Fidel Cienaga, Ce texte est vraiment passionant, dans la mesure où l’anticapitalisme (doctrine du « non » par définition) devient une doctrine du oui, un concept positif et alternatif, une force de proposition et d’optimisme.
Tout d'abord, sur le manque de repères et de modèles "anticapitalistes" modernes.
Comment s'assumer anticapitaliste, en 2007, lorsque l'experience URSS fut un fiasco complet, et que la Chine ne se proclame communiste que pour justifier ses pratiques les plus barbares, dans une sorte de "Oui au goulag, mais oui aussi au capitalisme intégral"
Comment échapper à la stigmatisation « anticapitalisme = péril rouge » ?
Le talent de ce texte, et de son auteur, est d’être parvenu à distinguer les capitalismes, et à s’extraire du traditionnel clivage « extrême gauche / Marché », pour mieux comprendre et faire comprendre que derrière ces affrontements terre à terre, se cachent la finalité de toute l’humanité.
L’idée est combattre, pour les anticapitalistes est donc simple : Lutter contre toute déshumanisation du système, contre toute idée d’un marché tout puissant, dictant seul ses lois à grands coups d’offre et de demande.
Au lieu d’avoir honte du modèle Chinois, érigé à tort comme un modèle encore communiste, qui se libère petit à petit grâce au marché salutaire, soyez fiers de balancer à la face de ces capitalistes arrogants ce terrible modèle esclavagiste de capitalisme industriel, dans lequel l’homme (aux 2/12) dort dans des dormitories pour s’éviter la peine de rentrer chez lui.
D’ailleurs, pourquoi avoir un chez soi, lorsque l’entreprise vous offre, à vous et votre femme, deux dortoirs séparés (on n’allait quand même pas mélanger la racaille) ?
L’anticapitalisme, au regard de ces différents éléments doit effectivement revenir à la base.
Il ne peut et ne doit pas combattre le marché, mais son idée de toute puissance. Car son véritable ennemi est la dépossession du plus grand nombre, pour permettre l’accumulation de quelques uns.
Cet anticapitalisme s’est fourvoyé dans des causes perdues, voire de mauvaises causes.
L’antimondialisation primaire est une hérésie, la lutte contre la décentralisation également, au nom de la tradition républicaine jacobine, d’un Etat centralisé et généreux également.
L’anticapitalisme doit être là où le marché n’est pas, pour le « remettre dans le droit chemin » ou combler ses lacunes.
Car le marché, l’auteur en convient, n’est pas que ce système froid et lugubre, totalement pourri et gangréné par des actionnaires avides de profits.
Le capitalisme cognitif a donné de lui-même, les outils de liberté permettant de s’extraire d’un système coercitif du consumérisme radical et absolu, le tout-fric.
Sa contradiction est de chercher désormais à rattraper sa gaffe, sa bourde, à revenir en arrière, car son bijou technologique a clairement dépassé ses ambitions initiales.
C’est là qu’est tout l’enjeu pour l’anticapitalisme. Soutenir ces outils de liberté, développer l’éco développement, se servir du marché pour lutter contre certains aspects du marché.
L’anticapitalisme est selon moi une doctrine de liberté, qui ne saurait s’enfermer dans un dogme lugubre glissant dangereusement sur le populisme le plus primaire du « tous pourris, à mort les entreprises et leurs profits. »
Personnellement, et sans être d’extrême gauche comme chacun sait, j’attends sincèrement ce grand leader d’une gauche « alternative », qui saura nous expliquer autre chose, que dire NON à l’Europe, au nom de la grêve des postiers de Bègles Bordeaux.
Le marché est une grande idée contenant en son sein les objets de son dépassement.
J’apprécie à cet égard fortement le passage sur les politiques publiques, cinglant démenti à l’anticapitalisme primaire voulant faire du « Tout Etat de surface », san remédier à rien.
Ce qui fait finalement le plus grand mal, du moins en France, à l’anticapitalisme, ce sont ses représentants politiques autoproclamés.
La thèse de fond est brillante, mais les acteurs franchement mauvais, et ne comprenant rien aux véritables enjeux ou notions qui les dépassent.
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JPP REVIENS le 10 Oct 2007, 11:01, modifié 1 fois.