con promis, chose dûe. voici l'heure du CR de la Saintélyon 2015 by Mr Bickle.
Vendredi soir 20h, Mac Do avec Madame Bickle et les petits, puis patinoire. C 'est tout con mais ce petit détail aura son importance plus tard. 22h et des brouettes, chute de Mr Bickle, qui en voulait faire le malin devant les mômes, s'éclate le cul sur la glace.
Samedi 12h. Resto avec la belle famille. Je fais light, estouffade de boeuf à la provençale, 1 verre de rouge.
15h, je passe à la maison pour rassembler mes affaires. 1er problème, comment s'y prendre pour tout faire rentrer dans ma petite valise. Les consignes de sécurité envoyées par mail le jour avant sont strictes: aucun bagage de plus de 40 l n'est toléré.
15h45, je prends le bus pour me rendre au retrait de dossards. Ça bouchonne un truc de malade. Le dernier match de l'histoire de Gerland ( et quel match
) doit y être pour quelque chose. Le bus est dévié, et me dépose quelques centaines de mètre plus loin. Je fais connaissance avec des mecs qui viennent également pour la course. Etant le régional de l'étape, je suis chargé d'acheminer tout ce petit monde jusqu’à l’arrêt de tram, direction la Halle Tony Garnier.
arrivé sur place, énormément de monde. Mon pote m'appelle pour me dire qu'il sera un peu à la bourre. Je fais la queue 30 minutes devant les grilles, puis palpation et fouille de la valise. Mon pote n'étant toujours pas là, je fais aussitôt la queue acheter un ticket pour la navette. 10 minutes. Mon pote arrive, et doit égaler se taper la file d'attente
Un mec venu de Bordeaux commence à discuter avec moi, mais je suis pas très réceptif. Après 5 minutes, je prétexte un appel pour me débarrasser de lui. Mon pote est enfin là, on va retirer nos dossards. Quelques minutes d'attente. On décide de faire un tour du village expo pour passer le temps. Beaucoup d'équipementiers sont là pour te faire perdre des sous et gagner du temps au kil. Egalement pas mal de pub pour des courses à venir, avec quelques stands sympa. Un stand corse me propose de la charcut' que j'accepte avec grand plaisir. c'est bon mais ça arrache la gueule. Un stand franc-comtois aussi, je retrouve mon accent paysan que je tente avec difficulté de camoufler au quotidien. Un morceau de conté, de saucisse de Morteau sèche, un verre de sirop de sapin et j'ai plus envie de courir mais de boire l'apéro. Me voyant faiblir, mon pote me propose d'aller prendre la navette pour éviter la foule.
19h15: On se pose dans la navette, avec devant nous des bons-vivants ardéchois, venus tout autant pour la gastronomie lyonnaise et le beaujolais que pour la course. Sympathiques mais bruyants, estampillés "Beauf de France".
20h15: Arrivée à Saint -Etienne. De nouveau palpation et fouilles des bagages, c'est relou. On décide ensuite d'aller direct à la pasta-party. C'est pas transcendant
21h- 23h. On "campe" sur le sol du gymnase. Ultimes préparatifs, et je me fous dans mon sac de couchage. Problème, j'ai mal au coté gauche du cul suite à mes prouesses de la patinoire. Je dois m'allonger sur le coté droit ( je déteste ça) face à un vieux qui m'inspire rien de bon.Il me parle, me propose des abricots secs, et me raconte sa vie de coureur. J'en ai rien à foutre.
Le gymnase est super bruyant, plein de mecs qui dorment pas terre, d'autres qui préprent des boissons minutieusement et chimiquement modifiées. J'adore ces moments là.
23h. On décide de s'activer, on range nos affaires et déposons nos bagages dans les navettes qui les déposeront à l'arrivée à Lyon. Dernier pipi, et on se dirige vers la ligne d'arrivée. Y'a déja du monde.
23h50. Le speaker rameute les troupes, discours d'un officiel, rien de neuf. Je ne le sais pas encore, mais je vais vivre un de ses moments qui resteront longtemps dans mon esprit. Là, le speaker nous demande de tous éteindre nos frontales, et trouve des mots d'une incroyable justesse pour évoquer les attentats du 13 novembre. La minute d'applaudissement est dingue, tout le monde applaudit à s'en rompre les mains. Une marseillaise s'improvise. A la demande du speaker, tout le monde allume sa frontale pour lutter contre obscurantisme et pour saluer la mémoire des victimes. Je suis bouleversé. Mon pote pose sa main sur mon épaule, sans un mot. On va le faire pour eux, pour nous aussi.
00h00: Le départ est donné, les fauves sont lâchés. Ça part fort, trop fort. Il faut y aller mollo, la nuit sera longue.
01h30 : Arrivé au sommet d'une côte, je me retourne pour profiter du serpentin des frontales dans la nuit. C'est super beau.
01h50: 1er ravito, on décide de ne pas s’arrêter, on a de quoi tenir. J'ai déjà super mal au tendon d'Achille. Je sais à ce moment que ce sera très difficile de rallier l'arrivée. Je vais souffrir.
3h30: 2e ravito. C'est blindé. Je ne trouve pas le salé, il fait chaud sous cette tente, j'ai mal. bref, je suis pas bien. 0 minutes et on repart.
entre le 28km et le 50km, ma course sera un cauchemard. Une douleur horrible. Les descentes sont un enfer. Seules quelques paysages féeriques me font tenir. Mon pote est a coté de moi, mais je me sens seul. Quelques regards et mots encouragement nous relient.
6h30: Arrivée au ravito du 50km. Ce gymnase ressemble plus à un camp de réfugiés qu'à un ravitaillement. Des éclopés, des mecs dans des couvertures de survie, et la navette de rapatriement pour les blessés. C'est glauque.
On fait un point avec mon pote. Il a un regain d'énergie. Pas moi, j'ai mal à en crever, mais la tête tient. Je suis en mode pilotage automatique. On repart après 15 minutes, il m' entraîne pour pas que je flanche.
Dernier ravito au 61e km. Il fait jour depuis quelques temps déja. Je me sens mieux. Pas physiquement, la douleur est désormais diffuse que j'ai presque du mal à savoir où elle se situe. Mais la tête va mieux.Le soleil me réchauffe le visage, j'enlève la 3e couche, les gants et la frontale.
La dernière grosse montée est en vue.Elle se dresse devant nous. J'ai hâte d'y être. je kiffe. Je double. Il reste 5 kms, je sais que je vais voir l'arrivée. Enfin, on va voir l'arrive. Mon pote est toujours, c'est lui qui est en grosse galère désormais. Je prends le relais et donne le rythme.
On arrive à Lyon, les voitures nous klaxonnent.Les 500 derniers mètres se font entre deux barrières, entourés d'une foule dense. C'est le pied. On se prend pour des héros. A 8km/h, mais peu importe. On passe la ligne ensemble, en un peu plus de 9h30. La Suunto affiche 72,3 km pour 1950 de D+. Le téléphone qui a souvent vibré cette nuit n’arrête plus de sonner. Je ne réponds à personne sauf à Madame Bickle. Je savoure.
Putain c'est bon. Tous les coureurs s'applaudissent, se félicitent. Il se dégage une grande humanité dans ces moments là.
On récupère nos t-shirts finishers, on mange nos pâtes, et on file s'envoyer 2/3 mousses. Putain que c'est bon.
Aujourd'hui je boite, le tendon d'Achille ultra douloureux, à tel point que je ne peux poser le pied à plat. Mais je m'en fous demain y'a entrainement.