sur l'égalité des temps de paroles et traitements des différents candidats:
Egalité des temps de parole ? Sans doute... Mais, comme le relèvent Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts dans Libération du 29 mars, les chaînes tout-info en prennent à leur aise. Titre et sous titre de l’article en résument fort bien le propos : « Petits candidats de la nuit. Entre 3 et 4 heures du matin, les chaînes infos assurent les quotas. ». Et de prendre les exemples, tirés de LCI et de i-Télé, de comptes-rendus des meetings d’Arlette Laguiller, Olivier Besancenot et José Bové.
Certes, il n’est pas indispensable de souffrir d’insomnie pour entendre les « petits » candidats.
Ainsi quand Pascale Clark reçoit Gérard Schivardi le 23 mars 2007, toute ironie dehors, elle affecte de l’encourager : « On a une ½ heure devant nous, il va falloir assurer, Gérard Schivardi. Pour une fois que vous avez la parole. J’ai du mal à dire votre nom, je vais le refaire : Schivardi ! C’est pourtant pas compliqué : Schi - var - di ! Ouais, je vous disais, il va falloir assurer, hein ! » « Il va falloir assurer ! » Tout est dit. Pas habitué des plateaux, et encore moins de ce genre d’exercice qui consiste à parler de tout sauf de politique, Schivardi a dû « assurer » pour répondre à tout un flot de questions et de remarques qui se voulaient sans doute incisives et impertinentes. Echantillon non exhaustif : « Il y a un cassoulet. (...) Première info, Gérard Schivardi, vous mangez du cassoulet. C’est une nourriture qui tient au corps. » « Vous avez été rasta dans une autre vie ? » « Vous tenez bien l’alcool ? » « Vous n’avez peur de rien ? » « Vous jouez quel poste (au rugby) ? » « Je suis sûre que vous connaissez des chansons italiennes, c’est pas possible autrement. » « Il va falloir chanter un petit peu. » « Vous avez combien d’enfants ? » « C’est quoi vous votre injure préférée ? » « Est-ce que vous vous êtes déjà battu ? » Etc. Désopilant...
Et que dire du parisianisme huppé, méprisant pour la « France rurale » qui transparaît dans ces propos de Pascale Clark : « Il paraît que les habitants de votre village sont appelés « les courges » » ou encore « Si vous êtes élu, le cassoulet devient obligatoire ? » ?
Quand Frédéric Nihous est invité dans « Le 7-9h30 » de France Inter le 21 mars 2007, il est présenté ainsi par Guy Carlier, chroniqueur épais et dur avec les faibles : « Notre invité du jour n’est autre que le candidat de Chasse, pêche et traditions (sic), massacre de faisans d’élevage et chansons de cul à la fin de banquet alcoolisé. » Quand on vous disait que Pascale Clark était nuancée...
C’est donc transpirant de mépris que le très affûté Guy Carlier présente Frédéric Nihous : « J’espère, Nicolas [Demorand], [...] que vous saurez interroger M. Nihous sur les sujets qu’il affectionne, les équilibres mondiaux, les nouveaux acteurs économiques, la montée des intégrismes, le Darfour... Non non je me moque pas, Frédéric Nihous est parfaitement capable de répondre sur le Darfour. Le truc c’est trouver l’angle de la question. Par exemple, Nicolas, si vous l’interrogez là-dessus, faut lui demander : « Dites donc M. Nihous, que pensez-vous du fait qu’au Darfour la chasse au soudanais soit désormais ouverte toute l’année ? », là il vous répondra. » Puis l’ancien comparse de Marc-Olivier Fogiel [3] renchérit : « Non, sérieusement, ce qui va se passer ce matin sur Inter est d’une importance capitale pour la campagne. Frédéric Nihous va enfin parler, et je sais que dans tous les états-majors des autres candidats on attend fébrilement ses prises de position. L’événement est d’importance et on le mesure au nombre de caméras dans le studio, toute la presse est là, et je vois que même l’envoyé spécial de gibier d’eau magazine s’est déplacé. » En substance : quand les médias sont absents, il n’y a pas d’événement. Il est normal que Guy Carlier suive le tourbillon médiatique puisqu’il est un pur produit des médias : teigneux comme une hyène avec les petits, adepte du dos-rond devant les puissants. Maniant l’arrogance avec beaucoup d’aisance, il termine sa glose ainsi : « Il y a actuellement 49% d’électeurs indécis ; le chiffre est énorme mais il est logique quand on sait qu’on n’avait pas entendu Frédéric Nihous. »
l'article complet:
http://www.acrimed.org/article2589.html
"C’est un jeu qui n’a pas de vérité, qui n’a pas de loi, qui n’a rien. Et on essaie de l’expliquer. Mais personne n’arrive à l’expliquer. C’est pour ça qu’on peut toujours parler de football." Platini