PARIS (Reuters) - Les difficultés d'AIG, le géant mondial de l'assurance, sont venues ajouter au désarroi provoqué par l'annonce de la mise en faillite de Lehman Brothers, plongeant le secteur européen de l'assurance dans la tourmente.
"AIG est au bord de l'implosion et provoque une défiance généralisée sur le secteur de l'assurance, même si ses fondamentaux sont très différents de ceux des assureurs en général", commente un analyste qui a souhaité garder l'anonymat.
Un autre indique lui aussi qu'AIG "est un acteur très spécifique dans le monde l'assurance, avec une importante activité de CDS, et très exposé aux garanties de prêts. Les européens ne sont pas exposés à ce type de risque, sauf Swiss Re, dans une très moindre mesure".
Il juge cependant "préoccupantes" les difficultés d'AIG, dont "les montants d'actifs toxiques sont probablement très importants, avec des pertes qui peuvent être massives et sur lesquelles on a pour l'instant une faible visibilité".
Parmi les titres les plus touchés en Bourse, Axa dévisse de 11,5% vers 13h15 alors que l'indice européen du secteur cède 7,7% au même moment, Allianz, numéro un européen de l'assurance, abandonnant pour sa part 8,3%. Prudential lâche 10,8%, Aegon 14,2%. CNP Assurances résiste avec une perte de 4,8%.
Les pertes sont plus limitées pour les réassureurs, à l'exception de Swiss Re qui plonge de 11%. Scor cède 6,4%, Munich Re 5,6%.
EXPOSITION D'AXA
Axa a déclaré lundi matin à Reuters que son exposition nette à la dette de Lehman Brothers, après participation bénéficiaire et après impôt, était de 300 millions d'euros, un montant jugé "modeste" par les analystes par rapport à l'échelle du groupe.
L'un d'entre eux estime que ce montant, s'il reste limité, n'en constitue pas moins "un risque de dépréciations supplémentaires pouvant impacter les comptes d'Axa".
Axa détient également, via sa filiale de gestion d'actifs Alliance Bernstein, des actions Lehman Brothers logées dans des fonds gérés pour compte de tiers et qui n'impactent pas le bilan du groupe d'assurance.
Selon les documents transmis par la banque d'affaires américaine au tribunal des faillites de New York, la participation détenue par Axa et ses filiales était, à ce titre, de 7,25% à la mi-septembre.
"Si les pertes financières sur ce portefeuille d'actions ne sont pas pour Axa mais pour les porteurs de parts, elles peuvent induire des risques commerciaux pour le groupe, liés à des sorties massives d'investisseurs mécontents", indique un analyste.
La faillite de Lehman Brothers pourrait contraindre AIG à passer de nouvelles dépréciations massives, selon les analystes d'UBS.
AIG, dont l'action a fondu de 50% la semaine dernière en raison des inquiétudes des investisseurs sur le niveau de liquidités du groupe, pourrait passer plus de 10 milliards de dollars de dépréciations liées à des pertes sur CDS et plus de cinq milliards sur des pertes subies dans les portefeuilles d'investissement au troisième trimestre.
AIG, qui a déjà perdu quelque 18 milliards de dollars sur des garanties de crédits immobiliers, tente de mettre sur pied un plan un plan d'urgence et négocie avec diverses parties, dont les autorités américaines de l'assurance et des fonds de capital investissement, pour trouver les capitaux dont il a besoin.
D'après le New York Times, le groupe a sollicité l'aide de la Réserve fédérale pour un prêt à court terme de 40 milliards de dollars.
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