La vie sous les talibansLe théâtre, le cinéma, la télévision, et les ordinateurs étaient interdits ; la possession d'appareils photographiques et de magnétoscopes devint illégale. Le ministère de l'Information interdisait aux journalistes étrangers de parler aux femmes, de prendre des clichés et de se promener seuls13. Un seul hôtel était ouvert aux reporters occidentaux dans Kaboul. Dans les écoles, la moitié du temps était consacrée à la religion.
Les cours de sports et d'art furent éliminés des programmes scolaires.
[réf. nécessaire] Les talibans brûlaient les instruments de musique et les cassettes, frappaient et emprisonnaient les musiciens, interdisaient la danse. La boxe, comme beaucoup d'autres sports, était prohibée14. Certains jeux basiques, comme les échecs ou le billard était également prohibés15. Chaque jour, la radio des talibans énumérait de nouveaux interdits : peindre en blanc les vitres des maisons pour ne pas voir les femmes à l'intérieur, expéditions punitives pour casser les téléviseurs, magnétoscopes, déchirer les photographies de famille.
Les autorités faisaient également vérifier que l'on n'écoutait pas de musique dans les maisons ou au cours des mariages16. Les systèmes médicaux et scolaires furent dédoublés en fonction du genre, tout en donnant la priorité aux hommes[réf. nécessaire]. Toute représentation humaine était illégale, même pour les poupées des petites filles17. Au nom de l'iconoclasme, les talibans dynamitèrent les statues de bouddhas géants de Bamiyan, vieilles de quinze siècles. Ils détruisirent, dans les collections archéologiques du musée de Kaboul, tout ce qui portait des représentations humaines ou animales et firent des autodafé des 55 000 livres rares de la plus vieille fondation Afghane et détruisirent plusieurs autres bibliothèques publiques et privées18.
La charia devint la base du droit afghan. Notamment, l'amputation et la lapidation furent parmi des peines appliquées sous les talibans. Les relations sexuelles hors mariage étaient prohibées et punies de 100 coups de fouet13 (cette sentence, équivalente en pratique à une condamnation à mort, mettait en œuvre littéralement le verset 2 de la sourate XXIV du Coran intitulée La Lumière19). La diffusion d'idées « non-musulmanes » était également prohibée. En 2001, les minorités hindoues devaient porter un signe distinctif20, un morceau d'étoffe jaune21. Les homosexuels étaient condamnés à mort : on faisait s'écraser sur eux un mur, et on utilisait un bulldozer pour achever la peine[réf. à confirmer]17.
Condition des femmes et des hommes
Taliban châtiant publiquement une femme à Kaboul le 26 août 2001.
Les femmes furent exclues du marché de l'emploi, elles devaient être entièrement couvertes par le vêtement traditionnel, le tchadri, et ne pouvaient quitter leur maison qu'accompagnées de leur mari ou d'un parent proche. Le tchadri est une sorte de tente plissée et opaque, sur laquelle était découpée une grille brodée à la hauteur des yeux. Les musulmans doivent se raser le pubis et les aisselles, par mesure d'hygiène22. Ils doivent également se brosser les dents régulièrement (l'idéal étant cinq fois par jour avant chaque prière obligatoire).
Les hommes n'ont pas le droit d'avoir des relations charnelles sans être mariés à la femme, cela les oblige à prendre les responsabilités de leur actes en assurant un contrat officiel entre les deux partenaires. Le mari est obligé de pourvoir aux besoins de son épouse et de ses enfants ; il est strictement interdit pour lui de les abandonner sans subvenir à leurs besoins tant qu'il en a les capacités.
Dans le cas où il est trop pauvre pour nourrir sa famille, il peut demander à bénéficier de la Zakah, qui est un prélèvement obligatoire pour tout musulman qui en a les moyens, de 2,5 % du salaire pour le redistribuer ensuite aux plus pauvres de la société. Les hommes sont obligés d'aller à la mosquée le vendredi vers midi pour prier en congrégation, alors que les femmes ont le choix d'y aller si elles le souhaitent.
Les femmes et les hommes jugés pour crimes d'adultère sont lapidés s'ils sont pris en flagrant délit par au moins quatre témoins dignes de confiance (qui sont connus pour dire la vérité et ne jamais mentir). La lapidation concerne l'homme comme la femme, cela implique d'être enterré jusqu'au cou et subir ensuite des jets de pierre jusqu'à ce que mort s'ensuive. La lapidation n'est pas mentionnée dans le Coran mais dans les hadiths, ce pourquoi elle est présente dans leur vision de la charia (litteralement "la voie qui mene à la source de l'eau"). La sentence de lapidation ne peut être prononcée sans la présence de quatre témoins oculaires de confiance témoignant avoir vu les deux personnes adultères en pleine action, ou bien lorsque les coupables témoignent contre eux-mêmes par quatre fois et demandent à ce que la sentence soit appliquée (cela permet de se repentir de ce péché ici-bas et de ne pas souffrir des conséquences de cet acte après la mort).
Pour les talibans ces mesures sont établies par l'ordre divin et on ne peut y passer outre dans l'islam. Sans ces conditions réunies, il est interdit en islam de décréter une telle sentence, cela limite énormément les cas de lapidation dans le monde musulman. L'enseignement secondaire était interdit aux filles. Mais le régime fermait les yeux sur les écoles privées et clandestines23.
Au Pakistan, dans la vallée de Swat, qui a été soumise au TNSM en 2008, les hommes s'opposant à certaines règles étaient décapités, et à Mingora, les corps devaient reposer sur la place principale afin d'être visibles de tous24.