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Un article du nouvel obs
Gasquet: moins d'un nanogramme d'info par millilitre d'urine
Fin mars, à la suite de son forfait au tournoi de Miami, Richard Gasquet a été contrôlé positif à la cocaïne. Le contrôle a révélé la présence de 151 nanogrammes par millilitre d’urine, chiffre communiqué par l’agent du joueur. Comment interpréter ce chiffre et quelle quantité de cocaïne faut-il absorber pour arriver à ce résultat ? Une ligne, plusieurs ? Par exemple, si on compare avec la consommation d’alcool, un taux de 151 nanogrammes, est il l’équivalant de 0,1 gramme, de deux grammes, plus ? La réponse à cette question n’est pas indifférente. Sur les circonstances dans lesquelles la cocaïne a été absorbée. Volontairement ou non. Sur les éventuelles intentions de dopage. Selon Laurent Karila, médecin du Centre référence cocaïne de l’hôpital Paul Brousse, la prise la veille au soir d’un contrôle de 0,5 gramme de cocaïne donnerait un résultat supérieur à 5000 nanogrammes par millilitre d’urine pour un seuil de positivité supérieur à 300 nanogrammes par millilitre. Une analyse effectuée 48 heures après la prise donnerait le même résultat. La veille de son contrôle Richard Gasquet aurait passé la soirée dans une discothèque. Si la prise de cocaïne volontaire ou non a eu lieu à ce moment là, le contrôle effectué le lendemain a révélé un taux 33 fois inférieur à celui résultant d’une consommation habituelle de cocaïne au cours d'une fête. Trente trois fois.
Autrement dit, un non événement. En tout cas une information à traiter avec beaucoup de prudence avant d’enclencher la broyeuse médiatique.
Quand le 10 mai dernier « L’équipe » révèle l’affaire, le journal commet plusieurs erreurs: « selon nos informations les traces retrouvées seraient de 1,45 microgramme, soit bien au-delà de la limite de sensibilité demandée à tous les laboratoire antidopage accrédités (0,5 microgramme) ». Le journal confond les microgrammes et les nanogrammes. 1,45 microgramme par millilitre d’urine cela fait 1450 nanogrammes, on en a trouvé 151. La même erreur est répétée sur le seuil de détection qui est de 50 nanogrammes (0,05 microgrammes), et non de 0,5 microgramme (500 nanogrammes). Le 12, le quotidien indique que les traces de cocaïne détectées sont de 0,146 microgrammes. Un taux dix fois inférieur au chiffre publié deux jours plus tôt, ce qui n’est pas négligeable. Avec 0,4 gramme d’alcool dans le sang on n’a pas dépassé la limite autorisée au volant, à dix fois plus, quatre grammes, le coma éthylique n’est plus très loin, sinon déjà dépassé.
Dans « L’équipe » du 10, la cocaïne était un produit dopant. Deux jours plus tard, elle ne l’était plus. Dans une interview, William Lowenstein, médecin spécialiste des addictions était catégorique : « absolument pas dopant ». Dopant, pas dopant, télévisions, journaux, radios, sites internet ne se sont pas posés la question.
Cette histoire, qui en apprend plus au fond sur les mœurs médiatiques que sur celles du tennis en général et de Gasquet en particulier, en rappelle une autre. En 2001, Jenifer Capriati a remporté Roland Garros. Née en 1976, cette jeune surdouée du tennis est classée dès l’âge de quatorze ans parmi les dix meilleurs joueuses mondiales. Médaillée d’or en 1992 aux jeux de Barcelone, elle craque l’année suivante. Fin 1993, la police l’arrête pour le vol d’une bague à trois sous et la détention de majijuana. Sa photo d’identité judiciaire vendue par un flic ripoux fera la une des quotidiens et l’ouverture des journaux télévisés. Elle a dix sept ans. En 1996, elle reprend le tennis. Revenue à son meilleur niveau, elle remporte l’Open d’Australie en 2001 et au mois de juin suivant, remporte Roland Garros. Quant elle atteint les demi-finales, la présentatrice du 19-20 heures de FR3, Elise Lucet annonce avec un grand sourire de circonstance l’heureux événement : « l’ex-droguée Jenifer Capriati s’est qualifiée pour les demi-finales de Roland Garros ». Qui disait ce métier a ses bassesses mais je suis toujours à la hauteur ?