Et le mien !
Départ le jeudi en fin de matinée tranquillement, après un petit passage express à Décathlon pour mon idée de dernière minute : Du powerade mélangé dans ma poche à eau, ce qui enlèvera le gout du plastoc (et ça marche !). C’est donc assez serein que je prends la route, j’ai hyper bien dormi. Et comme je l’avais lu quelques semaines plus tôt : « L’important ce n’est pas la dernière nuit qui sera quoi qu’il arrive trop courte, mais l’avant dernière ».
Après 5h30 de trajet, j’arrive dans ce petit bled « Le bois au four » vers 17h30. Et là… Il me semble avoir voyagé dans le temps haha, qu’est-ce que c’est que ce truc ?? Tout est figé dans les années 80, y compris le réseau.
Mais la bonne surprise est confirmée : Repas « spécial course » (on verra plus bas que c’est un peu l’arnaque
), et petit déjeuner à 2h du matin.
Je pose rapidement mes affaires et direction le salon du trial pour retirer mon dossard avant 19h. Arrivé sur place, petit SMS à Travis au cas où ! Je retire mon dossard, fais un petit tour, croise Xavier Thévenard du haut de ces 27 kilos 250. Je ressors et m’arrête sous la fameuse arche de l’arrivée pour un petit « selfie », « quoi qu’il arrive je dois y être demain ».
Avant de partir, SMS de Travis qui vient d’arriver, donc je retourne au salon
Venus en force avec 3 camarades de jeu, on refait un petit tour, choppe les cadeaux de bienvenue, et je les regarde boire leur mousse que j’ai refusée, je ferai pas un écart maintenant
Retour à l’hôtel, petite douche et donc repas ! Menu à 17€ : Deux tranches de jambon blanc et salade, un filet de poulet avec des pâtes. Le menu est parfait, mais 17€ ?
Bon on s’en fout je règle tout y compris la deuxième nuit ne pouvant l’annuler, car je filerai en AirBnB avec un cousin et sa femme qui peuvent venir me voir en fin de journée après la course. En bon prince, l’hôtelier me dit qu’il ne me facture donc pas le petit déjeuner. Ca me fait donc un petit dej à 70€, c’est pas mal
Je remonte, échange quelques SMS, me mets devant Brice de Nice en me disant que ça va m’endormir… BIM 21h30 je dormais ! Un vrai miracle sachant que je ne me couche jamais avant 1h. Réveil à 2h15 plutôt nickel, je me dis que c’est trop parfait, rien ne peut m’arriver. Enfin une petite frayeur sur le trajet : La route que j’ai prise la veille est barrée ! J’arrive donc dans la zone de départ un peu après 4H, juste le temps de voir Travis et ses potes dans la tente chauffée (car ça caille sévère ! On a bien fait de prendre gants et compagnie). 2-3 encouragements et on se met dans la file. La musique, le décompte, les fumigènes… Je suis prêt, serein, j’irais au bout.
Le départ est tranquille, bien que je sois surpris par le nombre de mecs qui ne savent pas courir avec des bâtons... Failli me faire trouer les tibias et les yeux un paquet de fois. C’est pour ça que je n’en n’ai pas pris ! Je n’ai pas appris je viens donc sans… Bref !
Première côte et… Premier abandon, « ca tire sur les mollets ». Euh t’es sérieux là ? Hahaha allez ouais rentre chez maman. Rapidement viennent les premiers bouchons, c’est chiant… Mais bon on avance et arrive vite au ravito du 18km. Assez déçu je trouve, pas de fruits ou autre (les deuxièmes et troisièmes seront pareil d’ailleurs). Ensuite ça passe assez vite je suis vraiment en mode « pilote automatique », RAS donc. La levée du jour est top, le paysage magnifique !
Sur cette première partie, il y a juste l’anecdote du croque-monsieur qui je pense me « sauve » ma course ! Quelques jours avant de partir, mon cousin me donne quelques conseils (UTMB et compagnie à son palmarès), en partie connus… Sauf un ! « Fais-toi un croque-monsieur que tu coupes en cube et que tu prends avec toi en plus de tes gels, barres… Etc. Tu verras, crois-moi ». Mon dieu ce miracle. Je commence à avoir mal au bide, je mange 2 cubes. Ca fait du bien à l’estomac, au palais qui en a plein le cul du sucre, et au moral !
Le fameux croque-monsieur, à gauche Physiquement ça commence à tirer vers 50-55 mais juste du classique, c’est comme ça au trail.
Ce n’est pas qu’on avance sans douleurs, c’est qu’on apprend à avancer avec la douleur. Avec 2-3 coureurs on se dit que le ravito 4 au km63 fera énormément de bien à la tête, puisqu’on tombe sous la barre des 40 et on s’approche des distances « training » qu’on a l’habitude de faire.
Arrivé sur celui-ci, je meurs de faim. Je prends le temps de bien manger (et là ça rigole beaucoup moins niveau bouffe ! C’est top), j’ai presque 2 heures d’avances sur la barrière horaire… Parfait.
La longue descente qui suit me flingue. Mes tendons des deux genoux commencent à siffler, surtout le gauche. Je profite du point d’eau en bas pour mettre mes jambes sous le robinet, ce froid fait du bien. Mais j’arrive au ravito 5 au km74 « dans le dur ». J’ai mes 2h d’avance sur la barrière, cette fois je prends mon temps. La soupe fait du bien, je m’assoie 10 minutes, check mon FB et mes SMS pour le soutien, bref je profite et essaie de récupérer. Et ça paie très vite, j’ai un sacré regain de forme au km77, et qui va durer ! Le corps est vraiment rentré dans un second cycle. Je reçois un appel de mon cousin, ils sont déjà là ! Ils m’ont loupé au dernier ravito mais seront au point d’eau du km90, c’est top je suis à peu près au 80. On rentre dans une portion où on enchaine descente et montée, là ça lâche bien comme il faut : tendinites genou et cheville gauche, ça se finira au mental. Mon avance sur la barrière commence à fondre, je reçois donc un deuxième appel que je loupe le temps de sortir le tel. Mais je vois un SMS de mon cousin « je monte te retrouver avec la lumière de mon téléphone, arrête moi quand tu me croise je vois rien », je le rappelle et effectivement… Il aura couru en tout 1h en jean avec son tel ! On se retrouve en haut, accolade et bise. « Nan mais je connais le chemin en fait, j’ai déjà fait une course d’orientation ici », si tu le dis
Je relance comme je peux, ça tient pas longtemps donc on finit en marchant vers le point d’eau du 90km. J’ai un peu moins d’une heure d’avance sur la barrière horaire, mais c’est bon je suis dessous je ne serais ni dérouté ni disqualifié ! Encore une grande côte que j’entends beaucoup parlé depuis le début de la course, « un mur » me dit mon cousin… Mais c’est la dernière m’en fout.
On retrouve sa femme qu’il avait donc laissé « seule » je pense à ce moment-là, avec leur bébé de 2 mois que je rencontre pour la première fois ! Grosse émotion donc que je tiens difficilement, avant de reconnaitre deux autres personnes cachées derrière. Un tonton et une tata sont aussi venus en surprise, c’est fou ! Quelques larmes, mais je me ressaisi très vite car il reste les 10 km les plus difficiles. J’enfile une soupe qu’ils ont achetée. Car oui, au 90 c’est un point d’eau, le ravito est au 96 après la montée… Curieux !! Surtout que 4km plus loin on remange.
La montée est pénible et longue, mais je ne pense qu’à la descente qui va suivre, qui va être un enfer. Et encore à ce moment-là, je n’en imagine même pas l’ampleur…
Je reste peu de temps au dernier ravito du 96, il fait très très froid je veux finir. De mémoire, ce n’est qu’une descente, les bénévoles disent la même… Mon cul. Au début je relance, je serre les dents c’est bon je cours jusqu’en bas ! Sauf que… On fait -500 sur 4km, mais avec une bonne montée en plein milieu, et ensuite en enchainant montée – descente – montée – descente 4 fois… Insupportable, on entend le speaker au loin mais on tourne autour. La descente est hyper raide, des marches avec rondins de bois alors que c’est humide, je finis le cul par terre 4 fois, un mec devant mois se tourne le genou et va devoir abandonner au km98… Ca me rend fou, je suis vraiment vénère à ce moment-là. Je me dis que s’ils avaient voulu faire exprès de nous blesser sur la fin, ils ne s’y seraient pas mieux pris. Je suis tellement soulé, et pour ne rien arranger ma frontale me lâche, mais je ne changerai pas les piles maintenant. Je me dis que je ne vais même pas vivre mon arrivée telle que je l’imagine depuis des semaines…
J’arrive en bas, je fais tomber le coupe-vent pour sortir le teeshirt de l’asso ! J’oublie tout, je suis dans le vide complet. Les 200 derniers mètres en marchant me font basculer dans l’émotion. J’avance comme je peux, les yeux rivés tout droit devant moi sur l’arche. Je ne la lâche pas du regard, les larmes coulent… C’est fait, je suis finisher d’un ultra.
Vidéo 360 de mon arrivée par mon cousin, en mode « public » temporairement sur FB :
https://www.facebook.com/nicolas.lapoin ... 3721251004Ma cheville
C'est donc fait, 2 ans après avoir commencer la course, 1 an après le trail... Not bad