Modérateur: Modérateurs
Ainsi voici venu le règne de la transparence. La politique, qui m'a si souvent paru opaque, nous apporterait la clarté sur les institutions de la nation, voire les turpitudes de ses responsables. Au moins des autres... La commission parlementaire qui s'était érigée en enquêteur sur les conditions dans lesquelles avait été traité le dossier d'Outreau pouvait nous en convaincre. Il ne s'agissait, il est vrai, que de l'institution judiciaire et, nonobstant le principe qui interdit aux autres pouvoirs de s'immiscer dans les attributions de celle-là, l'Assemblée nationale avait cru pouvoir répondre aux inquiétudes qui s'étaient exprimées.
Spontanée ou provoquée, celle de l'Opinion publique, toujours prompte à prendre le mors aux dents, paraissait autoriser la dérive ; elle avait aussi un goût de dérivatif, car, pour une fois, les politiques n'étaient pas en cause... Farouchement hostile à cette intrusion, mais pour des raisons institutionnelles et d'autant plus que l'affaire était encore en cours, je ne pouvais cependant m'empêcher d'espérer qu'elle servirait à la Justice. Sachant d'expérience que le corps judiciaire est peu porté à l'autocritique, comme la plupart des corps sans doute, il me semblait que cette dissection dont on nous offrait le spectacle, souvent malsain, permettrait de débrider quelques plaies. On sait aujourd'hui que cet espoir était vain. Après tous ces cris, rien n'a vraiment changé. Ainsi, sans qu'on puisse être davantage assuré que la Justice n'en sera pas troublée, les magistrats à peine sortis de l'École nationale de la magistrature continuent d'être nommés juges d'instruction dans des tribunaux où ils sont seuls à exercer cette fonction. Petits résultats pour de grands moments de télévision !
Caricature
Quelques fantaisies fiscales d'un ministre du Budget nous valent une nouvelle édition. Il ne s'agit plus de peser sur l'appareil judiciaire, juste sur le chef de l'État. L'opposition parlementaire, jamais en retard d'une querelle quand il s'agit de l'affaiblir, y prend largement sa part. Le moment sans doute était-il opportun, après tant de déboires. L'amour de la démocratie conduit pourtant à souhaiter que, les élections passées, tous ne recherchent plus que le bien du pays, certes sans connivence, mais sans s'égarer non plus dans une systématisation qui accable si souvent le principe. Et la remarque vaut autant pour ceux qui approuvent que pour ceux qui dénigrent...
À cet égard la commission Cahuzac est sans surprise. Les questions posées, les commentaires, les postures souvent permettent d'identifier politiquement l'intervenant. Aucune question ne paraît neutre. Les réponses ne sont guère plus convaincantes et les débats autour de l'article 40 du code de procédure pénale n'ont pas manqué de saveur. Cette disposition législative oblige les autorités constituées à dénoncer au procureur de la République les faits susceptibles de le conduire à intervenir. Encore sa violation n'est-elle pas sanctionnée, ce qui réduit singulièrement son utilité. Belle partie de tennis pour un magistrat désoeuvré ! Les uns s'indignaient de ce que le président de la République n'ait pas alerté l'autorité judiciaire dès qu'il a su, les autres répondant que d'autres savaient et pouvaient donc y pourvoir ou soutenant, plus habilement, que le caractère pénal des faits n'était pas avéré. Fallait-il absolument infliger cette caricature à nos concitoyens ? Les questions d'actualité constituent un spectacle suffisamment édifiant pour ne pas y ajouter inutilement.
La conquête et l'exercice du pouvoir
Car le principal problème est bien là. Quelle est donc l'utilité d'un tel spectacle quand on voit bien que sa conclusion dépendra moins de la vérité que du rapport des forces en présence ? Aux naïfs il était pourtant permis de croire que cette enquête publique servirait à stigmatiser la fraude fiscale, au moins à rappeler à tous que l'élection ne met pas à l'abri des lois, mais constitue une contrainte supplémentaire à les respecter. Pardon... il m'arrive de rêver d'une République dépouillée de cette mythique échelle sociale qui ne sert qu'à mettre hors d'atteinte ceux qui en ont gravi les échelons supérieurs, leur donnant à croire qu'ils échappent au sort commun. S'agirait-il, alors, pour les députés, de stigmatiser le mensonge ; serait-il d'État ? On se prend encore à rêver, vite réveillé par des faits multiples, tenaces et persistants, nombre d'exemples qui témoignent du peu d'aversion de notre peuple pour ce qui paraît un mode de conquête puis d'exercice du pouvoir. En vérité nous ne sommes pas d'une nation qui, pour un tel motif, contraint un président à la démission. Si le procédé suscite notre admiration, parfois jusqu'à la tentation, l'action nous est étrangère. Il est même permis de croire que le mensonge, pourvu qu'il nous serve, n'est pas de nature à nous dissuader d'élire celui qui y recourt.
Il est donc vrai que l'objectif n'est que politique. La publicité des débats a manifestement pour vocation de dresser un pilori où clouer le président. Est-ce vraiment le moment quand tout craque autour de nous, que partout se multiplient les souffrances et qu'ici ou là, quelques-uns, dans la crainte d'élections à venir bientôt, attisent les haines, éternel ferment du pouvoir pour les peuples en détresse ? Certes la fin ne justifie pas les moyens, bien que nombreux soient ceux qui en paraissent persuadés. Il importe seulement de ne pas égarer la démocratie dans une transparence qui ne serait que celle des apparences. La France mérite mieux que des faux-semblants.
sillicate a écrit:Il ne faut pas voir là dedans une volonté de se faire du fric sur notre dos, mais juste l'absurdité du système administratif français : si on ne dépense pas le budget prévu, il sera moins élevé l'année suivante, donc on dépense sans réfléchir et sans compter.
De la nullité du débat politique de l'été
Editorial du Monde.
Sur deux des sujets les plus "chauds" de l'été, les violences de Trappes et l'affaire des gens du voyage, le débat politique a trop souvent relevé d'un seul adjectif : atterrant. Ce n'est pas dénué d'importance.
Passons, le plus vite possible, sur les mots de Gilles Bourdouleix. Lors de très vifs échanges avec des gens du voyage, le maire centriste de Cholet, douce commune de Maine-et-Loire, a marmonné : "Comme quoi Hitler n'en n'a peut-être pas tué assez." De 1940 à 1945, les nazis ont exterminé plusieurs centaines de milliers de Tziganes en Europe.
Rien, absolument rien, ne justifie pareil propos. Ils stigmatisent une communauté, non pour ce qu'elle fait, juste pour ce qu'elle est. Cela s'appelle du racisme. Cela ne doit pas non plus conduire à une forme de déni de la réalité. Français depuis le haut Moyen Age, les gens du voyage se donnent rendez-vous chaque été à l'occasion de grands pèlerinages évangéliques. Comme aucune aire communale n'est assez grande pour accueillir des centaines de caravanes, ils s'installent parfois en toute illégalité sur des terrains de sport ou des propriétés privées. Et rendent la vie impossible à nombre de municipalités.
A propos de Trappes, c'est le discours du chef de l'UMP, Jean-François Copé, qui stupéfie.
Les faits. L'interpellation par la police d'une femme qui ne respectait pas la loi sur le port du voile intégral débouche sur deux nuits de violences urbaines. Il y a là en concentré tous les éléments d'une situation trop fréquente dans certaines de nos banlieues depuis depuis un trop grand nombre d'années : islam et islamisme, relations tendues entre jeunes et policiers, réflexes communautaristes sur fond de situation économique et sociale dégradée...
A aucun moment, ni le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ni le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, ne manifestent le moindre angélisme : pas de négation de la gravité des faits, pas de contextualisation en forme de circonstances atténuantes. Mais, sur les radios, on entendra M. Copé tonner contre les "messages laxistes" du gouvernement, lesquels seraient, selon le président de l'UMP, responsables de la "montée de l'insécurité".
L'affirmation est fausse. L'insécurité était la même quand la droite était au pouvoir : faut-il rappeler les émeutes de 2005 ? Le propos de M. Copé est encore absurde et dangereux. La situation dans certaines banlieues – mélange de difficultés d'intégration politique et économique – est trop complexe pour relever d'une approche aussi sectaire et manichéenne, opposant droite et gauche sur un sujet où le bilan des deux grands partis de gouvernement est mitigé et partagé.
La petite musique que laisse entendre M. Copé, c'est l'insupportable recette rhétorique du "y'a qu'à" – "y'a qu'à" changer de majorité pour changer la situation dans les banlieues, n'est-ce pas ? Cela relève de l'irresponsabilité politique – l'effet de la chaleur, sans doute.
lemonde.fr
Fennec a écrit:Rennes c'est quand même le summum de la lose.
Je pense que l'univers se venge du fait que Pinault ait le droit de se taper Salma Hayek.
Travis Bickle a écrit:pour le taf qu'ils font , je trouve qu'ils sont très mal payés.
Utilisateurs parcourant ce forum : Bing [Bot] et 156 invités