iamaseb, Tout d’abord, je tenais à dire que mon post était avant tout une boutade, même s’il est vrai que mes convictions personnelles y transparaissent. Comme tu l’as écrit, aimant bien débattre, je vais m’expliquer, en ne cherchant pas à te convaincre dans la mesure où je pense que nos avis ne sont pas assez convergents pour que ce soit possible.
Si j’ai bien compris, selon toi, mes idées et mes convictions politiques prévalent sur le parti, comme le font les militants d’extrême gauche. Si c’est cela, je vais te répondre par l’affirmative. Ce que je vais avancer est sans doute discutable, mais ayant un modèle de société en tête que j’aimerais voir un jour appliqué, je me rapproche naturellement de celui qui défend le plus mes idées. J’ai longtemps trouvé que les deux partis politiques majeurs qui ont toujours dominé la vie politique de notre pays véhiculaient des idées dans lesquelles je me reconnaissais (économie chez l’un, modèle social et "sociétal" chez l’autre etc.) mais dont l’idéologie est parfois tellement incompatible qu’il faut faire son choix entre l’un des deux. Alors, en penchant pour l’un, je devais donc renier mes accointances avec l’autre.
Bien sûr, je parle en mon nom et je n’ai pas la prétention de représenter tout le monde. Cependant, j’ai l’impression qu’au PS (je parle du PS parce qu’entre ce parti et l’UMP, c’est quand même celui qui véhicule les idées les plus proches des miennes) il y a des personnes comme moi qui voient leurs idées refoulées à cause de l’idéologie du parti. Il y a pour moi dans ce parti deux courants qui se révèlent incompatibles :
Il y a ceux pour qui l’économie de marché est une évidence (et aussi un bienfait) qu’on ne peut remettre en cause et qu’il faut maîtriser pour assurer notre développement. Tu l’auras compris, c’est cette conviction que je partage. Il y a les autres pour qui il faut lutter contre l’économie de marché qui ne fait que précariser la population au profit des grands groupes industriels qui s’enrichissent sur le dos du peuple et qui va, à terme, provoquer des dégâts sociaux considérables. Je respecte cette opinion mais je ne la partage pas.
Comment faire vivre ensemble des personnes aussi opposées, qui prônent des valeurs incompatibles ? À mon sens, la proposition d’Henri Emmanuelli est plus que pertinente. Il faut scinder le parti socialiste en deux : ceux qui respectent à la lettre l’idéologie socialiste et ceux qui l’ont faite évoluer pour l’adapter à notre société moderne.
Cette querelle des « anciens et des modernes », des « orthodoxes et des réformateurs » ne date pas que d’aujourd’hui. Encore une fois, je ne suis pas un spécialiste de ces questions mais ç’a été un thème récurrent dans toute l’histoire du PS français mais aussi dans tous les partis travaillistes européens comme le SPD et le labour party. Ces derniers ont opté pour une modernisation de leur parti, plus en adéquation avec la société moderne alors qu’en France on s’est arc-bouté sur des valeurs, des dogmes.
Tu me reproches l’idée selon laquelle je préconise une réforme du PS pour qu’il survive mais pour moi s’il ne le fait pas, il va devenir à terme comme le PCF, c'est-à-dire un vestige de l’histoire. Comment expliquer les trois défaites d’affilée aux présidentielles du PS en comparaison aux trois victoires du Labour ainsi qu’à celles du SPD ? Ces partis ont intégré l’idée selon laquelle il faut s’adapter. Pas le PS.
Tout cela pour dire que je me distingue des militants d’extrême gauche avec qui tu me compares en disant que les valeurs prônées par un parti peuvent évoluer afin de le rendre plus efficace, plus moderne, donc plus susceptible de remporter les élections. Je critique tout enfermement dogmatique comme eux semblent le faire. La société et le monde sont changeants et c’est à nous de nous y adapter pour mieux les maîtriser.
Ensuite, tu me demandes si un parti a besoin d’un autre parti pour exister. Oui et non. Non parce qu’on peut toujours défendre ses idées seuls, envers et contre tous, comme le font les partis extrêmes. Par contre, pour exister pleinement sur l’échiquier politique, pour ne pas être une force marginalisée, il faut s’associer à d’autres forces et se positionner en conséquence. Jusqu’à maintenant, le PS s’est allié avec les partis d’extrême gauche et a donc défendu (en parti) ses valeurs qui étaient les plus proches des siennes. Aujourd’hui, le communisme sous toutes ses formes n’est plus (et je vais me répéter) adapté à notre monde actuel. Rien n’empêche ceux qui sont proches de ces valeurs de s’allier (et de fonder un parti progressiste de gauche pure et dure). Par contre, qu’on n’empêche pas à d’autres qui sont plus proches des centristes de le faire. J’en appelle à la scission du PS parce que j’estime que l’avenir de la politique de notre pays ne se résumera plus à une guerre PS UMP (gauche dure, droite dure) mais à un affrontement centre (gauche et droite modérée) contre UMP (droite dure et décomplexée
et qui fait mal au cul :mrgreen: ).
J’en viens donc à t’expliquer pourquoi j’estime que les propositions économiques du PS sont archaïques. Pour ce faire, je vais donc devoir te faire part de mes convictions.
Je suis un social libéral. Pour moi, la compétitivité génère de la richesse et plus on favorise ceux qui créent cette richesse, plus elle sera importante. C’est mon côté libéral. Par contre, ce raisonnement est incomplet voire dangereux si on ne le nuance pas. En effet, on peut alors créer plus de richesses mais ces dernières ne seront concentrées que dans les mains d’une minorité de grands patrons, groupes industriels et d’actionnaires. Selon moi, en favorisant les entreprises on les rend plus compétitives et elles génèrent plus de richesses donc il y a plus de richesses à partager. Ces richesses doivent être partagées plus équitablement avec les salariés qui permettent les profits. De plus, il est du devoir des plus aisés d’aider les personnes dans le besoin en participant à l’effort de solidarité en les obligeant à le faire s’il le faut.
Or, je trouve justement que le PS n’a pas défendu cette idée pendant la campagne et qu’il est resté dans des schémas d’un autre âge en voulant imposer plus les « riches » c'est-à-dire ceux qui touchent 4 000 €, en pénalisant les entreprises et ce, en les empêchant de se battre avec les mêmes armes que leurs concurrents étrangers etc. C’est ce que j’appelle le nivellement par le bas. Mon idéal n’est pas de partager les richesses en limitant la part de chacun. C’est plutôt de faire en sorte que chacun ait plus de richesses, le salarié comme le chef d’entreprise.
Autre point sur lequel je voudrais m’épancher, c’est le rôle que devrait jouer les idées dans un parti politique ou le parti politique avec les idées. Pour toi apparemment, il faut suivre le parti pour qu’il n’y ait pas de confusion. Je trouve ce raisonnement dangereux car je le trouve dogmatique et équivalent à celui de la religion. Il faut respecter les préceptes et ne jamais les remettre en cause car en commettant pareille hérésie, on met en danger son camp. C'est ce que j'appelle l'enfermement dogmatique.
À mon sens, les idées prévalent sur les partis et ce sont les partis qui véhiculent et défendent les idées. C’est pour moi la raison du parti. Pour moi ce ne sont pas les idées qui sont les outils des partis mais les partis qui sont les outils des idées.
Dernière chose, Jaurès et Blum sont deux grands hommes du XXème siècle et donc loin de moi l’idée de remettre en cause le combat qui les a animé de leur vivant et qui a permis de grandes avancées sociales dont nous jouissons aujourd'hui (laïcité, deux semaines de congés payées etc.). Cependant, il faut recontextualiser ce combat dans son époque. Il est difficile de comparer la première moitié du XX ème siècle avec notre siècle. « L’exploitation des prolétaires » était beaucoup plus flagrante qu’aujourd’hui et il fallait se battre contre cette injustice. On a réussi à la résorber en quelque sorte en rendant moins précaire et un peu plus supportable la vie des travailleurs grâce à l’élaboration par exemple d’un État providence. Cette avancée sociale étant acquise, Blum et Jaurès, s’ils avaient vécu à notre époque, auraient sans doute fait comme les autres : ils se seraient adaptés au monde dans lequel ils vivent.
Que je me fasse bien comprendre, c’est grâce à des hommes comme Blum et Jaurès que nous jouissons d’un cadre de vie ô combien plus agréable que nos aïeux du siècle dernier. Mais aujourd’hui, leur message n’a plus la même portée et le suivre aveuglément serait suicidaire car ce serait vivre hors de notre temps.
Si j’ai réussi à me faire comprendre, ce serait déjà très positif

. Je n’ai pas l’impression d’avoir été très clair dans la mesure où je ne suis pas vraiment rôdé à cet exercice. J’espère donc être pardonné du flou qui entoure peut-être mes propos et je tenterai de les affiner dans la mesure du possible. Cependant, j’ai exprimé mes opinions du mieux que je pouvais. Vous êtes donc censés me cerner après avoir lu ce « petit » texte.
