par Rob77 » 23 Oct 2010, 14:21
Rafael,
J'ai fais un post d'une 30aine de lignes répondant à JPP qui m'accusait de ne pas avoir d'arguments (30 lignes qu'il a superbement ignorées par ailleurs mais ce n'est pas le sujet).
J'espère que ce copier coller te donnera des éclaircissements.
Je considère que celui qui fait fortune ne fait pas fortune tout seul, au sens où sa fortune, il l'a doit à toutes celles et ceux qui font fonctionner l'économie, à savoir, toi, moi, nous.
ex : un mec qui fait fortune parce qu'il invente un PC révolutionnaire.
Il doit sa fortune à son génie d'une part, mais aussi et surtout, à celles et ceux qui ont travaillé pour le commercialiser, et in fine, à celles et ceux qui l'ont acheté (sans ça, le mec en question aura beau être le génie du XXIème siècle, il ne fera pas d'oseille).
Partant de là, il me semble juste, qu'il fasse de plus gros efforts que ceux qui n'ont pas eu la chance (et/ou le génie) de constituer une fortune conséquente. Tu me diras, ça existe déjà, et je serais d'accord avec toi.
Le problème, c'est qu'à l'heure actuelle, ceux qui font ces fortunes, cherchent à se dégager (quand ils le peuvent) de cette taxation que je considère comme solidaire. Comment ? Via l'évasion fiscale (qui nécessite un capital social élevé) et les délocalisations.
La logique (la leur) à ces deux phénomènes est très bien résumées dans ce que tu viens de me dire "il est injuste de payer pour tous le monde".
La mienne étant que celui qui fait fortune n'y serait pas parvenu sans ceux qui l'entourent, fussent ils pauvres, riches, ou situés dans un intervalle intermédiaire, il doit donc, reverser une partie de ses gains, à la collectivité.
Une fois là, j'ai deux orientations :
- accroître d'avantage les taxations solidaires (sur ceux qui en ont réellement les moyens)
- lutter contre l'évasion fiscale et les délocalisations.
Ces deux orientations ne sont pas foncièrement antinomiques pour moi. Cela peut fonctionner, si l'on parvient à faire émerger une conscience de classe, non pas celle ouvrière, ou capitaliste comme Marx les décrivaient en son temps, mais une conscience de classe Humaine, tout simplement.
Si l'on parvient à faire prendre conscience à tous, pauvres, riches, moyens, que la richesse produite par tous, peut être reversée dans des proportions permettant à tous de vivre avec un minimum de décence, alors on aura déjà résolu une énorme partie de l'énigme.
Utopique, peut être, assurément même, mais je préfère vivre dans cet espoir fusse t'il illusoire, que dans la certitude que notre société ira dans le sens d'un accroissement des inégalités.
Après cela, toujours dans le sens d'une "classe Humaine", il m'apparait normal, que tout le monde participe aux efforts destinés à sauver un système que j'estime juste (malgré ses imperfections).
Cela passe par une taxation des plus riches, comme des plus pauvres (fusse t'elle symbolique comme tu dis).
Cela passe peut être aussi par l'allongement du temps de travail.
C'est ce que propose le gouvernement actuel (allongement du temps de travail), tu me diras, je vais t'expliquer (ou plutôt ré expliquer) pourquoi je manifeste contre celui-ci.
D'abord parce qu'il est injuste pour ceux qui ont commencé à 16 ans (comme mon père ouvrier par exemple) de devoir partir en retraite à 62 ans, parce qu'alors cela constituerait une cotisation de 46 ans et non 41.5. Notons (sauf erreur de ma part) que cela constituait déjà une injustice avant cette réforme.
Ensuite parce qu'imposer une généralisation de ce principe d'allongement du temps de travail, à tous les actifs, sans se soucier des différences en termes d'espérance de vie suivant les facteurs sexe, et la profession notamment, ou encore en terme de pénibilité etc me semble injuste une nouvelle fois.
La pénibilité est une orientation qui permettrait de gommer certains traits de cette injustice (nature du travail) mais pas ceux liés à l'espérance de vie.
A ce stade il conviendrait à mon sens d'établir un projet prenant en compte ces inégalités liées au travail (pénibilité + espérance de vie en bonne santé).
On pourrait également tenter d'imposer des conditions de travail moins "usantes" suivant les profession afin d'augmenter l'espérance de vie en bonne santé des concernés, et ainsi de leur permettre réellement de bosser plus longtemps.
Enfin parce qu'en l'état actuel des choses (pénurie de travail), et je l'ai déjà dis plusieurs fois, je pense que cette réforme va accentuer le chômage chez les jeunes, et chez les seniors.
Si demain, on gomme les injustices que j'ai relevées (non exhaustives), qu'on s'occupe de créer de l'emploi, et qu'on me propose de travailler plus longtemps pour sauver le système de retraite par répartition, je dis banco.
Et ce d'autant plus facilement si cela passe par une solidarité encore accrue (via ce que j'ai énoncé plus haut).
Pour résumer, le plus important est de réaffirmer (ou d'affirmer c'est selon) l'importance de la solidarité, de gommer certaines inégalités liées au travail (à sa nature, et à l'espérance de vie qu'il impose) et enfin, de créer de l'emploi.
Je me bât pour ça, après, je le répète, je suis d'avantage pessimiste, qu'optimiste sur la faisabilité de ce projet.