peops a écrit:Ta position envers Sarko est quand même assez étrange de la part de quelqu'un ayant autant d'expérience. Tu me fais d'ailleurs penser à quelqu'un de mon entourage, très cultivé (mais PS
) qui joue aux cassandres avec Sarko alors que ce mec n'est qu'un démago qui ne fera pas le millième de ce qu'il promet. Le problème avec lui ama est justement l'immobilisme dans lequel il plongera la France. De là à y voir le fasciste du 21ème siècle, il y a un énorme pas.
Pas que je ne franchis pas... Je n'ai jamais écrit "Sarko = Le Pen", peut-être parce que, contrairement à d'autres, j'ai une vague idée de ce que recouvre cet intéressant symbole "=" (perfidie totalement gratuite inside
).
Ce que fera Sarkozy s'il est élu, je ne le sais pas. Cela dit, on franchit avec lui un pas de plus dans la négation de la politique. Mitterrand était bien entendu un opportuniste, et la ligne droite n'était pas sa figure géométrique de prédilection ; il avait toutefois quelques fidélités (peine de mort, abolition des censures, construction européenne) et il a appliqué, puis tenté d'appliquer, le programme sur lequel il avait été élu.
Chirac a été le recordman de la démagogie électorale. Il faut se souvenir de ses campagnes présidentielles. Il faut lire aussi ce qu'en ont dit les médias à l'étranger, sur sa versatilité, son inconstance, la maigreur de son bilan dans tous les domaines.
Au plan de la réduction de la politique à la communication, Sarkozy représente un pas supplémentaire, donc un pas vers le néant politique et la perversion de l'idée démocratique. A tort ou à raison, je pense qu'il n'a pas le minimum de retenue de Chirac, et qu'il pourrait tout à fait créer son ministère sur l'immigration et l'identité nationale. Note bien que ça n'en fait pas à mes yeux un Pierre Laval en puissance. Ca en fait en revanche un gars dangereux car un tel ministère ne pourra que renforcer les tensions et les incompréhensions.
Sarkozy, au delà de la démagogie de son discours et de son comportement, a quelques idées, qu'il peut ne pas appliquer, mais qu'il essaiera d'appliquer malgré tout. Sur le plan économique, il rejoint les plus libéraux - moins d'Etat, moins d'impôts, moins de sécurité, moins de prestations sociales. Je le crois tout à fait capable de mettre à mal la sécurité sociale en développant un système de fonds de pension favorisant les plus riches. Je le crois capable de privatiser partiellement l'Education Nationale, ou d'avancer dans cette direction. Je pense que Sarkozy au pouvoir, ce sont plus de pauvres, et plus pauvres, et des riches plus riches.
Sarkozy est atlantiste et communautariste. Son modèle de société n'est pas le modèle français, mais le modèle américain. Le modèle français a plein de défauts et les Etats-Unis ne sont pas un repoussoir. Néammoins, je suis viscéralement attaché au modèle d'acculturation français et l'individualisme à l'américaine n'est pas ma tasse de thé.
Pour résumer, Sarkozy, c'est, dans la forme, ce qu'il y a de pire, et, sur le fond, un danger pour ce que je me représente comme des valeurs fondamentales.
"La société de surconsommation, fruit d'un capitalisme dérégulé, relève d'une logique compulsionnelle dénuée de réflexion, qui croit que le maximum est l'optimum et l'addiction, la plénitude." Cynthia Fleury