Vainqueur de la Vuelta l'an passé dès sa première participation, le Belge Remco Evenepoel dit aborder cette nouvelle édition qui démarre samedi sans forcément être là pour la gagner. Mais il a pourtant très sérieusement préparé le rendez-vous.
Lorsque Patrick Lefévère se décide à parler de Remco Evenepoel, il faut tendre l'oreille pour bien comprendre la teneur de ses propos. « Quand Remco a un objectif en tête, il met tout en oeuvre pour l'atteindre, signale le manager général de la formation Soudal-Quick Step. Il peut aussi se braquer sur des détails. C'est impressionnant. »
Samedi, le prodige belge sera au départ du deuxième Tour d'Espagne (26 août - 17 septembre) de sa carrière avec pour mission ultime d'être de nouveau sacré dans trois semaines à Madrid comme l'an dernier au terme de sa première participation.
Programme retouché
À l'aube de ce nouveau défi, le grand patron de l'équipe belge sait que son poulain a souhaité encore revenir sur la Vuelta cette année après avoir bien pesé le pour et le contre. L'abandon en mai dernier sur le Giro après une grosse semaine de course en raison du fatidique Covid a redistribué les cartes et obligé le Brabançon à procéder à quelques retouches sur son programme initial, qui ne devait pas forcément le conduire en terre espagnole.
« Il est vrai que ce n'était pas prévu cette saison que je sois au départ de la Vuelta, admettait-il. Après mon abandon sur le Giro, il a donc fallu se fixer de nouveaux objectifs. Je ne peux donc pas vous dire aujourd'hui que je suis là pour gagner la Vuelta. Et puis le niveau est tellement énorme cette année qu'il peut se passer plein de choses. »
La 78e édition de la Vuelta n'a pas encore débuté qu'Evenepoel cherche déjà à brouiller les pistes en mettant en avant une participation cinq étoiles, plus élevée pour lui que l'an passé en raison des présences de Jonas Vingegaard, Primoz Roglic, Juan Ayuso et Geraint Thomas. Hier après-midi, l'âme plutôt joyeuse, le jeune Belge comptait faire croire que ses ambitions seraient sûrement à la baisse. « Je suis confiant et j'espère que le Covid va me lâcher un peu, plaisantait-il. Cette année, je vise d'abord une étape et le top serait de terminer la Vuelta sur le podium. Bon, si je gagne trois ou quatre étapes et je termine douzième du général, ce serait aussi une Vuelta réussie. »
Evenepoel est bien armé
Bien entendu, le discours d'Evenepoel n'a pas franchement convaincu l'assistance. Car le champion de Belgique est bien armé pour faire face à l'opposition et a parfaitement préparé son affaire depuis son titre de champion du monde du contre-la-montre obtenu le 11 août dernier à Glasgow. Installé désormais du côté de Calpe, non loin d'Alicante, il a pris le soin d'inspecter les étapes importantes de cette édition et notamment l'arrivée au sommet d'Arinsal, en Andorre, programmée dès lundi, ou encore celle qui sera jugée le 13 septembre en haut du terrible Angliru et ses rampes à 24 %.
« Je suis effectivement allé reconnaître la montée de l'Angliru et je sais désormais à quoi m'attendre, avouait-il. Je n'ai pas voulu commettre la même erreur que l'an passé où je n'avais pas reconnu les étapes de la Vuelta. Je pense que ça m'avait desservi dans mon approche de la course. J'ai compris qu'il fallait faire des reconnaissances, ce sont des points clés si l'on veut briller sur un grand Tour. Bien sûr, je vous donne un mauvais exemple puisque même sans l'avoir fait, j'ai gagné l'an passé. »
Hier, sous l'écrasante chaleur de Barcelone (voir ci-dessous), le Belge avait encore l'esprit taquin. Mais depuis deux semaines, il s'est imposé une préparation intense et contraignante, le seul moyen pour rester le maître du jeu. « Je me suis énormément entraîné sur le contre-la-montre et je suis devenu champion du monde, disait-il. C'est quelque chose qui peut quelque part affecter mon rendement en montagne. Mais j'estime que le Tourmalet et l'Angliru sont des ascensions qui en termes de durées d'effort sont similaires à un long chrono. »
Avec un seul contre-la-montre individuel de 25,8 kilomètres sans grande difficulté prévu à Valladolid le 5 septembre, Evenepoel sera encore l'homme à battre. Ses principaux rivaux le savent déjà. L'équipe bâtie autour de lui ne sera pas la même que l'an passé, mais avec Louis Vervaeke, Andrea Bagioli, Mattia Cataneo, Jan Hirt ou James Knox, il faut admettre qu'elle présente de sérieux atouts pour tenir tête aux armadas de Jumbo-Visma, Team Emirates ou encore Ineos Grenadiers.
« J'arrive avec une équipe différente mais pas moins forte que l'an passé, assurait le vainqueur sortant de la Vuelta. Mais on sait tous déjà que Roglic arrive en super forme, Vingegaard c'est Vingegaard, et on est sûrs qu'Ayuso, Almeida, Vlasov et Thomas seront prêts. »
À l'évidence cette année, et pour que tout le monde soit au courant, Evenepoel compte jouer le coup différemment. « Je vais rouler en mode défensif au moins la première semaine, prévenait-il. Il y a suffisamment de grands noms sur cette Vuelta pour qu'ils fassent le boulot et assument la pression. » Chacun jugera.
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