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LES RÉSULTATS DE L’UTMB (ULTRA TRAIL DU MONT BLANC), LES 30 ET 31 AOÛT 2013
Par Sabine Dechaume (Rédaction) le 31 août 2013
Incroyable Xavier Thevenard
Vendredi 30 août 2013, 16h30 depuis la place du Triangle de l'Amitié de Chamonix, 2 469 concurrents se sont élancés sous une météo exceptionnelle. Victoires du Français Xavier Thevenard et de l'Américaine Rory Bosio.
Il a mis longtemps à réaliser. « Le gamin », comme il est souvent surnommé dans le milieu, s’est surpris et a surpris tout le monde en remportant en ce samedi 31 août l’Ultra Trail du Mont Blanc 2013 (voir notre reportage vidéo sur l’événement).
Une victoire sans contestation possible, nette et sans bavure. En 2010, pour sa première participation, il s’imposait sur la CCC en 11h57mn13. Cette année pour son premier UTMB, il franchit la ligne en héros en 20h34mn57s soit la meilleure performance jamais réalisée (précédent record, Kilian Jornet en 2008 en 20 h 56 mn 59 s). Dans la dernière ligne droite, il a touché toutes les mains en marchant, peu soucieux de franchir la ligne puisqu’il disposait d’une confortable avance sur l’Espagnol Miguel Angel Heras Hernandez soit 20 minutes.
Alors Xavier Thevenard a savouré avant, enfin, de franchir la ligne et de lever les bras au ciel. Tous ses amis, toute sa famille, ses fans étaient là, en larme. Du haut de son balcon, Sébastien Chaigneau, dernier héros français de l’UTMB (2e place en 2009 et 3e place en 2011) levait le pouce heureux comme les milliers de personnes acclamant leur héros.
A 25 ans, celui qui avait mis l’UTMB comme objectif en 2015 « hallucine. C’est un truc de fou, je ne réalise pas vraiment en fait. ». Xavier Thevenard, skieur de fond, opéré du ménisque l’an dernier avait eu quelques difficultés à gérer sa victoire sur la CCC, ce ne devrait pas être le cas cette année car mine de rien il avait préparé son coup en se préparant tout l’hiver. « J’ai fait beaucoup de ski de fond en entraînement et en compétition. C’est parfait pour se préparer car on ne brise pas de fibre musculaire. Je dois l’avouer, j’y pensais tous les jours, tous les matins, il suffit de demander à ma copine ! »
Sur la course, il a laissé partir les grands favoris, Julien Chorier en tête. « J’avais pour consigne de rester tranquille jusqu’à Courmayeur car c’est là qu’une deuxième course commence, c’est ce que j’ai fait. « Il les laisse partir mais n’est pas loin puisqu’alors dix hommes se tiennent en trente minutes avec donc Xavier Thévenard (FR), Miguel Heras (ES), Julien Chorier (FR), Javier Dominguez (ES), Anton Krupicka (US), Jonas Budd (SE) et Arnaud Lejeune (FR).
Il revient alors tranquillement et lorsqu’il parvient à hauteur de Julien dans la montée du Gand col Ferret, il croit être revenu sur la tête de course. Alors lorsque son partenaire de course du moment lui dit « regarde, ils sont là haut, on voit leur frontale » Il s’étonne, en fait Miguel Angel Heras Hernandez et Anton Krubicka mènent la course. Sans vraiment accélérer mais à un rythme soutenu, il débute sa remontée fantastique, revient et passe. Très fort en descente, il attaque et au fil des kilomètres creuse l’écart sans jamais laisser ses poursuivants reprendre du terrain. « Ca donne confiance d’être en tête. Je me sentais bien même si c’est une course de barges et que ça fait mal ! »
Le « made in Jura » avec ses montagnes « moins hautes mais qui offrent un terrain d’entraînement parfait » a bâti un champion. Il devient le deuxième Français à remporter l’UTMB® sur son tracé intégral après Vincent Delebarre (en 2004, en 21 h 6 min 18 s sur 155 km).
Derrière l’Espagnol Miguel Heras n’a rien pu faire et s’est lui aussi laisser emporter par l’émotion en franchissant la ligne.
UTMB 2013
Miguel Heras
Les larmes aux yeux, il a salué le public, ses amis, sa compagne, heureux reconnaissant la supériorité du Français. « Là, je suis fatigué mais heureux. C’est une belle deuxième place, je ne pouvais pas revenir. Je sors d’une année difficile avec beaucoup de blessures et ça fait du bien de remonter sur le podium. J’ai bien essayé de suivre mais ce n’était pas possible. »
Le troisième homme est aussi un Espagnol. Une autre surprise, un inconnu. Même Kilian Jornet présent sur le parcours ne le connaissait pas. Un homme seul, sans assistance contrairement à ses deux prédécesseurs. En course, une sérénité totale, des ravitaillements gérés à la vitesse de la lumière, un sac à Courmayeur récupéré seul et une superbe troisième place. « J’étais venu pour être dans les 20, peut-être dans la 10 mais le podium ! Il faisait beau, le paysage était magnifique, c’est une course incroyable. »
Le perdant de ces dernières 20 heures, Julien Chorier parti en tête mais qui a dû subir les assauts de Xavier Thevenard plus fort que lui en descente et ceux d’Anton Krubicka (stop à Trient sur blessure aux adducteurs) et des Espagnols en montée. Un Julien Chorier à son rythme durant une bonne partie de la course mais qui connu un coup de moins bien à Bovine. « J’étais même en retard sur les temps de passage que je m’étais fixé, je ne pense donc pas être parti trop vite mais après Bovine ! Plus de sensations, plus de plaisir, ce n’est pas génial sur ce genre de course. » Seule solution pour le Français revoir son objectif et tenter de savourer le fait « de courir un UTMB sur son parcours initial et par beau temps, ce n’est pas si courant. « Après une belle chute de moral à Champex, Julien a donc retrouvé une certaine sérénité et terminé la course sans pression et c’est avec ses deux filles qu’il a franchi la ligne en sixième position avant d’aller danser devant le public. Et ainsi savourer le fait d’être finisher alors que de nombreux coureurs ont été contraints à l’abandon sur blessure ou manque de fraîcheur physique pour parcourir l’ensemble de la course à l’image d’Emmanuel Gault (blessé au pied) ou Sébastien Chaigneau (manque de récupération après son succès sur la Hardrock 100, il y a 5 semaines aux États-Unis).
UTMB 2013
Rory Bosio, 1ere femme
Et si le Jura est une terre de champion, les Etats-Unis aussi car si les hommes n’ont pas encore inscrit leur nom au palmarès, une jeune femme a sidéré tout le monde par sa fraîcheur et son talent. 7e au général, derrière Julien Chorier, Rory Bosio parcourt les 168 km avec 9600 dénivelé en 22h37mn26s. Jamais inquiétée, cette passionnée de trail adepte du yoga et qui écoute du rap en courant, s’était fixé comme objectif l’UTMB après une 4e place (44e au général) l’an dernier. Depuis six semaines, elle s’entraîne donc à Chamonix effectuant une grande partie du parcours en reconnaissance. » Mais c’est aussi un jour de chance. En trail, on ne sait jamais ce qui peut se passer, c’était mon jour tout simplement. J’ai pris énormément de plaisir, je cours pour cela plus que pour la compétition. Vous dites que je suis dans les dix, septième ! Ouah, c’est pas mal ! Mais je peux vous le dire, c’est très très dur ici avec des montées et des descentes costaudes. Là j’ai mal aux jambes et je ne pense qu’à me reposer.» (lire son interview)
Tout comme Rory Bosio qui n’avait pas regardé son chrono, Xavier a appris qu’il avait bouclé le parcours dans un temps record « C’est vrai ? Mieux que Kilian ? Non, c’est vrai ? Je ne savais même pas combien de temps j’avais mis». C’est alors qu’il pense aux coureurs encore en course et passeront leur deuxième nuit dans les montagnes avant de franchir la ligne en moins de 46 heures. « C’est quand même un truc de malade cet UTMB, pour tous et plus encore pour eux. Ils ont du mérite…«
En attendant les prochains arrivants et le podium ce dimanche 1er septembre à 14 heures, « le gamin » peut aller faire la fête et sabrer le champagne.
Par Sabine Dechaume (Rédaction) le 31 août 2013
Incroyable Xavier Thevenard
Vendredi 30 août 2013, 16h30 depuis la place du Triangle de l'Amitié de Chamonix, 2 469 concurrents se sont élancés sous une météo exceptionnelle. Victoires du Français Xavier Thevenard et de l'Américaine Rory Bosio.
Il a mis longtemps à réaliser. « Le gamin », comme il est souvent surnommé dans le milieu, s’est surpris et a surpris tout le monde en remportant en ce samedi 31 août l’Ultra Trail du Mont Blanc 2013 (voir notre reportage vidéo sur l’événement).
Une victoire sans contestation possible, nette et sans bavure. En 2010, pour sa première participation, il s’imposait sur la CCC en 11h57mn13. Cette année pour son premier UTMB, il franchit la ligne en héros en 20h34mn57s soit la meilleure performance jamais réalisée (précédent record, Kilian Jornet en 2008 en 20 h 56 mn 59 s). Dans la dernière ligne droite, il a touché toutes les mains en marchant, peu soucieux de franchir la ligne puisqu’il disposait d’une confortable avance sur l’Espagnol Miguel Angel Heras Hernandez soit 20 minutes.
Alors Xavier Thevenard a savouré avant, enfin, de franchir la ligne et de lever les bras au ciel. Tous ses amis, toute sa famille, ses fans étaient là, en larme. Du haut de son balcon, Sébastien Chaigneau, dernier héros français de l’UTMB (2e place en 2009 et 3e place en 2011) levait le pouce heureux comme les milliers de personnes acclamant leur héros.
A 25 ans, celui qui avait mis l’UTMB comme objectif en 2015 « hallucine. C’est un truc de fou, je ne réalise pas vraiment en fait. ». Xavier Thevenard, skieur de fond, opéré du ménisque l’an dernier avait eu quelques difficultés à gérer sa victoire sur la CCC, ce ne devrait pas être le cas cette année car mine de rien il avait préparé son coup en se préparant tout l’hiver. « J’ai fait beaucoup de ski de fond en entraînement et en compétition. C’est parfait pour se préparer car on ne brise pas de fibre musculaire. Je dois l’avouer, j’y pensais tous les jours, tous les matins, il suffit de demander à ma copine ! »
Sur la course, il a laissé partir les grands favoris, Julien Chorier en tête. « J’avais pour consigne de rester tranquille jusqu’à Courmayeur car c’est là qu’une deuxième course commence, c’est ce que j’ai fait. « Il les laisse partir mais n’est pas loin puisqu’alors dix hommes se tiennent en trente minutes avec donc Xavier Thévenard (FR), Miguel Heras (ES), Julien Chorier (FR), Javier Dominguez (ES), Anton Krupicka (US), Jonas Budd (SE) et Arnaud Lejeune (FR).
Il revient alors tranquillement et lorsqu’il parvient à hauteur de Julien dans la montée du Gand col Ferret, il croit être revenu sur la tête de course. Alors lorsque son partenaire de course du moment lui dit « regarde, ils sont là haut, on voit leur frontale » Il s’étonne, en fait Miguel Angel Heras Hernandez et Anton Krubicka mènent la course. Sans vraiment accélérer mais à un rythme soutenu, il débute sa remontée fantastique, revient et passe. Très fort en descente, il attaque et au fil des kilomètres creuse l’écart sans jamais laisser ses poursuivants reprendre du terrain. « Ca donne confiance d’être en tête. Je me sentais bien même si c’est une course de barges et que ça fait mal ! »
Le « made in Jura » avec ses montagnes « moins hautes mais qui offrent un terrain d’entraînement parfait » a bâti un champion. Il devient le deuxième Français à remporter l’UTMB® sur son tracé intégral après Vincent Delebarre (en 2004, en 21 h 6 min 18 s sur 155 km).
Derrière l’Espagnol Miguel Heras n’a rien pu faire et s’est lui aussi laisser emporter par l’émotion en franchissant la ligne.
UTMB 2013
Miguel Heras
Les larmes aux yeux, il a salué le public, ses amis, sa compagne, heureux reconnaissant la supériorité du Français. « Là, je suis fatigué mais heureux. C’est une belle deuxième place, je ne pouvais pas revenir. Je sors d’une année difficile avec beaucoup de blessures et ça fait du bien de remonter sur le podium. J’ai bien essayé de suivre mais ce n’était pas possible. »
Le troisième homme est aussi un Espagnol. Une autre surprise, un inconnu. Même Kilian Jornet présent sur le parcours ne le connaissait pas. Un homme seul, sans assistance contrairement à ses deux prédécesseurs. En course, une sérénité totale, des ravitaillements gérés à la vitesse de la lumière, un sac à Courmayeur récupéré seul et une superbe troisième place. « J’étais venu pour être dans les 20, peut-être dans la 10 mais le podium ! Il faisait beau, le paysage était magnifique, c’est une course incroyable. »
Le perdant de ces dernières 20 heures, Julien Chorier parti en tête mais qui a dû subir les assauts de Xavier Thevenard plus fort que lui en descente et ceux d’Anton Krubicka (stop à Trient sur blessure aux adducteurs) et des Espagnols en montée. Un Julien Chorier à son rythme durant une bonne partie de la course mais qui connu un coup de moins bien à Bovine. « J’étais même en retard sur les temps de passage que je m’étais fixé, je ne pense donc pas être parti trop vite mais après Bovine ! Plus de sensations, plus de plaisir, ce n’est pas génial sur ce genre de course. » Seule solution pour le Français revoir son objectif et tenter de savourer le fait « de courir un UTMB sur son parcours initial et par beau temps, ce n’est pas si courant. « Après une belle chute de moral à Champex, Julien a donc retrouvé une certaine sérénité et terminé la course sans pression et c’est avec ses deux filles qu’il a franchi la ligne en sixième position avant d’aller danser devant le public. Et ainsi savourer le fait d’être finisher alors que de nombreux coureurs ont été contraints à l’abandon sur blessure ou manque de fraîcheur physique pour parcourir l’ensemble de la course à l’image d’Emmanuel Gault (blessé au pied) ou Sébastien Chaigneau (manque de récupération après son succès sur la Hardrock 100, il y a 5 semaines aux États-Unis).
UTMB 2013
Rory Bosio, 1ere femme
Et si le Jura est une terre de champion, les Etats-Unis aussi car si les hommes n’ont pas encore inscrit leur nom au palmarès, une jeune femme a sidéré tout le monde par sa fraîcheur et son talent. 7e au général, derrière Julien Chorier, Rory Bosio parcourt les 168 km avec 9600 dénivelé en 22h37mn26s. Jamais inquiétée, cette passionnée de trail adepte du yoga et qui écoute du rap en courant, s’était fixé comme objectif l’UTMB après une 4e place (44e au général) l’an dernier. Depuis six semaines, elle s’entraîne donc à Chamonix effectuant une grande partie du parcours en reconnaissance. » Mais c’est aussi un jour de chance. En trail, on ne sait jamais ce qui peut se passer, c’était mon jour tout simplement. J’ai pris énormément de plaisir, je cours pour cela plus que pour la compétition. Vous dites que je suis dans les dix, septième ! Ouah, c’est pas mal ! Mais je peux vous le dire, c’est très très dur ici avec des montées et des descentes costaudes. Là j’ai mal aux jambes et je ne pense qu’à me reposer.» (lire son interview)
Tout comme Rory Bosio qui n’avait pas regardé son chrono, Xavier a appris qu’il avait bouclé le parcours dans un temps record « C’est vrai ? Mieux que Kilian ? Non, c’est vrai ? Je ne savais même pas combien de temps j’avais mis». C’est alors qu’il pense aux coureurs encore en course et passeront leur deuxième nuit dans les montagnes avant de franchir la ligne en moins de 46 heures. « C’est quand même un truc de malade cet UTMB, pour tous et plus encore pour eux. Ils ont du mérite…«
En attendant les prochains arrivants et le podium ce dimanche 1er septembre à 14 heures, « le gamin » peut aller faire la fête et sabrer le champagne.
