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On savait déjà que la promotion du film "L’innocence des musulmans", à l’origine d’une vague de manifestations dans plusieurs pays arabe, était le fruit d’une campagne orchestrée dans le but d'attiser les tensions. En réalité, il se pourrait bien que le fameux long-métrage annoncé n’ait jamais existé et se résume en réalité au seul brûlot de 13 minutes diffusé sur internet.
De fait, ce jeudi 13 septembre, il était toujours impossible de trouver une seule personne ayant vu le film dans son intégralité. Le réalisateur, un Américain juif nommé Sam Bacile, avait expliqué à la presse que son film n’avait été diffusé qu’une seule fois, dans la salle quasiment déserte d’un obscur cinéma d’Hollywood.
Une production de 5 millions de dollars
Mais le cinéaste amateur, de son vrai métier promoteur immobilier, était formel : son "œuvre" était une production bien réelle de 5 millions de dollars, financée par des "donateurs juifs " et ayant nécessité trois mois de tournage et plusieurs dizaines d’acteurs et de techniciens.
De nombreux internautes s’étaient étonnés de la piètre qualité technique du film au regard de son budget. Différences de son flagrantes en plein milieu d’un dialogue, la quasi-totalité des scènes tournées sur un fond vert mal réalisé… Au vu des images, on a peine à voir où sont passés les 5 millions de dollars.
Selon plusieurs sources, la réponse serait que le film intégral n’ait tout simplement jamais existé. De nombreux observateurs ont en effet repéré que lors des dialogues, extrêmement mal doublés, les voix des acteurs semblent se modifier lorsqu’ils évoquent l’islam. Lorsque l’on se concentre sur les dialogues, on a même l’impression que les propos les plus insultants envers les musulmans ont été enregistrés a posteriori et ajoutés au montage pour remplacer les dialogues originaux (voir des exemples dans la vidéo ci-dessous)
L'équipe de tournage "trompée"
La chaîne CNN a retrouvé quelques 80 personnes ayant participé au tournage du film. Or, la totalité d'entre eux affirme avoir été "trompée" par le réalisateur. Le film, qui portait au départ le titre de "Desert Warrior", était censé être "un film d’aventure historique dans le désert arabe". Plus grave, les acteurs confirment que leurs propos ont été modifiés et que le script n’évoquait à aucun moment le prophète de l’Islam.
Une des actrices, interrogée cette fois par le site Gawker, confirme que toutes les références religieuses ont été rajoutées au moment du doublage. Des accusations avérées par le blog "On the Media" qui s’est penché en détails sur les dialogues du film et ces étranges changements de son.
Des doutes sont également nés sur l’identité même du réalisateur présumé, Sam Bacile. Le site The Atlantic a réussi a retrouvé Steve Klein, un "consultant" ayant pris une part active dans la production du film. Or, ce dernier affirme que Sam Bacile n’est en fait qu’un nom d’emprunt. Klein explique avoir été contacté par téléphone par le mystérieux réalisateur et ne l’avoir jamais rencontré en personne. En revanche, le consultant assume, lui, totalement l’aspect polémique du film. L’homme se vante même d’être un militant anti-islam particulièrement actif.
Qui se cache derrière "Sam Bacile" ?
Il se pourrait que le film soit en fait une "œuvre collective". En effet, s’il explique ne pas connaître Sam Bacile, Klein affirme que ce dernier n’est pas juif et que pas moins de 15 personnes ont été impliquées dans la réalisation : "Rien d’autre que des citoyens américains actifs", explique-t-il, avant de préciser. "Certains sont de Syrie, de Turquie, du Pakistan, il y en a qui sont en Egypte. Certains sont coptes, mais la grande majorité sont des évangélistes".
Une chose est sûre, Sam Bacile n’a aucune existence sur internet ou les réseaux sociaux. CNN, qui, de son côté, a vérifié les registres publics, a également fait chou blanc. Interrogé par la chaîne américaine, le ministère des Affaires étrangères israélien affirme également n’avoir aucune trace de ce Sam Bacile. "Ce type est totalement anonyme", a confirmé Yigal Palmor, le porte-parole du ministère.