Garm a écrit:Rob77 a écrit:De mon point de vue, une institution publique d'enseignement supérieure n'a pas vocation à être rentable. Il s'agit d'une mission de service public, elle doit de se fait viser à l'efficacité, non à la rentabilité.
Mais le but de la réforme était justement l'efficacité et la capacité accrue à lever des fonds, pas la rentabilité. Le même type de réforme est passé en Finlande en 2007/2008, et grâce à ça mon université, issue de la fusion il y a un an de trois "grandes écoles" a pu lever pas loin de 100 M€ je crois. Je trouve ça formidable.
Rob77 a écrit:Avec la L.R.U., on a donné la possibilité aux présidents d'universités de faire appel à des entreprises privés pour financer certains projets. A ce stade là, je ne connais aucune entreprise qui donnerait du biffe à l'université, sans attendre quoique ce soit en retour. Il s'agit juste d'orienter certaines formations, certaines activités dont les entreprises tireraient bénéfices, et pour moi, ça passait nécessairement par un mot des entreprises sur le contenu des programmes qu'elles allaient financer.
La logique de rentabilité était le premier point sur lequel j'étais complètement opposé.
Je trouve que tu fais trop dans la diabolisation idéologique des entreprises. J'imagine qu'en tant qu'humaniste tu considères que le rôle de l'université est plus de transmettre des savoirs que de former pour un métier, mais ne prétends pas que l'idéal n'est pas quelque part entre les deux. J'ai passé un an dans une école d'ingé francaise qui est financée par un groupement d'intérêt économique qui regroupe pas mal de grosses entreprises. D'expérience, c'est très positif, parce que ça donne une très bonne visibilité aux jeunes diplômés vis à vis de ces boites - qui n'ont pas leur mot à dire sur l'enseignement.
Rob77 a écrit:Le second point était que cela allait créer nécessairement une concurrence encore plus accrue (car institutionnalisée) entre les différentes universités du pays, pour obtenir les financements privés. De mon point de vue, avec cette réforme, le système d'enseignement public supérieur allait, et va, s'orienter dans une phase où certaines universités vont devenir de plus en plus petite, et d'autres de plus en plus grosses (en termes de moyens et d'effectifs, les fameux pôle d'excellence dont parlait Valérie Pécresse).
En quoi est-ce un problème?
Rob77 a écrit:Des filières vont être amenées à disparaitre car pas rentable pour les entreprises (ex: MLV, qui s'inscrit pleinement dans ce projet d'ouverture du financement de l'université aux entreprises privées, vient de supprimer une filière histoire de l'art, car pas rentable). A termes, ce sont les filières des sciences humaines et sociales (sociologie, histoire, psychologie, lettres, langues) qui seront chancelantes car mises à la traine des financements.
Tu ne trouves pas qu'il y a sur le territoire une offre beaucoup trop abondante de ce type de formations eu égard aux débouchés?
Rob77 a écrit:Au final je vois la L.R.U. comme une tentative embryonnaire de l'Etat, de se dégager de ses prérogatives de financement de la recherche et de l'enseignement supérieur.
Et le futur énorme campus de Saclay, financé par l'Etat, alors?
Pour la levée des fonds :Financer l'enseignement, la recherche, pour moi, c'est un devoir d'Etat. Introduire des financements privés là dedans, c'est préparer à mon sens, le terrain pour une privatisation de ceux ci. Cette privatisation pourra bien sûr s'avérer propice à développer de véritables pôles d'excellences, mais elle laissera sur le carreau, tous ceux qui n'auront pas eu les moyens d'entrer dans lesdits pôles et qui n'auront pu qu'aller, dans des universités non reconnues.
Pour la logique concurrentielle :Si deux Universités, admettons X et Y fournissent les mêmes formations, mais que X dispose des meilleurs professeurs, des meilleurs installations, et surtout, du meilleur prestige possible dans lesdites formations, l'étudiant qui sortira de Y en chiera d'avantage que l'étudiant qui sortira de X pour trouver un emploi.
En permettant le financement (pour une part) des budgets des universités par les entreprises, on introduit de facto un déséquilibre qui se répercutera sur la qualité de la formation, le prestige de l'université, et in fine, sur la possibilité de trouver employeur en sortant de là.
Dans les faits, tout cela existe déjà (logique concurrentielle je parle), mais plutôt que de l'institutionnaliser, il aurait mieux valu à mon sens lutter contre cela. Comment, c'est un autre problème après.
Pour la question de la sur représentation des filières en sciences humaines, eut égard des débouchés offerts par celles-ci :Le problème n'est pas là.
Il se situe bien en amont, au niveau du collège et du lycée, c'est à dire, au niveau de l'orientation.
Le problème est important, et j'ai pas l'impression que l'on fait quelque chose pour le régler.
Quand bien même nous aurions des effectifs d'étudiants en ces filières, plus conformes avec les réalités du marché, la logique de rentabilité s'élève à mon sens, contre leur existence même, puisque celles ci n'ont quasiment aucunes possibilités de création de richesse (contrairement aux filières des sciences dites dures).
Quant au projet de financement du campus de Saclay, je n'en avais pas eu connaissance, je tâcherais de me renseigner.
Edit :
Ils viennent tous (ou presque) de l'ENS.
Je viens d'une petite université de 11 000 étudiants, voila qui devrait répondre à ta question.