par Travis Bickle » 12 Mai 2009, 16:22
Source : L'Equipe du jour
WILLIAM LOWENSTEIN, médecin spécialiste des addictions, affirme que la prise de cocaïne chez un joueur de tennis ne traduit pas forcément une volonté délibérée de se doper.
« Absolument pas dopant »
« QUELLES SONT LES DIVERSES voies d’absorption possibles de la cocaïne ?
– La plupart du temps, cela se passe par voie muqueuse. Soit elle est sniffée et, dans ce cas, c’est la muqueuse nasale et oro-pharyngée qui permet l’absorption rapide de la cocaïne (en deux ou trois minutes au maximum), soit elle est ingérée par voie muqueuse bronchique et alvolaire, c’est-à-dire par voie pulmonaire, et dans ce cas la cocaïne est fumée, généralement sous forme de crack. Mais d’autres voies sont possibles, toujours muqueuses, dont notamment celles qu’on pourrait appeler “génitales”. Cela peut avoir lieu lors de jeux dits sexuels dans certaines soirées, disons particulières. Les autres voies sont encore plus violentes, notamment la voie intraveineuse, quand la cocaïne est shootée, c’est-à-dire injectée. Dans tous les cas, c’est la voie fumée, sous forme de crack, qui est la plus rapide. Vient ensuite la voie intraveineuse, puis la voie nasale. En cas d’absorption par voie digestive, c’est-à-dire quand la cocaïne est mélangée avec du liquide, ou du solide pour être mangé, c’est beaucoup plus lent et là, la cocaïne perd 90 % de sa valeur initiale proposée.
– Mais peut-on absorber de la cocaïne “à l’insu de son plein gré”, pour reprendre une formule célèbre ?
– Tout peut exister en médecine, y compris les choses les plus folkloriques. Mais il faudrait penser, dans ces cas-là, que la cocaïne a été administrée dans un liquide ou un aliment à des fins de complot et, encore une fois, cela suppose qu’il y ait eu une grande quantité mise dans ce liquide et cet aliment jusqu’à ce qu’il y ait un dixième de cocaïne absorbée qui donne un taux notable retrouvé dans le sang. Disons que cet aspect-là n’est pas impossible, mais il me paraît peu vraisemblable.
– Peut-on considérer la consommation de cocaïne un soir comme un dopant pour le lendemain chez un joueur de tennis ?
– Absolument pas ! À la phase d’effets “positifs”, c’est-à-dire d’euphorie, de dynamisme, de résistance à la douleur, etc., succède une phase de descente, qui se traduit par une fatigue brutale et une diminution
de la force musculaire. Le lendemain, ce sont plutôt des effets adverses qui surviennent. La cocaïne peut être un bon dopant, mais son maniement est extrêmement difficile, sa durée d’action est très courte. Dans un match, un joueur de tennis devrait sniffer au moins quatre ou cinq fois entre chaque set pour tenir jusqu’au bout.
– On serait donc, en l’espèce, dans le cas d’une absorption dite “festive” ?...
– ... Et qui relève plus de la sphère privée que d’une conduite dopante en tant que telle. On est dans un questionnement de vie extra-sportive.
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MARC BEAUPÈRE