La conclusion du rapport Pébereau de 2005. Outre la grande justesse de l'analyse, on peut observer que huit années plus tard, rien - ou presque- n'a changé.
Chaque fois qu’un problème nouveau s’est présenté à lui depuis vingt-cinq ans, notre pays y a répondu par une dépense supplémentaire, sans remettre en cause la routine des dépenses engagées précédemment sur d’autres sujets, en reportant sans cesse les adaptations de ses systèmes de solidarité rendues nécessaires par la démographie. Des exceptions existent, mais elles sont rares.
La « culture de la dépense » s’est ainsi substituée à la recherche d’une efficacité en profondeur et à la fixation d’objectifs en termes d’utilité pour les citoyens et pour l’économie. Ce faisant, la France a peu à peu accumulé les déficits publics, sans parvenir à résoudre les problèmes du chômage et de la pauvreté. Elle s’est endettée dans des conditions qui restreignent ses marges de manœuvre pour la régulation conjoncturelle et qui hypothèquent son avenir à moyen terme.
Poursuivre sur cette tendance conduirait à une paralysie durable de l’action publique et mettrait à rude épreuve nos ambitions de croissance et de solidarité dans les années qui viennent.
Mais ce n’est pas une fatalité. En faisant le choix d’une analyse lucide et d’une méthode rationnelle, il est possible de rendre à l’action publique son efficacité, au service de la croissance et de l’emploi, et de construire pour notre pays l’avenir qu’il mérite.
Nous n’avons aucune raison d’aborder ce sujet de manière angoissée ou complexée : plusieurs autres pays, notamment en Europe, sont confrontés à des problématiques similaires. Notre pays a de bonnes chances de se remettre dans un cercle vertueux de croissance et de prospérité partagée, à condition que la société française prenne collectivement conscience de l’urgence de la situation.
Un effort de tous est indispensable : l’État, les collectivités territoriales et les organismes sociaux doivent ensemble se mobiliser. Mais rien ne serait possible sans l’adhésion des partenaires sociaux, des entre-prises, du monde associatif, des médias et de tous les Français. Ce sont nos habitudes collectives qu’il nous faut changer.
L’enclenchement rapide d’une dynamique de désendettement et l’amélioration volontariste de l’efficacité de l’appareil administratif sont indispensables. Des pays qui partagent nos ambitions de modernité et nos valeurs de solidarité ont déjà entrepris de telles réformes avec succès : la Suède, le Canada, la Finlande.
Rompre avec des routines destructrices pour relever les défis du futur et préserver le modèle de société dynamique, fraternel et généreux auquel aspirent les Français : tel est l’enjeu décisif de la gestion des finances publiques dans les prochaines années.