Dagobert a écrit:On ne peut pas reprocher au Tour de cautionner le dopage dans son sport.
La société du Tour a souvent eu une attitude très ambiguë, dont la sévérité n'apparaît que quand on la compare au laxisme de l'UCI et à la permissivité qui existe dans d'autres sports. Le CIO, lui aussi, est très ambigu... L'UEFA et la FIFA ne le sont pas : elles s'en foutent complètement.
Personne ne nie - et Betsamee n'a pas dit le contraire - que le cyclisme soit sans doute le sport le plus contrôlé. Le sens de mon message était que la lutte contre le dopage telle qu'elle est entreprise dans le vélo tue ce sport. Parce qu'elle n'est pas assez poussée jusqu'à devenir tellement efficace qu'elle éradiquerait le dopage en grande partie, et qu'elle l'est suffisamment pour offrir au grand public des scandales à répétition.
Le sport de haut niveau est un spectacle (je suis un penseur original
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). Le public, et moi le premier, est globalement "plutôt contre" le dopage, mais il est suffisamment cynique pour apprécier un spectacle sportif sans être dupe du slogan "ah, maintenant, c'est plus comme avant, tout le monde est propre". Toutefois, le but ultime de la compétition étant de la gagner, c'est au vainqueur que le public s'intéresse. On a eu droit hier à une fantastique finale de Wimbledon. Federer ? Nadal ? Un suspense total. Il n'est pas impossible que l'un ou l'autre, ou les deux, se soient aidés de quelques substances interdites. Toutefois, les contrôles en tennis étant ce qu'ils sont, on a su dès la balle de match que Nadal avait gagné. Si l'on était suspendu aux analyses pour attendre le vrai nom du vainqueur, la rencontre aurait perdu pas mal de son intérêt, bien qu'ayant été d'un niveau exceptionnel.
C'est le pb du Tour : on vibre à des exploits, le gars fait 150 km en montagne tout seul et termine épuisé avec 5' d'avance. Mais on sait qu'il y a de bonnes chances qu'il soit exclu dans les jours qui viennent. En tant que spectateur, j'ai envie de voir du sport, du combat, des exploits, des sportifs qui se dépassent (et le tour offre ça), mais j'aime bien aussi savoir qui a gagné dès la fin de l'étape et que c'est l'exploit qui fait le vainqueur, et pas le laboratoire à postériori.
Je suis plus passionné d'athlétisme que de vélo. J'ai assisté à l'ensemble des championnats du monde à Paris en 2003 au stade de France. J'ai vu des courses incroyables. Mais de la même façon, je trouve qu'une médaille obtenue 6 mois après parce qu'un(e) athlète a été contrôlé positif n'a rien à voir avec le fait de voir la personne sur le podium.
"La société de surconsommation, fruit d'un capitalisme dérégulé, relève d'une logique compulsionnelle dénuée de réflexion, qui croit que le maximum est l'optimum et l'addiction, la plénitude." Cynthia Fleury