etienne a écrit:Sur le coup de "l'histoire" de Fourcroy, c'est un peu comme si un mec qui fait majeure : stratégie marketing en esc pouvait être prof de math : bonne capacité à analyser des chiffre etc. J'exagère un peu.
Et ce n'est pas le cas.
Amha, non. Déjà, "non" parce que je n'ai pas conseillé de faire une fac d'histoire pour trouver un boulot dans une entreprise. Je sais très bien les études qu'il convient d'avoir faites pour avoir les meilleures chances, sinon une chance tout court de trouver un boulot en rapport avec son niveau d'études et les attentes financières qui vont le plus souvent avec - à tort ou à raison, d'ailleurs. Ce que je dis, c'est qu'en soi, même si ce n'est nullement le cas sur le marché du travail, une formation de base en sciences humaines ne me semble pas aussi inadéquate que veulent le faire croire des RH conditionnées et lobotomisées.
Sur ton exemple, c'est non aussi, parce que c'est pas du tout la même chose, justement. Prenons l'exemple des profs de maths. Dans "prof de maths", il y a "prof" et il y a "de maths".

Pour être un bon prof de maths, il faut déjà une qualification irréprochable en maths, ce qui est très technique et demande beaucoup de temps et de longues études obligatoirement spécifiques. C'est une qualification très ciblée. Pareil pour être prof d'histoire ou d'économie, pareil pour être juge ou avocat d'affaires : une formation très longue en droit (resp. en droit des affaires et en droit international) est indispensable. Pareil pour être restaurateur de meubles anciens. Bref, certaines professions demandent une haute qualification spécifique, qu'aucune autre qualification ne peut remplacer.
Quant au "prof" de "prof de maths", on peut certes faire une longue formation en sciences de l'éducation, qui ne sera pas inutile, mais qui n'est ni nécessaire, ni suffisante pour être un bon prof. Cela demande des qualités, pas les mêmes d'ailleurs si l'on enseigne en collège de ZEP ou à bac +5. Il y a une partie technique, des erreurs à éviter, mais globalement, ça s'apprend pas mal sur le tas et des qualités d'orateur, des qualités littéraires, des qualités psychologiques sont utiles, qui sont donc sans aucun rapport avec la discipline enseignée et n'en n'ont qu'assez peu avec les sciences pédagogiques.
Pour autant que je sache, pour en avoir parlé à des gens plus ou moins proches travaillant en entreprise, une bonne partie des anciens élèves des grandes écoles de commerce ou d'ingénieur n'utilisent qu'une partie infime des connaissances techniques qu'ils ont acquises pendant leur formation. Beaucoup d'ingénieurs ne font que du commercial, par exemple. Il y a des tas de managers qui n'ont pas de formation spécifique en management. Non que ce soit plus facile que prof de je ne sais quoi, que ça demande moins de qualités ; mais ça ne demande pas cette montagne de connaissances techniques précises nécessaires à d'autres professions. Il y faut de l'énergie, de la psychologie, de la finesse, de la présence d'esprit, etc. C'est pourquoi une formation de base en sciences humaines, suivie d'une formation spécifique rapide, bien sûr, ne me semble pas un problème en soi. En théorie seulement, puisque les RH en ont décidé autrement.
D'ailleurs, quand on recrute un jeune sortant d'HEC, on ne recrute pas tant quelqu'un qui a les connaissances adéquates qu'un jeune ayant fait la preuve de certaines capacités intellectuelles, d'analyse, de mémoire et de travail en réussissant un concours sélectif, un jeune issu du même sérail que le recruteur et ses patrons et on sait qu'on ne sera pas emmerdé si le jeune est mauvais.
"La société de surconsommation, fruit d'un capitalisme dérégulé, relève d'une logique compulsionnelle dénuée de réflexion, qui croit que le maximum est l'optimum et l'addiction, la plénitude." Cynthia Fleury