Manfred Gärtner et Bjorn Griesbach ont examiné les liens entre l'évolution des taux d'intérêt et d'autres variables économiques et celle des notes des émetteurs souverains ainsi que l'impact des changements de ces dernières sur les coûts de financement des pays de la zone euro sur la période 2009-2011.
Selon eux les agences de notation ont manqué de constance dans leurs décisions, devenant de plus en plus sévères au fur et à mesure de l'approfondissement de la crise, réduisant les notes d'un cran de plus en moyenne qu'elles ne le faisaient avant son déclenchement pour un niveau comparable de taux d'intérêt.
Le Portugal, l'Irlande et la Grèce, qui ont dû faire appel à l'aide internationale, ont vu leur note abaissée de 2,3 crans de plus en moyenne qu'elle ne l'aurait été si les critères prévalant avant le déclenchement de la crise avaient continué d'être appliqués.
Il en a été de même pour l'Espagne qui a accepté un plan d'aide de 100 milliards d'euros maximum pour renflouer ses banques mais que la forte hausse de ses coûts de financement pourrait contraindre à solliciter un plan d'aide de plus grande ampleur.
"Un grand nombre de pays de la zone euro (...) ont été traités d'une manière qui diffère de celle qui leur était appliquée avant la crise financière et de la manière dont d'autres pays sont encore traités actuellement", a déclaré Manfred Gärtner, professeur d'économie à l'université de St. Gallen.
EXEMPLE DE L'IRLANDE
Il a cité l'exemple de l'Irlande en disant que ses problèmes de dette et de déficit auraient justifié une dégradation de 1,5 cran en appliquant les critères en vigueur avant la crise.
"En réalité leur note a été abaissée de sept crans et une dégradation de cette ampleur aurait précipité n'importe quel pays dans de profondes difficultés", a-t-il dit.
Standard & Poor's et Moody's ont contesté cette étude tandis qu'un porte-parole de Fitch a dit que l'agence était "totalement confiante dans la qualité, la transparence et la rigueur de la méthodologie et des procédures étayant ses notations et ses recherches analytiques."
Standard & Poor's a estimé que l'étude était "fondamentalement défectueuse" dans sa méthodologie comme dans ses conclusions, ajoutant que ses notes avaient été au fil du temps un excellent indicateur des défauts à venir.
"Comme nous l'avons constaté tout au long de l'histoire de l'euro, les notations ne sont qu'un facteur parmi beaucoup d'autres qui influent sur le comportement des marchés", écrit l'agence de notation dans un communiqué.
Un porte-parole de Moody's a déclaré que "les notations souveraines n'ont pas contribué à la crise", expliquant que "les problèmes économiques et structurels qui en sont la cause ultime sont bien connus".
"Les notations de Moody's, tout au long de la crise, se sont révélés plus stable que les mesures de la qualité de crédit fondées sur les marchés d'actions ou d'obligations", a-t-il ajouté.
Emma Thomasson, Marc Joanny pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten
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