L’acteur français Gérard Depardieu a rencontré samedi soir Vladimir Poutine et a reçu son passeport russe, a annoncé dimanche le porte-parole du président russe.
Cette «brève rencontre» a eu lieu samedi soir dans la résidence du président à Sotchi, sur les bords de la Mer Noire, a précisé Dmitri Peskov, avant d’ajouter que l’acteur avait reçu son passeport russe. A la question de savoir si Depardieu avait reçu le passeport de la main de Poutine, le porte-parole a simplement répondu non, sans donner plus de détails.
«L’acteur est en Russie en visite privée», a indiqué parallèlement un communiqué du Kremlin.
La télévision russe a diffusé des images montrant une accolade entre Depardieu et Poutine, puis les deux hommes à table dans la résidence présidentielle. Vêtu de façon décontractée, en chemise blanche et veste sombre, l’acteur a demandé au président, en le tutoyant, s’il avait vu le film, une co-production franco-russe, où il interprète Raspoutine. «Est-ce que tu as vu mon film? Je te l’ai envoyé», entend-on l’acteur français demander à Poutine.
Le président russe a accordé la citoyenneté russe à Gérard Depardieu qui a annoncé vouloir quitter la France et rendre son passeport français pour échapper à des impôts qu’il juge trop lourds. En Russie, l’impôt sur le revenu est de 13% pour tous.
Peu après l’annonce de Vladimir Poutine, l’acteur s’était félicité de ce geste dans une lettre où il exprimait son amour pour la Russie et pour le président russe. Il y faisait aussi l’éloge de la démocratie dans le pays, ce qui a provoqué un concert de critiques en Russie et à l’étranger.
«On n’oubliera pas et on ne lui pardonnera jamais cette phrase: “c’est une grande démocratie”», a ainsi déclaré le journaliste Matvei Ganapolski sur la radio Echo de Moscou, tandis que la presse européenne a de son côté multiplié les sarcasmes à l’égard de l’acteur de 64 ans.
Très célèbre en Russie, Depardieu apparaît régulièrement dans diverses publicités, notamment pour la banque Sovietski et pour une marque de ketchup.
Vendredi, c’est l’ancienne actrice et chanteuse Brigitte Bardot qui a à son tour menacé de demander la nationalité russe si les autorités françaises décidaient d’euthanasier deux éléphantes d’un cirque malades. «Si nous recevons une telle demande, elle sera bien évidemment étudiée», avait réagi samedi M. Peskov, cité par l’agence Itar-Tass.
Pécresse «souffre»
La députée UMP Valérie Pécresse, ancienne ministre, estime dans un entretien au JDDque la France se ridiculise. «Je souffre de voir la France devenir la risée du monde», répond-elle à la question de savoir ce que lui inspire l’affaire Depardieu.
A propos de la censure par le Conseil constitutionnel de la taxation exceptionnelle à 75% des très riches, la responsable UMP juge que «les impôts ne peuvent pas être confiscatoires» et qu’en France actuellement «le seuil de tolérance fiscale est dépassé». «Cela entraîne le départ des plus riches et, beaucoup plus grave, la délocalisation des emplois et des centres de décision par les entreprises, un phénomène qui ne se voit pas pour le moment mais qui se traduira dans les chiffres du chômage», ajoute-t-elle.
«Pour créer de l’emploi, il faut une baisse des charges et une vraie réforme du droit du travail», dit aussi l’ancienne ministre du Budget.