J'avais déjà eu une première expérience de course officielle il y a plus de deux semaines lors d'un 13 kilomètres. La taille y était plus modeste, l'ambiance plus familiale mais ça m'avait permis de familiariser avec certains points de ces courses.
J'arrivais donc à ce semi-marathon avec une préparation assez tronquée. Je m'étais décidé il y a quelques mois et m'étais préparé, essentiellement en suivant les conseils trouvés ici, mais de façon sporadique. Trop souvent, je ne pouvais faire que deux séances par semaine, contrairement aux trois prévues. Trop souvent, j'ai eu des périodes de coupure. Ainsi, je n'avais repris que depuis deux semaines après deux autres semaines de coupure.
La distance - 21km 100 - ne me paraissait pas insurmontable dans la mesure où j'avais déjà couru 16 en entraînement sans difficulté particulière.
Le départ est prévu à 9h. Après une nuit compliquée, agitée, et donc pas franchement réparatrice, je me réveille à 6h afin de respecter la règle selon laquelle il faut manger trois heures avant le départ. Je ne suis pas chez moi et n'ai pas forcément de quoi faire le petit déjeuner idéal mais je me débrouille.
J’arrive à 8h20 sur place. Déjà pas mal de monde, de la musique, une danseuse et un speaker âgé. L'ambiance est bon enfant et les coureurs s'échauffent. Je commence également. Je trottine essentiellement et essaie de m'étirer. Les mollets, particulièrement le gauche, me font mal, notamment lors de "l'impulsion".
Je ne me laisse pas déstabiliser par le nombre important de dossards de clubs ou de mecs parés de tout un tas de produits, boissons énergétiques, etc. J'en avais vu lors de la dernière course, ça ne m'avait pas empêché d'en laisser une bonne partie derrière moi. Un groupe de la légion étrangère est présent, ils sont tous "solides" et ont l'air bien entraînés (et détendus).
L'heure approche et une fois le départ de la première course donné, nous sommes invités à nous aligner derrière le départ. Beaucoup de monde, on avance doucement. Cinq dernières minutes, je me situe à peu près en milieu de peloton.
Un coup de feu, personne n'avance, je ne vois pas ce qui se passe devant. Quelques temps après, le cortège se met en branle, tout le monde part.
Comme prévu, je pars volontairement très doucement et comme attendu, je me fais doubler par beaucoup de monde. Ça accélère pas mal mais je ne me laisse pas entraîner et reste bien concentré sur mon propre rythme.
Je vais continuer à me faire doubler de façon importante jusqu'au premier kilomètre, ça continuera de façon moindre jusqu'au deuxième plus plus rarement jusqu'au troisième.
Je continue mon rythme lent, sans douleurs particulières. A peine arrivé au 3 kilomètres que les coureurs du 10 kilomètres passent à toute vitesse dans l'autre sens.
Le peloton est désormais plus éparse et la plupart des coureurs sont au même rythme que moi.
A partir du quatrième kilomètre (à peu près), je suis bien. Je double régulièrement du monde est à partir de ce moment là, je ne me ferai plus doubler une seule fois.
Le premier ravitaillement au cinquième kilomètre fait du bien. Suivant les conseils de foucroy, je march le longe de ce ravitaillement, prend un peu d'eau et une portion d'orange. Je repars.
Au cinquième kilomètre, je suis à 30 minutes, soit, un rythme de 10 kilomètres/h, bien lent mais voulu. Je songe néanmoins à accélérer.
Je ne sais plus à quel moment exactement mais on croise dans l'autre sens les premiers. Les gars sont à une vitesse impressionnante. Sur les visages de certains, on lit vraiment la douleur. A côté, je ne me fais pas du tout violence.
Je continue à doubler, je me sens bien et les kilomètres défilent assez rapidement. Aux environs du septième kilomètre, mon rythme s'accélère naturellement. Je ne cesse de doubler des personnes, même si je dois souvent faire des zizgags, ou sortir un peu de la route pour le faire (les 10 connards qui courent serrés sur une même ligne
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).
Le soleil se fait pesant, je suis en noir et commence à le ressentir. J'ai bien fait de me rafraîchir au ravitaillement. Les discussions se font de plus en plus rares et certains ralentissent sévèrement.
Mon passage au 10 kilomètres se fait sans difficulté (un peu moins d'une heure), je suis bien, à une bonne allure et je continue de doubler en masse.
Je me sens de mieux en mieux et le fait de doubler m'encourage, j'accélère. Peut-être trop tôt, tant pis, je souffrirai plus tard.
Jusque là tout va bien, j'ai maintenant une bonne allure. Seulement, je commence à souffrir à hauteur du 13ème kilomètre. J'ai soif, mal aux adducteurs et le pansement que j'avais mis sur mon ampoule récurente se barre. Pas facile. Je maintiens néanmoins un rythme qui me permet de ne me faire doubler par personne et même de grappiller quelques places.
Je me retrouve quelques mètres derrière un gars avec un drapeau Endurance Shop où est inscrit 2h, je suppose qu'il sert un peu de guide. Alors que je l'avais rattrapé, je ne peux désormais plus le doubler.
Le ravitaillement du quinzième kilomètre fait beaucoup de bien. Un verre d'eau et une portion d'orange et me revoilà reparti. Le premier mec aussi qui fait un malaise. Quelques mètres plus loin, des applaudissements fournis m'encouragent, j'accélère. Je ressens une sorte de volonté de me dépasser, décuplée lorsque je dépasse enfin ce foutu drapeau. Je suis de retour, e retrouve de bonnes jambes et un bon rythme et recommence à doubler de façon importante
On est sur l'avenue du début en sens inverse et je me sens plutôt bien. On se rapproche de l'arrivée, même si je sais qu'il reste une boucle à faire. Nous sommes au 17ème kilomètre.
Je dépasse à ce moment-là une femme bien âgée que j'avais déjà dépassé sur la course de 13 kilomètres. Elle lâche des petits cris, elle souffre vraiment. Je réalise que je ne me fais vraiment pas mal. On repasse devant l'endroit de l'arrivée, il y a pas mal de monde et donc d'encouragement. Mes foulées sont plus longues. Je dépasse un des militaires du début.
Il reste une dernière boucle de deux kilomètres à faire. Un dernier ravitaillement, je prends un verre d'eau mais bizarrement, l'effet est plutôt négatif, il me coupe pendant une trentaine de secondes. Les applaudissements fournis m'encouragent, j'accélère. La dernière boucle n'est pas facile, beaucoup marchent. Je continue.
Enfin, la dernière ligne droite. Je ne peux pas accélérer comme je l'aurais souhaité.
Sur les 200 derniers mètres, je me fais doubler par un mec avec lequel j'avais fait un bout de chemin au début mais que je pensais avoir lâché. 100 derniers mètres, je m'arrache. Je suis désormais en sprint à coup de grandes enjambées. C'est sûrement trop tard. Tant pis. Je passe la ligne d'arrivée en même temps que le mec qui venait de me doubler.
Je vois mon temps : 1 heure 55. J'ai respecté mon objectif de finir en moins de deux heures. Après la ligne d'arrivée, je me sens un peu ballonné, ça dure 30 secondes et ça passe.
Je ne ressens pas de plaisir particulier, juste le sentiment d'avoir fait le job. Je suis bien fatigué, mais pas non plus le sentiment de m'être pleinement arraché.
Je rends la puce, récupère mes "produits du terroir" offerts et un verre d'eau mérité. Je me rends dans les arènes pour l'arrivée des autres coureurs, souvent applaudis. Une fille est portée par son mec jusqu'à l'arrivée avant de s'effondrer. . Certains souffrent mais sont soulagés d'arriver.
Le public encourage, applaudit. C'est bon enfant. Quelques belles images, c'est aussi ce côté sympa dans ces courses (message de paix et d'amour).