svinzinho,
Le peu d'indications qu'a donné N. Sarkozy sur la réforme des institutions doit cependant alerter les citoyens. En apparence, l'illusion d'un stabilité. Mais au delà des mots creux sur la présidence « responsable », le candidat a déclaré a plusieurs reprise vouloir réduire le rôle de premier ministre à celui de « fusible », au profit du Président. Aller dans ce sens, celui de la turbo-présidentialisation d'une Vème République déjà très déséquilibrée, c'est aller à rebours de toutes les démocraties européennes qui confient leurs destinées à des premiers ministres dont la principale caractéristique est d'être...justement responsable devant le parlement. Il y a, une fois de plus, une contradiction flagrante entre les intentions et les moyens employés. N. Sarkozy, lui, entend augmenter encore les pouvoirs du Président, y compris en lui permettant, de manière démagogique d'aller « s'expliquer devant le Parlement » : qui ne voit que sans contrepartie, cette proposition s'apparente à l'exacerbation du rapport de force et de la concurrence malsaine entre les pouvoirs législatif et exécutif, dont souffre depuis toujours notre constitution ?
De même, les récentes déclarations de ses plus fidèles soutiens sur l'instauration possible d'une dose de porportionnelle à l'Assemblée nationale doivent être examinées avec attention. Cette proposition n'aurait de sens qu'incluse dans une réflexion plus large sur le rôle du Parlement, comme cela a pu être constaté dans les différents programmes de la gauche et du centre. Mais réduire la question du rôle du Parlement à celle de la proportionnelle, c'est évidemment instrumentaliser cette question d'importance pour la réduire à un clin d'oeil aux électeurs du Front National.
Ce n'est pas le moins inquiétant des constats que de voir les rares incursions de N . Sarkozy dans le débat institutionnel réduites à du bricolage d'apprenti sorcier. Venant d'un candidat qui conclut ses meetings par « Vive la République, mais avant tout vive la France », cette inquiétude semble n'être pas infondée.
La France a besoin d'une rénovation profonde de ses institutions : renforcer le rôle du Parlement, lui donner toute sa part dans la politique étrangère, lui donner les moyens de contrôler l'action du pouvoir exécutif et l'application des lois, interdire le cumul des mandats, responsabiliser les élus à tous les échelons, explorer de nouvelles formes de démocratie participative. Ces réformes font l'objet d'un large consensus à l'exception... de M. Sarkozy.
Pour plus d'infos sur la fonction présidentielle, lire le texte de Thomas Heams, membre de la C6R Paris.
Les législatives, ça sert plus à rien. Surtout que le gagnant des élections a souvent un boulevard derrière.