Comme lors de la précédente campagne, le Championnat de France 2023-2024 de handball qui débute jeudi soir devrait être le théâtre d'une nouvelle confrontation au sommet entre Paris, le tenant du titre, Nantes et Montpellier. Revue des troupes.
« On a vécu une belle lutte à trois pour le titre la saison dernière, tout le monde s'est régalé. » Le demi-centre de Nantes Aymeric Minne a bien résumé le magnifique suspense du Championnat de France 2022-2023. Avec d'autant plus de mérite que son équipe a été la frustrée de l'histoire, tombée à la troisième place derrière le PSG et Montpellier après avoir perdu une « finale » à Paris lors de l'avant-dernière journée (35-32). La bagarre a été formidable à tous les étages également en bas de tableau pour le maintien et parmi les candidats à la montée. On en redemande pour la saison qui commence ce soir, avec en arrière-plan la grande quête des Bleus aux Jeux Olympiques de Paris, l'été prochain.
Il y a toujours du monde au portillon dans la course à l'Europe, avec une dizaine de candidats crédibles pour seulement quatre tickets, comme celle du maintien. Pour le titre, Paris est éternellement favori, d'autant qu'il vient de pulvériser Nantes au Trophée des champions que le « H » détenait (35-25) , samedi à Cesson-Sévigné. Mais la saison passée a redonné un appétit féroce à ses rivaux nantais et montpelliérains.
Paris est déjà chaud
La soirée dans l'étuve de Cesson-Sévigné les a à peine décoiffés. Samedi soir, les Parisiens sont entrés dans la saison en fracassant la porte, alors qu'il y a un an ils avaient dérapé sur le tapis rouge contre ces mêmes Nantais au Trophée des champions (33-37). Le nonuple champion en titre, qui avait alors peiné à digérer l'exode d'une brochette de stars, semble aujourd'hui déjà rodé. « On ne s'attendait pas à être à ce niveau aussi rapidement, avoue le capitaine Luka Karabatic. On a très bien travaillé. Comme on a conscience que c'est de plus en plus dur, peut-être qu'on est encore plus vigilants et qu'on s'est mis en mode prépa plus tôt. Je m'attends à une saison aussi disputée que l'an dernier, voire plus. Mais il faudra toujours compter sur nous. »
Malgré le départ du colosse Dainis Kristopans (Melsungen, Allemagne) et du vétéran Henrik Toft Hansen (Mors-Thy, Danemark), l'effectif du maître tacticien espagnol Raul Gonzalez semble plus équilibré. La base arrière s'est étoffée avec l'arrivée du Danois Jacob Holm (absent pour le début de saison, arthroscopie d'un genou) et le retour de Nikola Karabatic pour une dernière danse (le doyen, 39 ans, arrête en fin de saison), après six mois d'absence (phlébite). Des doublures grand luxe pour relayer les tauliers de la base arrière, Luc Steins et Elohim Prandi, et faire face aux éventuelles blessures.
La défense est en place et le nouvel arrière droit norvégien Kent Robin Tönnesen semble déjà installé comme dans des charentaises. « Je vois toujours Paris devant. Je les trouve encore plus équipés que l'an dernier, observe Erick Mathé, l'entraîneur de Chambéry. Et leurs deux gardiens (Andreas Palicka et Jannick Green), qui ne connaissaient pas les tireurs français l'an dernier, peuvent être encore plus efficaces. »
Nantes veut crever le plafond
« L'objectif, c'est très clairement d'être champion ». Dès juin dernier, le bouillant président nantais Gaël Pelletier avait annoncé la couleur. Le « H » venait de conquérir la Coupe de France (devant Montpellier), mais la frustration était prégnante d'avoir manqué d'un souffle un premier titre de champion de France. « Pourquoi se dire que l'on veut être deuxièmes pour jouer la Ligue des champions Autant être premier, prolonge l'entraîneur Grégory Cojean. On n'est pas favoris mais on veut se mêler à la bagarre. On a les qualités pour. » Le technicien vient de prolonger son contrat à long terme, jusqu'en 2028. La récompense d'une brillante première saison sur le banc, où il a impulsé un style de jeu ultrarapide et payant.
Privé de Ligue des champions, Nantes perdra sans doute un peu moins d'énergie sur les routes du Vieux Continent, même s'il va devoir négocier un groupe très relevé en Ligue européenne (C2). Valero Rivera, le capitaine espagnol, et ses partenaires sont toujours portés par la ferveur unique de leur public. Leur groupe semble en pleine ascension, à l'image des jeunes Bleus Aymeric Minne et Thibaud Briet. Il n'a été retouché qu'à la marge, avec des ajouts séduisants comme le zébulon montpelliérain Julien Bos, sur l'arrière droit, et l'ailier buteur de Dunkerque Théo Avelange-Demouge, sur l'aile droite. Mais ces recrues doivent encore trouver leur place dans une machine huilée.
« On a déjà une base solide et nos automatismes. Cette fois, il faudra éviter les petits points qu'on a perdus à droite à gauche », estime l'international, Aymeric Minne. L'autre interrogation porte sur les gardiens de but, Ivan Pesic et Viktor Hallgrimsson, dont les blessures à répétition ont pénalisé le « H » la saison passée.
Montpellier pour honorer la der de Canayer
L'avant-saison de Montpellier a été marquée par l'annonce, le 28 août, du départ de Patrice Canayer après 30 ans sur le banc et 20 comme manager général. « Ç'a été un sacré choc. Beaucoup d'émotions. Se faire à l'idée que ce monsieur va partir », confie Valentin Porte, le capitaine. Bâtisseur du MHB, Canayer aimerait évidemment partir sur un titre dont son club est privé depuis 2018, où il avait glané une seconde Ligue des champions (après 2003). L'épreuve reine continentale que le dauphin du PSG en 2023 retrouve. « On reçoit Barcelone et on va à Veszprem donc pour un retour, on est servis », sourit Porte.
Conscient que courir sur les deux tableaux n'est jamais simple. « C'est en effet, notre capacité à livrer les deux qui est compliqué. À part le PSG qui y arrive » confirme Canayer. Qui a perdu deux pièces maîtresses, l'ailier gauche Hugo Descat (Veszprem) et l'arrière droit Julien Bos (Nantes). Mais a tiré une bonne pioche avec Ahmed Hesham, arrière gauche (ex-Nîmes). « Hesham est une super recrue mais le bateau penche à gauche », jauge Erik Mathé, le coach de Chambéry. Comprendre que Bos parti, l'arrière droit reposera beaucoup sur Valentin Porte, secondé par le jeune Alexis Berthier (21 ans) et Marko Panic, non prolongé et partant pour Plock (POL) l'été prochain. Au pivot, Arthur Lenne (22 ans) et Veron Nacinovic demeurent perfectibles. Une source de motivation pour Canayer : « Je m'en sers en leur disant : "On pense que vous êtes des tocards !" »
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