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Tristan Nitot, Mozilla : "Firefox OS va progressivement monter en gamme"
Alors que Mozilla a annoncé récemment le lancement des smartphones Firefox OS, produits par ZTE et Alcatel One Touch, sur de nouveaux marchés, rien ne semble toujours poindre à l'horizon pour la France. Mozilla communique toujours sur les "marchés dynamiques". Avec le lancement, il y a quelques semaines, de l'Allemagne, les smartphones Firefox OS semblaient pourtant se rapprocher de l'Hexagone.
"Les opérateurs avec qui nous sommes partenaires, et qui distribuent les smartphones Firefox OS, parlent aujourd'hui de plusieurs pays en Europe et en Amérique latine," explique Tristan Nitot, évangéliste Mozilla pour l'Europe. Jusqu'à présent, on ne connaissait pas les lieux et dates de lancement.
Telefonica, l'opérateur espagnol déjà présent en Espagne, en Colombie et au Venezuela avec Firefox OS, devrait lancer d'ici la fin de l'année quatre nouveaux marchés : le Brésil et "trois autres pays d'Amérique latine". Idem pour Telenor, le groupe norvégien, qui vise la Hongrie, la Serbie et le Montenegro pour le dernier trimestre 2013.
"Pour Deutsche Telekom c'est un peu plus flou. L'Allemagne et la Pologne, c'est fait, mais l'opérateur ne donne pas de dates sur la Grèce et la Hongrie." Une chose est sûre : avant la fin de l'année ou au début 2014, 14 pays devraient être desservis. Mais toujours pas la France.
"J'aimerais beaucoup qu'un opérateur se lance sur la France," admet Tristan Nitot. "Mais il faudrait poser la question aux opérateurs. Pour l'instant, aucune information n'est publique sur le sujet."
Mozilla bénéficie pourtant d'une présence forte en France avec son navigateur, et l'évangéliste estime que "c'est un pays qui ferait sens, parce qu'il y a beaucoup de gens avec des features phones qui veulent passer à un smartphone".
La France attendra, donc. Et Mozilla ne regrette pas sa stratégie de viser des marchés "dynamiques", ou émergents, car ils ne sont pas saturés par les offres de smartphones. "C'est un succès."
Un succès... non chiffré
Un succès ? C'est déjà ce que nous disait le communiqué de presse envoyé par Mozilla il y a quelques jours, avec l'annonce de Firefox OS 1.1. Mais un gros succès, ou un petit succès ? En clair… On voudrait bien des chiffres.
Pour cela, il faudra patienter. Mozilla n'entend visiblement pas communiquer. "Nous nous basons sur ce que nous disent nos partenaires. On ne fournit que le logiciel, pas des appareils. On ne vend pas directement. Mais ils sont très contents."
Etonnant : on imagine mal Mozilla ne pas suivre les statistiques de requêtes sur ses serveurs, par exemple. Et la mise à jour vers Firefox OS 1.1 devrait prochainement livrer des chiffres intéressants sur les installations déjà réalisées au niveau mondial.
"Je ne sais même pas si nous avons des statistiques," affirme Tristan Nitot, qui explique : "La mise à jour est en train de se faire. Nous n'avons pas été encore contactés par tous les systèmes." Et confirme que même si c'était le cas, il n'y a pas de communication officielle pour l'instant.
Voilà en tous cas qui semble valider la stratégie de Mozilla. L'éditeur dit réussir à se faire une place grâce à un système "particulièrement pertinent sur l'entrée de gamme". "Technologiquement on a quelque chose qui nécessite des configurations moins puissantes qu'Android, sauf à se retrouver avec de l'Android 1.6. Ce n'est pas comparable, la 1.6 est vraiment une vieille version."
Mozilla est donc compétitif "sur tout le matériel bon marché". Et permet aux opérateurs de ne pas "mettre tous leurs oeufs dans le même panier". "Est-ce qu'ils vont continuer à soutenir Android indéfiniment sachant que cela donne plus de puissance à Google ? Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur calcul."
ZTE et Alcatel, les deux fabricants partenaires de Mozilla, peuvent ainsi proposer en Espagne des appareils bon marché, sans engagement. Une stratégie qui a évidemment un revers : pas question de chercher les dernières fonctionnalités.
"Monter en puissance dans d'autres pays"
La dernière mise à jour de Firefox OS, la 1.1, a par exemple apporté des fonctionnalités comme les notifications push, la prise en charge des MMS, l'autocorrection ou la sauvegarde de fichiers depuis un navigateur. Pas vraiment révolutionnaire mais des choses "bienvenues", rappelle Tristan Nitot.
"Je crois que le logiciel n'est jamais vraiment terminé, mais on n'arrête pas de progresser. Encore une fois, c'est un téléphone d'entrée de gamme destiné à des gens qui ont un feature phone. Et c'est la version 1.0 de ce téléphone, donc oui, on va l'améliorer pour le faire monter en puissance dans d'autres pays."
Montée en puissance… Au risque d'une fragmentation qui diviserait ceux qui ont le matériel pour aller plus loin et ceux qui resteront scotchés aux versions plus anciennes ? Pas sur les numéros de version, jure Mozilla, qui veut que "tout le monde passe à la dernière version".
Et même en terme de matériel, Tristan Nitot estime que "la question ne se pose plus. C'est ce qui est intéressant avec l'approche web : c'est par essence particulièrement fragmenté. Quand on fait un site web, on ne sait pas quelle sera la résolution de l'ordinateur qui va l'afficher, si l'utilisateur va changer la taille de sa fenêtre, etc. Le web a ceci de magnifique qu'il est complètement adaptable."
Merci Google, donc, qui déploie des trésors d'ingéniosité pour pousser les éditeurs de sites à optimiser leurs pages pour la mobilité, sous peine d'être pénalisé dans les résultats du moteur de recherche s'ils ne s'adaptent pas. Google, toujours le meilleur allié de Mozilla ?