le match en cause, Cesson-Montpellier (D1), s'était joué le 12 mai. "On est allé trop vite, trop fort", a de son côté déploré Me Antoine Camus, le défenseur de la compagne de Luka Karabatic, Jennifer Priez, qui a été suspendue d'antenne par son employeur, la chaîne de NRJ 12.