Le cas Dieudonné me semble beaucoup plus complexe que l'histoire d'un gars simple d'esprit qui épouse le point de vue d'une secte extrémiste.
Ca fait longtemps que je suis le bonhomme. Au début parce qu'il me faisait marrer avec Elie Semoun avec des sketchs engagés (Cohen et Bokassa par exemple, très réussi pour rire du racisme et des racistes).
Ensuite pour ses prises de positions politiques: droit au logement, lutte contre le FN (il se présente à Dreux aux cantonales pour contrer la candidate FN) et contre l'extrême-droite en Europe suite à l'accession au pouvoir d'Haider en Autriche.
Son itinéraire me fait beaucoup penser à celui qu'ont emprunté nombre de militants d'ultra-gauche pro-palestiniens qui sont arrivés à développer des idées antisémites et négationnistes. Pour ceux que ça intéresse, l'historienne Valérie Igounet a fait un très bon travail sur le sujet:
Histoire du négationnisme en France.
J'ai l'impression que Dieudonné n'est ni islamiste ni d'extrême-droite mais que son discours contre le système a fini par rejoindre celui des fachos et des barbus. Un peu comme Alain Soral, le sociologue, dont il est devenu un proche.
Il y a cette idée que la liberté d'expression doit être absolue, sans entrave quitte à être raciste. D'où son "copinage" avec Le Pen. Dans une itw, il dit clairement qu'il utilise Le Pen "comme une arme" pour faire sauter le système médiatique (détenu évidemment par les Juifs
).
Système médiatique responsable du martyr des Palestiniens et partie intégrante d'un système mondial de domination des Juifs (la bonne vieille rengaine).
A mon sens, ce serait une grave erreur de résumer Dieudonné à un pauvre type idiot charmé par l'islam radical. Je pense qu'il incarne un combat structuré politiquement, un véritable courant idéologique qui se veut être une alternative à l'ordre mondial qui opprime les pays du Sud.
Le cas Dieudonné pose des questions aux tenants de cet ordre mondial: laisser prospérer les injustices et les inégalités, n'est-ce pas nourrir les Dieudonné de tout poil?
Mais il en pose également aux alter: changer le monde, OK, mais avec qui?