La campagne démocrate devient nationale en mettant cap au sud et à l'ouest
COLUMBIA (Etats-Unis), 28 jan (AFP) - La campagne des primaires démocrates pour la présidentielle américaine change de dimension mercredi en mettant cap au sud et à l'ouest, au lendemain de la deuxième victoire du sénateur John Kerry, qui le place en position de favori.
Sept Etats, de la Caroline du Sud (sud-est) au Missouri (centre), en passant par l'Arizona (sud-ouest) et le Delaware (est), organisent leurs primaires mardi prochain, contraignant les sept candidats en lice à délaisser le porte-à-porte pour faire une campagne d'ampleur nationale.
Dans le Missouri, le résultat sera important en raison du nombre de délégués (74) que cet Etat envoie à la convention du parti, chargée de désigner l'été prochain le candidat démocrate qui affrontera le président républicain sortant George W. Bush le 2 novembre. Le retrait de la course la semaine dernière de l'enfant du pays Dick Gephardt, après son échec dans l'Iowa, laisse la course particulièrement ouverte.
La Caroline du Sud envoie moins de délégués au parti démocrate, mais l'importance symbolique de cet Etat est décisive.
Outre que c'est un Etat du sud, une région que les démocrates doivent pouvoir séduire pour regagner la Maison Blanche, l'électorat noir y a un poids décisif puisqu'il y représente 30% de la population.
Jusqu'à présent, le vote noir n'a pour ainsi dire pas été sollicité, les Afro-américains étant très peu nombreux dans l'Iowa (centre) et au New Hampshire (nord-est), les deux seuls Etats à s'être prononcés.
Pour les candidats démocrates, il est indispensable de faire la preuve à la fois qu'ils ont l'adhésion de la population noire, et qu'ils peuvent séduire les électeurs du sud, où les républicains sont traditionnellement très bien implantés.
Les trois derniers présidents démocrates, Lyndon Johnson, Jimmy Carter et Bill Clinton, étaient originaires du sud.
"Celui qui remportera la primaire chez nous aura démontré qu'il passe bien avec les sudistes, les blancs modélecteurs afro-américains, qui forment l'essentiel de notre électorat aux primaires", résume Nu Wexler, directeur exécutif du parti démocrate de Caroline du Sud.
Le sénateur du Massachusetts John Kerry entre dans cette course auréolé de ses larges victoires en Iowa et mardi dans le New Hampshire, mais il ne s'est jusqu'à présent que peu investi en Caroline du Sud.
Il peut certes s'y prévaloir du soutien du leader des parlementaires noirs de l'Etat, Jerry Govan, mais ses origines patriciennes de Nouvelle-Angleterre n'ont font pas a priori le choix naturel des sudistes.
En revanche le sénateur de l'Etat voisin de Caroline du Nord John Edwards, qui est né en Caroline du Sud, compte sur cet Etat pour confirmer ses chances, après de bonnes performances en Iowa et dans le New Hampshire, où il a fini deuxième puis honorable quatrième.
Il bénéficie de sondages flatteurs et s'est rendu dans l'Etat, où il tiendra meeting mercredi, sitôt connus les résultats du New Hampshire.
Quant à Howard Dean, qui a longtemps fait la course en tête, il est lui aussi handicapé par ses origines de Nouvelle Angleterre, et surtout des déclarations maladroites sur les questions raciales.
En novembre, M. Dean avait affirmé vouloir être le candidat "des gars qui ont des drapeaux confédérés", perçus comme un symbole du sud raciste et esclavagiste de décrire les milieux blancs populaires du sud.
Le général à la retraite Wesley Clark compte lui sur son glorieux passé de militaire et ses racines sudistes, puisqu'il est originaire de l'Arkansas, pour faire bonne figure.
Enfin le seul candidat noir encore en lice, Al Sharpton, un défenseur actif des droits civiques, a misé jusqu'à présent l'essentiel de ses efforts sur cet Etat, où il espère remporter assez de délégués pour se faire entendre à la convention du parti, même s'il n'a aucune chance d'être investi.
allez John Ford Kerry