"Dès son arrivée place Vendôme, Christine Taubira s'est montrée impitoyable. Avec des accents presque sarkozystes, elle s'est émue de la souffrance des victimes, et a promis de pourchasser leurs bourreaux, d'être dure avec le crime et les criminels.
Le crime : c'est le harcèlement sexuel et les criminels, ce sont les hommes. La harceleuse sexuelle est une espèce encore rare, et les plaintes d'hommes, plus encore. Mais interdit de rire, trêve de gaudriole (...) ce crime doit retrouver le chemin du code pénal, d'où le Conseil constitutionnel l'a sorti inconsidérément, et les harceleurs le chemin de la prison.
Mais Christine Taubira sait aussi redevenir douce et compatissante, compréhensives, une maman pour ses enfants. Ces pauvres enfants qui volent, trafiquent, torturent, menacent, rackettent, violentent, tuent aussi, parfois. Ils sont encore des adolescents, mais certains sont encore des chefs de gangs redoutés. D'autres sont encore des apprentis, mais ils apprennent vite. (...) C'est peut être en raison de ce rôle social que notre nouvelle ministre de gauche est pleine de sollicitude pour eux.
Elle se précipite dans une prison pour assister à un match de basket entre prisonniers et surveillants, un basketteur en profite d'ailleurs pour s'évader. Elle supprime le tribunal correctionnel pour adolescents multirécidivistes créé par le précédent gouvernement, les juges pour enfants pourront retrouver leurs ouailles.
Elle annonce aussi son intention d'abolir les peines planchers pour ces mêmes multirécidivistes, qui contraignaient, au nom d'une dure réalité pénale, certains de ces juges à sortir de la culture de l'excuse.
Mais la réalité, Christiane Taubira n'en a cure, elle applique un dogme. Ses évangiles sont la fameuse ordonnance de 1945 sur la délinquance des juvénile qui privilégie l'éducation. Pour Christine Taubira et son mentor, Pierre Joxe (...) avocat sur le tard, ces pauvres enfants sont les victimes d'une société qui les rejette par xénophobie et racisme.
En quelques jours, Christiane Taubira a choisi ses victimes, ses boureaux. Les femmes, les jeunes des banlieues, sont dans le bon camp à protéger. Les hommes blancs dans le mauvais. Après tout, les femmes votent majoritairement à gauche depuis 1981, et dans les banlieues, Hollande a obtenu des scores de dictateur africain. Mais en quelques jours, la ministre de la Justice (...) a donné une couleur angélique aux débuts de la gauche, qui la ramène là où elle ne voulait pas forcément revenir."