Bon voila je commence le récit de cette incroyable aventure.
Dimanche début de l'épreuve mais depuis jeudi et le début du retrait des dossards c'est l'effervescence à Nice (tout du moins pour ceux qui participent à l'épreuve).
Le village ironman est installé, et nous avons tous un bracelet orange que nous devons plus enlever jusqu'à la fin de l'épreuve.
Je prends trois jours de récup ce qui n'est pas simple après s'être habitué a faire du sport 6 jours sur 7 depuis 5 mois.
Arrive au samedi je pète le feu, une vraie pile éléctrique, si bien que la samedi je me couche tant bien que mal a 23h30 pour me reveiller sans reveil à 3h20 en pleine forme tout excité.
Je me fixe un objectif ( au dela de le finir) de 13h30 14h afin de finir au plus tard à 20h30 ce qui donne une natation en 1h20, un vélo en 7h30 et un marathon en 4h30 voire 5h plus les transitions.
RDV au resto d'un ami qui a fait l'ironman l'an dernier avec d'autres collegues et mon coach qui lui fera embrun.
Je décide de me marquer "PAPA" sur le bras pour mon père qui ne pourra malheureusement pas venir mais qui me suivra via FB
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On se dirige tous tranquillement vers le parc à vélo ou on quitte "nos supporters" pour fair nos dernieres verif velo et enfiler notre combinaison pour la natation.
Une fois la combi enfilée direction la plage ou la tension et l'émotion monte. 5 mois d'efforts et de sacrifices vont se jouer dans quelques minutes.
Tout le monde est sur la plage avec la musique a fond et le speaker qui fout une ambiance de feu.
Je me sens prêt à en découdre et j'avais décidé de me jeter dans la masse et d'aller à la guerre.
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Plus que quelques secondes et tout va vraiment commencer. Ca y est c'est une marée humaine et j'y vais sans réfléchir mettant autant de coups que j'en prend, accrochant autant de pieds qu'on m'accroche les miens, je deviens un robot une machine et je ne me laisse pas déconcentrer.
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Je ferai la natation avec une régularité exemplaire en finissant en 1h19 minutes sachant que je me suis un peu perdu à droite à gauche. Mais je n'ai pas perdu d'énergie et je me sens d'attaque pour le vélo. La natation est ce qui me faisait le plus peur, mais au final c'est passé à une allure incroyable.
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Hyper concentré, je vais prendre mon sac vélo, je me fous à poil sous une tente ou tout le monde en fait de même mais même tout pd que je suis je n'en profite pas pour reluquer les autres mâles. J'enfile mes affaires, prends un gel une rasade de saint yorre, je pose mon sac et part prendre mon vélo ou 180 km de vélo m'attendent, dans un cadre idyllique.
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Je sors du parc à vélo, monte dessus et la mes jambes me ravissent, je suis à 37km/h en plat sans forcer, sans puiser d'énergie. J'ai peur de payer cet excés de bien etre un peu plus tard mais ne ressentant pas de fatigue je ne vois pas de raison de ralentir.
Je m'étais fixé 7h30 et tout le temps gagné sur plat est bon à prendre connaissant la difficulté du parcours dans les cols.
Mon frére va me suivre avec un pote durant le parcours vélo afin de prendre des photos et de m'encourager.
Fin de 2Okm de plat pour arriver à la 1ere difficulté avec une cote de 500m a 13% ou une surprise m'attend
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Ca me fait rire, me booste et au milieu de la cote je vois mon frere. Je monte la cote en doublant pleins de coureurs ce que je ferai d'ailleurs toute la course ce qui me motive énormément. J'avais peur d'être médiocre et je me rends compte en fait que je n'ai rien à envier à certains avec des machines de fou.
A partir de la m'attend une montée de puis du faux plat montant mais toujours aussi frais.
Arrivé au 48eme kilometres on attaque 20 km de montée avec du 10% pour atteindre le col de l'ecre, la plus grosse difficulté du parcours mais je me sens chaud. Je monte, mon frere m'arrose au ravito, je m'hydrate à fond et j'en arrive au bout avec une douleur horrible aux doigts de pied. Ca m'inquiete, la douleur m'electrocute, mais je m'efforce de ne pas ecouter mon corps et je trouve une position du pied qui ne me gene pas. Je fais abstraction et je continue dans mon rythme.
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Jusque la plus rien à signaler, je fais ma course et je suis ultra en avance sur mon temps fixé. Je lache rien je continue. J'effectue une nouvelle cote de 7km sur gros plateau sans m'en rendre compte, c'est a la fin quand j'ai volulu repasser le grand plateau et que je n'ai pas pu que je m'en suis rendu compte
Arrivé pres du 115 eme km je mange un sandwich jambon fromage que je m'étais préparé qui passe hyper bien et qui change des gels pates de fruits et pain d'epices ingurgités depuis 4h.
Un ami m'attend au demi tout du 115eme et tout encouragement me booste le moral.
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Ensuite ce sera du plat, de la descente et du faux plat montant mais plus réellement de difficultés mis a part la fin des encouragements jusqu'au marathon et un passage sans eau car j'ai loupé un ravitaillement et la chaleur pese.
Plusieurs fois des sanglots me montent, pas par la difficulté de l'épreuve, mais par tous ces efforts consentis pendant des mois et la beauté de l'épreuve. Je me contiens mais c'est dur.
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Je finis le vélo en 6h40 soit un temps canon par rapport a mon objectif et la je réalise la montagne qui m'attend, un marathon, sous une chaleur ecrasante. Je pars prendre mon sac run, je me change, et je ne sens rien a mon pied une fois les chaussures velo enlevées.
Un mec est a ma gauche sous la tente et je lui prends de la pommade nok en echange de creme solaire.
Il est crevé et décide de marcher.
Pour ma part je ne lache rien, je m'étais fixé un objectif de 9,5 a 10,5 km/h et ma montre me bipera pour me le rappeler.
4 aller retour de la promenade des anglais a effectuer mais des supporters sont postés environ tous les 2km et un ravito tous les 1,7 km.
C'est donc parti pour ma 1ere boucle de 10,5km.
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C'est long c'est dur et j'ai mal aux abdos, aux pecs mais pas encore aux jambes. Je me concentre sur mon souffle pour eviter les points de coté mais ca demande un gros effort psychologiques pour rien lacher. Je croise des mecs avec trois chouchous qui en sont donc a leur dernier tours en train de marcher et je me demande comment ils peuvent lacher si pres du but.
Pour ma part je maintiens mon rythme coute que coute et je suis en route pour exploser les 13h.
Je finis la 1ere boucle, mon coach est a 2km de l'arrivée et me demande de rien lacher, ca me fait du bien. Pres de la ligne d'arrivée de nombreaux amis sont la et me gueule leurs encouragements ca me booste egalement mais ce qui me booste le plus est de laisser sur place des mecs qui sont devant moi. Je prends mon 1er chouchou, le noir, et je continue pour faire ma 2eme boucle et plus que 33,5km
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Je suis fatigué mais j'y pense pas, je me suis trouvé une routine ne rien lacher jusqu'aux ravitos, marcher pour prendre un verre d'eau que je bois a la moitié et le reste sur la gueule, boire un demi verre de coca, prendre un quartier d'orange ou un tuc salé puis encore un verre d'eau moitié bu moitié dans la casquette et un gel tous les 10 kil.
Puis repartir du ravito en courant jusqu'au prochain.
C'est dur, le t shirt trempé accentue le mal de ventre mais je gere et je continue de reprendre des mecs.
Fin du 1er semi et la j'en chie, c'est dur et je ne reponds meme plus aux encouragements. Je vais prendre mon 2eme chouchou, le blanc, et je me dis qu'au pire si je marche je tiendrais quand meme les 14h mais mon esprit lutte et je patiente encore en maintenant coute que coute mon rythme et en me disant que bientot je me reposerai.
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Allez c'est reparti pour une boucle et avec mes deux chouchous je me sens fort, j'en vois juste avec le noir ou meme sans chouchous et ca m'aide et le mieux est quand je me rends compte que j'ai repris 10km a un mec et ca sera pas le seul.
Je garde le cap mais je commence a sentir des douleurs aux jambes alors je me dis qu'au pire je marcherais les 10 derniers kil mais on en est pas encore la. je lutte dans ma tete et je fais abstraction de mon corps.
J'en vois vomir, les camions de pompiers qui defilent et moi je suis debout, vaillant et je cours, putain je cours encore.
J'arrive a la fin de cette 3eme boucle toujours avec la meme regularité. Je suis bientot aux 10 derniers km et rien que d'y penser j'ai envie de pleurer, je me contiens et je lutte.
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Ca y est putain j'ai mon 3eme chouchou, le bleu, le tant attendu, et la rien en peut m'arriver, je lacherai rien, c'est la fin je veux en profiter, je suis en frisson, tout un tas d'emotions et je me sens si fort dans ma tete.
j'encourage meme des mecs qui ont trois chouchous comme moi et qui marchent. Je sais que je ferai moins de 13h.
Je finis en mode guerrier avec les 3 derniers km a + de 12km/h.
Pres de la ligne d'arrivée je ne sais pas quoi faire mais un ami me tend une bouteille de champagne, je la fais eclater, me la renverse dessus, en bois et eclate de joie. C'est trop beau et en meme temps je realise je suis ailleurs.
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Resto bien mérité en ami avant d'aller récupérer mon vélo et de tenter de dormir comme je pourrais.
J'ai encore du mal aujourd'hui à bien réaliser ce qui s'est passé tant je suis fatigué mais quelle aventure et quelle joie de se dire ce qu'on peut faire si on le veut vraiment. En tout cas millau m'a grandement aidé dans cette aventure car un 100 km est loin d'etre moins dur physiquement.
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