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Le "Mbappé du water-polo" est marseillais; Époustouflant depuis le début des championnats du monde, Thomas Vernoux a franchi un nouveau cap en conduisant les Bleus en demi-finale. Gros plan sur un phénomène des bassins formé au CNM.
Les sports collectifs français se sont rarement aussi bien portés. Même avec des hauts et des bas, la plupart des formations au maillot frappé du coq regardent dans les yeux les meilleures nations mondiales. Autre point commun : le fait de pouvoir s'appuyer sur un ou plusieurs joueurs d'exception.
Le football a Kylian Mbappé, le rugby Antoine Dupont, le handball Nikola Karabatic et le basket Victor Wembanyama. Dans la perspective des Jeux olympiques de Paris, le parcours remarquable de l'équipe de France de water-polo aux championnats du monde à Doha, où elle disputera cet après-midi une demi-finale historique face à la Croatie (lire ci-contre) est suivi avec plus d'attention que d'ordinaire. Et les fans de sport ont pu découvrir un nouveau phénomène : Thomas Vernoux.
Comparaison n'est pas raison, mais la trajectoire du Marseillais n'est pas sans rappeler celle de ses homologues du foot, du basket ou du rugby.
"C'est un phénomène"
"Ça ne doit pas être évident pour lui, souffle son capitaine en club et en équipe de France, Ugo Crousillat. J'avais utilisé cette comparaison parce que c'est un phénomène, intelligent et humble. C'est ce qui fait sa force. J'entretiens des rapports privilégiés avec lui. C'est un sport d'équipe, mais c'est bien de pouvoir compter sur un tel joueur." Les habitués du Cercle des Nageurs de Marseille n'ont pas attendu mardi soir pour savoir que leur club comptait dans ses rangs un athlète hors norme. "Des Thomas, on n'en voit pas souvent", confiait le président Paul Leccia avant l'ouverture de la saison.
Bien aidé par des qualités physiques naturelles (plus de 1,90m pour un poids de forme oscillant entre 103 et 105 kg), le Marseillais fait également preuve d'une grande précocité : appelé en équipe première du CNM et chez les Bleus à 15 ans, vainqueur de l'Euro Cup à 17 ans, il peut déjà s'appuyer, à 21 ans, sur une solide expérience. De quoi lui permettre de garder la tête froide face à l'agitation médiatique qu'il commence à susciter, année olympique oblige. "C'est particulier. D'un côté, si je n'avais pas été décisif, je n'aurais pas été content de ma compétition, confie-t-il depuis Doha. De l'autre, je n'aime pas donner l'impression de tirer la couverture sur moi. Quand on performe, c'est grâce au collectif."
"Tout ce qui se passe autour de lui, il le mérite et ça fait du bien à notre sport", estime son cousin, Romain Marion-Vernoux, coéquipier en club et en équipe de France. Car l'autre originalité de Thomas Vernoux, c'est d'être issu d'une grande lignée de poloïstes. Outre son cousin, son oncle Yann, qui a lui aussi fait les beaux jours du CNM et de l'équipe de France, a ouvert la voie, imité depuis par ses filles Ema, joueuse à Nice et elle aussi en équipe de France, et Lily, la petite dernière, qui évolue au sein du club azuréen. "Mon oncle a fait une belle carrière, mais à Marseille, en dehors de l'OM, il n'y a pratiquement pas de sport collectif où on peut atteindre le haut niveau, hormis le water-polo ou aujourd'hui le hockey sur glace", glisse Thomas Vernoux qui rêve d'aller encore plus haut. "Sur ces championnats du monde, on n'a encore rien gagné, tempère-t-il. On a 'juste' battu la Hongrie. On en veut plus. On a obtenu un résultat historique, mais si on termine sans médaille, on sera forcément déçu. On ne veut pas arriver aux Jeux pour simplement faire un coup." Rêvant d'expérience à l'étranger, le colosse marseillais s'est déjà entendu avec le CNM pour prolonger l'aventure après les Jeux de Paris. De quoi permettre aux Provençaux de voir à l'oeuvre le "Mbappé du water-polo" encore quelque temps.
La Provence