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Le 03/12/2009 à 11:08 Tennis - Retraite
Amélie Mauresmo quitte la scène
Amélie Mauresmo a décidé d'arrêter sa carrière. Fidèle à sa ligne de conduite depuis l'enfance, la plus grande championne du tennis français a choisi de suivre ses émotions. Quand l'envie disparaît, il reste un palmarès immense et une jeune femme de 30 ans prête à savourer une deuxième vie.
C'est toujours triste, un champion qui tourne la page. Ce jeudi 3 décembre, Amélie Mauresmo n'est plus joueuse de tennis, mais elle reste la plus grande championne du tennis français depuis Suzanne Lenglen. Fidèle à sa ligne de conduite depuis l'enfance, elle a suivi ses émotions. Fidèle à sa ligne de conduite depuis toujours, elle a longuement mûri sa décision et son choix. Elle a commencé le tennis par passion, elle le quitte quand la flamme ne brûle plus. Elle joue encore très bien (21e mondiale), elle possède encore une des meilleures conditions physiques du circuit, mais les contraintes pèsent plus lourd que l'envie.
De la fillette de 4 ans émerveillée par le bonheur dégagé par Yannick Noah à Roland-Garros en 1983 à la jeune femme d'aujourd'hui posée et apaisée, un fil d'Ariane guide son destin. Pour accomplir son rêve, elle a tracé son chemin vers la réussite. Il y a eu des bosses, des creux, des sommets, mais elle n'a jamais perdu de vue la ligne d'arrivée. Au fil des ans, la fillette a dépassé l'inspirateur et Yannick Noah ne tarit pas d'éloges quand il parle de son double : «C'est un parcours fantastique. L'image qui reste, c'est Wimbledon, mais toute l'aventure est fabuleuse. S'être affirmé à travers le jeu, ce sont des victoires qui n'ont pas de prix. On a des points communs : cette espèce de rejet de qui on est au départ.»
Le plus grand palmarès du tennis français
Cette cassure, ces failles du champion, Amélie Mauresmo les a comblées en quinze ans de carrière. A travers le tennis, elle n'a plus rien à prouver aux autres et à elle-même. Elle a tout gagné ou presque : deux titres du Grand Chelem en 2006 en Australie et à Wimbledon, un Masters en 2005, une place de numéro 1 mondiale, une victoire en Fed Cup en 2003, une médaille d'argent aux JO en 2004 et 25 titres WTA. Si certains Français font la fine bouche en raison de ses prestations à Roland-Garros, il ne faut pas oublier d'ouvrir ses frontières. Wimbledon est le tournoi le plus prestigieux du monde. Gagner dans le temple du tennis s'apparente à une médaille d'or olympique sur 100 m en athlétisme ou une Coupe du monde en foot.
Les champions sont connus pour ce qu'ils font. Les grands champions sont aussi connus pour ce qu'ils sont. Amélie Mauresmo a gagné le respect pour ce qu'elle a fait et elle est aimée pour ce qu'elle est. Elle est devenue un modèle et un exemple pour toutes les joueuses françaises. Son humilité, sa rigueur et sa sensibilité ne trompent pas et son jeu lui ressemble. Il est subtil et atypique. Ses variations et ses qualités d'attaquante lui ont permis d'atteindre le sommet. Comme tout ce qui est subtil, le moindre grain de sable enraille l'horlogerie. Et cette fragilité a provoqué une confusion des genres. Son jeu peut être fragile. Son mental ne l'est pas. On ne devient pas numéro 1 mondiale, on ne gagne pas deux tournois du Grand Chelem, on ne possède pas son palmarès en étant fragile mentalement. Sensible et cérébrale, elle l'est. Les doutes, elle en a. Mais il n'y a que la certitude qui rend fou. Et Amélie Mauresmo est bien réfléchie.
Sophie DORGAN