par FabMars » 12 Nov 2010, 16:24
Mon coin de paradis, là où j'aimerai finir mes jours, c'est Le Havre.
Déjà, l'arrivée dans la ville met dans l'ambiance... Sur les vitres du train, vient cogner une pluie battante, tel un contrôleur sévère et sinistre prévenant de la fin imminente du voyage, vous sortant de votre rêverie, la sensation la plus douce et agréable que vous n'aurez jamais là-bas. Maintenant que vous êtes conscient de votre destination, vous n'avez qu'à ouvrir grand vos yeux, et vous imprégner du spectacle, de l'expérience havraise.
Regardez dehors, admirez pour la première fois cette ville accueillante, classée au patrimoine de l'UNESCO, et qui vous tend déjà ses bras velus et marqués par une dure vie d'usine.
Vous avez déjà des fourmis dans les jambes... Vous attendez avec impatience le moment où vous flânerez dans les rues désertes mais immenses du centre-ville, et vous sentirez cette sensation de puissance, celle du conquérant allemand qui défile fièrement dans la ville qu'il vient de prendre, et que les habitants ont lâchement abandonnée. Mais si vous cherchez plus de sensations fortes, le mieux, c'est d'aller dans les quartiers populaires. Là-bas, vous devrez éviter les mines fécales disposées sournoisement par une faune inamicale et un peu trop centrée sur elle-même. Ce premier test passé, et réussi tant bien que mal (vos chaussures en témoigneront), vous devrez en passer un deuxième, pour prétendre avoir "vécu" Le Havre. Quoi de mieux que de se faire agresser dans des rues sombres (et étroites cette fois), par des clochards, dealers de drogue, petits délinquants et autres cas sociaux? Ils vous dépouilleront avec une amabilité légendaire, mais devront s'y reprendre à deux fois avant que vous ne compreniez leur intention, l'accent et la maîtrise approximative du français n'aidant pas à une communication avec autrui.
Mais justement, Le Havre, c'est aussi (surtout) des rencontres inoubliables! Celle du type bourré agressif qui a un problème avec votre gueule qui ne lui revient pas, il est généralement dans son bar miteux et craignos (s'il a les moyens), ou dans la rue, une bouteille d'alcool bon marché à la main. Vous pouvez aussi rencontrer l'handicapé(e) qui semble s'être enfui(e) exprès de son centre pour se quereller avec vous, ou vous faire une démonstration de la relativité du sentiment de honte en se pissant dessus, ou mieux, en chiant devant vous avec des yeux énamourés, sur le mur d'un immeuble HLM. Je vous souhaite également de faire la connaissance de ces filles charmantes à la chevelure décolorée, au style vestimentaire aguichant, et à l'esprit aussi aiguisé qu'une pelle rouillée, oubliée dans la cabane au fond du jardin. Leur contrepartie masculine n'étant pas en reste, le tuning et le sweat-shirt en plus, voire la panoplie complète du rappeur. Wesh!
Quand vous aurez vécu tout ça, vous n'aurez plus jamais envie de quitter ce cadre idyllique... Non, vous ne pourrez plus jamais vous passer de la vue de ces immeubles carrés, gris et sinistres, du froid, de la pluie, des cas sociaux qui peuplent ces rues lugubres, de la plage de galet avec vue sur containers et autres transporteurs maritimes, de vos amourettes qui ont débuté dans une des boîtes de nuit hyper branchées de cette ville, des débats passionnées que vous aurez avec tout ce beau monde...
Tentez l'aventure havraise, vivez ailleurs, vivez au Havre!
上を向いて歩こう、涙が零れないように。