fourcroy a écrit:JPP REVIENS, que reste-t-il d'autre ? J'ai déjà entendu tenir ton discours en disant qu'il fallait se consacrer aux domaines à forte valeur ajoutée, aux nouvelles technologies, etc. Or, d'après ce que tu dis, cette vision d'une Chine se consacrant à la production lourde et bas de gamme a vécu. Si les Chinois prennent aussi le pas sur le haut de gamme, les technologies avancées, le développement durable, l'énergie, la formation, la recherche, que sais-je encore, que reste-t-il ?
Il me semble acquis que nous avons perdu la bataille de l'industrie lourde et que la Chine se concentre désormais aussi sur l'économie de la connaissance.
Pour autant, dire que la Chine investit massivement dans tous ces secteurs ne signifie pas que la France ne doit plus faire de recherche, bien au contraire.
Ce que je tente d'aborder, c'est que nous n'avons pas les moyens, contrairement à la Chine, d'être partout à la fois.
Autrement dit, l'industrie française doit se concentrer là où elle est la meilleure. Cela passe par le tourisme et le luxe, comme je le mentionnais, mais nous sommes également présents sur d'autres secteurs.
Nous ne pourrons pas rivaliser partout avec les Chinois, mais sur quelques secteurs clés, à haute valeur ajoutée, nous pouvons trouver des opportunités technologiques et les exploiter.
Je reviens au secteur du photovoltaïque. Le groupe français Soitec a acquis en 2009 l'allemand Concentrix Solar, spécialisé dans la production de panneaux photovoltaïques à forte concentration (technologie CPV). Ces panneaux, à haute performance, sont destinés aux pays à fort ensoleillement.
Cette technologie utilisant les miroirs de Fresnel est un savoir faire européen, breveté, qui appartient au français Soitec, et qu'aucune firme étrangère ne possède. Par l'intermédiaire de l'entreprise dans laquelle je travaillais, qui est un cabinet de consultants en stratégie institutionnelle, l'Etat français a entamé une série de contrats et de partenariats avec l'Etat marocain, et entame des négociations avec l'Algérie et la Tunisie pour l'achat de ces panneaux.
Soitec connaît une croissance à 2 chiffres depuis 2 ans sur ce secteur.
Le secteur du vin, que j'ai également défendu, est également en pleine restructuration pour s'adapter à la concurrence des "nouveaux vins" et préserver nos exportations.
La pharmacie, les cosmétiques, l'aéronautique (à relativiser avec l'arrivée prochaine de gros porteurs chinois), la construction ferroviaire, mais aussi l'armement sont d'autres secteurs vitaux pour la France.
Lorsque l'Etat travaille avec son industrie, sur des secteurs porteurs, il est efficace et soutient la croissance économique.
Lorsqu'au contraire, il consacre son énergie à soutenir des pans d'industrie en décomposition, et là je ne parle pas d'une difficulté conjoncturelle liée à la crise, mais bien d'un manque de compétitivité structurel, il perd son temps, son argent, et agit contre les intérêts de la France.
Pour répondre à Fab, qui n'a pas vraiment lu mon post sur l'adaptation du secteur automobile, je ne dis pas qu'il faut abandonner PSA et Renault, qui de toute façon n'ont pas vraiment besoin de notre soutien. Ce qui en revanche m'insupporte, c'est que l'on souhaite coûte que coûte maintenir des sites de production en France, pour faire ce que l'on ferait aussi bien, pour moins cher, ailleurs.
Ce que les sites français peuvent, doivent, et vont faire, c'est s'adapter et utiliser les compétences (nouvelles motorisations hybrides en partenariat avec les constructeurs japonais, véhicules électriques...). Seul problème, l'Etat ne les a aidés que tardivement, et mal.