Une course-poursuite se termine par une bavure impliquant quatre policiers (PAPIER GENERAL)
PARIS, 26 fév (AFP) - Une course-poursuite contre un chauffard s'est achevée par une bavure avec tabassage, et menace de sodomie selon l'automobiliste, entraînant une information judiciaire contre quatre policiers dont un commissaire qui ont été déférés jeudi soir devant un magistrat.
Au moins une dizaine de policiers appartenant à deux Brigades anti-criminalité (BAC) auraient assisté au tabassage par trois d'entre eux, selon des sources proches de l'enquête. Selon certains témoignages d'agents, celui-ci a été vu allongé, pantalon baissé.
Les quatre hommes visés - un commissaire, un capitaine et deux gardiens de la paix - avaient été placés en garde à vue mardi par l'Inspection générale des Services (IGS, police des polices), saisie d'une enquête par la préfecture de police.
Jeudi après-midi, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire visant le capitaine et les deux gardiens de la paix et toute autre personne mise en cause pour "violences volontaires", et le commissaire pour "non empêchement d'un délit", a-t-on indiqué de source judiciaire.
L'affaire, qualifiée de "bavure" par plusieurs sources proches du dossier, a eu lieu aux premières heures de la matinée du 19 février.
L'automobiliste de 27 ans, qui aurait refusé de se plier à un contrôle à Paris, a été pris en chasse par des policiers de la BAC de nuit parisienne.
La course s'est prolongée pendant près de trois quarts d'heure et s'est terminée vers 5h30 sur une bretelle de l'autoroute A4, dans le Val-de-Marne.
Arrêtée une première fois, la voiture a foncé sur trois policiers qui s'approchaient pour interpeller le chauffard. Tous trois ont été blessés, dont une femme policier, touchée aux cervicales. Le chauffard a une nouvelle fois pris la fuite, avant de perdre le contrôle de son véhicule. Quatre autres policiers l'ont alors approché pour l'interpeller.
le film détruit
Compte-tenu de sa violence préalable, une interpellation "musclée" aurait alors pu être considérée comme "proportionnée", selon une source judiciaire. Mais d'après l'automobiliste, qui a porté plainte, les policiers n'en sont pas restés là.
Trois d'entre eux auraient selon lui baissé son pantalon et "mis un enjoliveur entre ses fesses". Les quatre hommes ont nié. Une quinzaine de policiers présents sur les lieux auraient constaté que son pantalon était baissé, sans pouvoir corroborer la suite de ses affirmations.
Seul le film de la scène, que les policiers de la BAC ont l'obligation de tourner pour chaque opération, aurait permis d'en savoir plus. Mais l'IGS n'a pu se le procurer: un des policiers a affirmé, en fin de garde à vue, qu'il l'avait détruit.
"Des policiers de la BAC nuit auraient commis des violences illégitimes à l'égard de la personne interpellée", a indiqué jeudi la préfecture de police dans un communiqué.
Ces violences ont entraîné "une incapacité temporaire de travail de sept jours, sans que le commissaire de police, adjoint au chef de la BAC nuit, qui était présent sur les lieux, n'intervienne pour mettre fin à cette situation", a-t-elle précisé. Le commissaire et le capitaine ont été suspendus.
C'est le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy qui a pris cette décision sur proposition du préfet de police, a précisé la préfecture.
Le chauffard, dont l'identité n'a pas été révélée, aurait eu le nez cassé et des traces au visage et aux jambes dont on ne sait pas si elles sont liées à son accident ou à d'éventuels coups.
Il a été mis en examen samedi à Paris notamment pour "refus d'obtempérer", "mise en danger de la vie d'autrui", "violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une incapacité temporaire de travail de 21 jours". L'homme a été placé en détention.
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26/02/04 17:43