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Un train d’enfer
Les futurs participants au Tour de France (29 août-20 septembre) sont sortis rincés du Dauphiné, et globalement frappés par le rythme très élevé imposé par les Jumbo-Visma .
Le parcours épuisant
Avant de redescendre de l’altiport de Megève, dimanche en clôture du Dauphiné, Nicolas Roche (Sunweb) a échangé quelques mots avec des membres de l’organisation de la course : « Je leur ai dit : “finalement, je préfère le Dauphiné sur huit jours, c’est beaucoup moins fatigant”, relatet-il en souriant. Je termine la semaine vidé. » Réduite à cinq jours pour être calée au chausse-pied dans le nouveau calendrier UCI, l’épreuve a en effet proposé aux coureurs un extraordinaire condensé de montagne, une orgie de 27 cols et côtes, pour 18 650 mètres de dénivelé positif.
« J’ai fait quelques recherches, et je n’ai jamais vu un circuit aussi dur dans l’histoire du Dauphiné, souffle le Français Hugo Hofstetter (Israel Start-Up Nation) qui, pour son baptême du feu sur la course, a été servi. C’est simple, il n’y avait que de la montagne. Le premier jour, la seule étape où j’aurais pu m’illustrer, il y avait déjà 4 000 mètres de dénivelé sur 230 bornes. Ensuite, mon objectif, c’était juste de m’accrocher et de me projeter vers le Tour en pensant aux délais sur certains cols. »
Le niveau impressionnant
Les grimpeurs, après avoir bataillé sur la Route d’Occitanie et le Tour de l’Ain, se sont eux tous retrouvés sur le Dauphiné où « l e niveau, en montagne, était sans doute encore plus élevé que sur le Tour de France », estime Mikaël Cherel (AG2R-La Mondiale). « Ces dernières années, à allure similaire, j’arrivais à accrocher les 20 derniers coureurs dans les cols, précise-t-il. Là, ils étaient encore 40 voire 50. On en perd nos repères. »
Au sommet du col de la Madeleine, vendredi, ils étaient encore 70 coureurs regroupés… « E t quand on monte le col de Bisanne à 25 à l’heure, tout le monde suit, c’est impressionnant, ajoute Pierre Rolland (B & B Hôtels-Vital Concept). Ce n’est quasiment pas possible de faire plus relevé que ça. Moi, en tout cas, je n’ai jamais vu ça. »
La Grande Boucle, située tôt dans cette moitié de saison remaniée, a intensifié les préparations et enfanté un peloton dense, très fort, mais très homogène. « Tout le monde ne pense qu’à ça depuis des semaines, explique Nicolas Roche. Tout le monde descend de stages en altitude et les équipes nous mettent une grosse pression pour être en forme tout de suite. »
Les Jumbo déprimants
Ce contexte particulier n’a pas empêché les Jumbo-Visma – preuve de leur extraordinaire force de frappe – d’imposer un train d’enfer, ce qui a eu pour double effet d’épuiser les organismes et de cadenasser la course à double tour (hormis dimanche, après l’abandon de Primoz Roglic). « Ils sont hallucinants, dit Hugo Hofstetter. Et je ne parle même pas de leurs grimpeurs : depuis le Tour de l’Ain, Tony Martin et Wout Van Aert mettent eux aussi des tempos pas possibles, même dans les cols ! Leur équipe est deux crans au-dessus de toutes les autres. »
Si Steven Kruijswijk (épaule démise) n’est pas sûr d’être remis d’ici au Tour, elle bénéficie, avec Primoz Roglic, Tom Dumoulin, Sepp Kuss et George Bennett, d’au moins quatre autres montagnards en grande forme pour déprimer ses rivaux. « Quand tu les vois, ça fait encore plus cogiter, dit Maxime Bouet (Arkéa-Samsic). Psychologiquement, c’est compliqué de ne pas se déstabiliser. Il faut juste l’accepter. Après, j’ai connu par le passé des équipes qui se baladaient sur le Dauphiné et qui étaient rincées ensuite. On verra si Jumbo roule toujours comme ça en troisième semaine du Tour… »