Sciences Po : un club très sélectA Sciences Po Paris, on aime bien rester entre amis. A peine arrivé, Frédéric Mion, qui a succédé à Richard Descoings à la tête de l’établissement parisien, fin mars, a nommé l’une de ses amies, Brigitte Taittinger-Jouyet au poste de directrice de la stratégie et du développement de l’Institut d’études politiques de Paris (IEP) en remplacement de Nadia Marik, la femme de Richard Descoings.
Dès l’entrée de Frédéric Mion dans la course à la succession, Nadia Marik lui avait signifié sa volonté de quitter Sciences Po, après treize ans dans l'établissement. «Son départ était nécessaire, elle polarisait trop de tensions dans la maison, elle a remis sa démission le jour où il est arrivé», indique-t-on à Sciences Po.
La nomination de Mme Taittinger-Jouyet serait sans doute passée inaperçue si elle n’était pas la femme de Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), président de la Banque publique d’investissement (BPI) et par ailleurs membre du conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques, l’une des deux instances dirigeantes de l’établissement.
Enfin, ex-membre, puisque par «éthique», selon ses mots, il a quitté ce poste début avril. «C'était naturel. Je souhaitais me désengager car ma mission avec le choix d'une nouvelle direction après le décès de Richard Descoings était achevée. Et mes fonctions à la CDC et à la BPI sont très prenantes », a-t-il indiqué au Monde.
C’est lors d’un dîner chez des amis communs il y a quelques années, que les «Jouyet» ont fait la connaissance de Frédéric Mion. Ils sont devenus très proches depuis. «J’ai immédiatement pensé à elle pour ce poste, elle a exactement le profil qui convient et j’ai une grande confiance en elle», indique le nouveau directeur de Sciences Po. Agée de 54 ans, Brigitte Taittinger-Jouyet a fait une partie de sa carrière dans le luxe ; elle a siégé aux conseils de Baccarat et du groupe du Louvre lorsqu’ils étaient détenus par sa famille. Elle a aussi dirigé pendant vingt ans – jusqu’en décembre1992 – les parfums Annick Goutal.
En interne évidemment, quelques professeurs se sont émus de cette nomination. « Il ne faudrait pas que la nouvelle direction retombe dans les travers de l’ancienne, c’est-à-dire un fonctionnement de cour », indique l’un d’entre eux.
Toutefois, cette arrivée suscite un autre espoir : une féminisation de l’encadrement. Du temps de Richard Descoings, sur les six directeurs généraux adjoints, il n’y avait qu’une seule femme, la sienne. Après Brigitte Taittinger-Jouyet, une autre femme va bientôt arriver : Charline Avenel, 34 ans, au poste de secrétaire générale. «Je note que ce sont deux femmes, j’espère que cela augure d’une nouvelle ère», a lancé une chargée de mission de l’IEP lors de la première «bobinette», la réunion mensuelle des cadres de la maison, à Frédéric Mion. Tous les espoirs sont permis : il reste plusieurs postes à pouvoir, notamment celui de la direction de la communication ou encore celui de la direction des études…
Nathalie Brafman
http://enseignementsup.blog.lemonde.fr/ ... es-select/